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Voyages à Bolgobol

EN REVENANT À BOLGOBOL

Jean-Pierre Depetris

© 2004

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Cahier VII
Bref passage à Tangaar

 

 

 

 

Le 20 mai

Coucher de soleil sur la route

Depuis longtemps, je n'avais plus vu de coucher de soleil sur la mer. La région est relativement plate autour de la mer d'Argod, surtout à l'ouest, sur l'autre rive invisible d'ici. Là-bas sont d'immenses marécages où la limite entre la terre et l'eau est imprécise, puis qui cèdent rapidement la place au désert. Aussi la mer d'Argod, semble plus vaste qu'elle n'est. On ne voit, au nord que les lointaines cimes blanches de la péninsule du Darmir.

Dans l'air sec, très vite, à peine le soleil devenu une goutte de sang qui s'écrase sur l'horizon, la lumière se perd. On voit alors, juste au dessus de lui, le fin croissant de la nouvelle lune. Depuis un temps si long qu'on peut l'appeler toujours, de tels spectacles rythment le quotidien, depuis bien avant l'homme. Aussi, je me demande pourquoi il fallut si longtemps pour voir la terre tourner autour du soleil.

Je dis bien « voir ». C'est visible au point qu'il me faut un réel effort d'imagination pour m'efforcer de « voir » autrement. Si des hommes ont cru la terre immobile, ce n'est pourtant pas faute d'avoir observé, calculé et cherché à comprendre. Les Indiens et les Chinois avaient déjà calculé le mouvement de la terre, pourquoi les savants arabes, turcs et mongols, ne l'admettaient-ils pas ?


« C'est un peu plus complexe » me répond Douha sans tourner la tête, car elle tient le volant à côté de Manzi. « Les astronomes de langue arabe connaissaient cette hypothèse. Beaucoup l'ont étudiée sans la réfuter ni l'admettre non plus. Ils la jugeaient indécidable. »

« Indécidable, c'est vite dit, lancé-je, quand tu songes à la difficulté de modéliser le mouvement des planètes en prenant la terre comme un point fixe. »

« Oui et non, fait-elle. La représentation sur le papier est peut-être plus complexe, mais songe à ce que serait un astrolabe héliocentrique, et quelle serait son utilité. Tu ne peux pas dissocier la connaissance de son usage pratique. »


« Les astronomes étaient d'ailleurs très prudents sur le rapport entre leur modèle et la réalité. » Reprend Manzi. « Dans son Livre sur tous les procédés de la réalisation de l'astrolabe, Al Bîrûnî montre que les observations et les mesures qui servent à prouver le géocentrisme peuvent aussi bien justifier le contraire. Ils n'analysent que des mouvements réciproques, et ne permettent pas de définir ce qui pourrait faire fonction de point fixe. »

« Al Bîrûnî, précise Douha, avait même calculé la vitesse de rotation de la terre, si c'était elle qui tournait. C'est ce qui le fit justement trancher finalement pour le géocentrisme. Il n'avait aucun moyen d'expliquer comment les oiseaux, avec une telle vitesse, pouvaient voler indifféremment dans toutes les directions. »


« Évidemment, songé-je, sans une formule de l'accélération qui suppose conservation de l'énergie, et tant qu'on en restait aux paradigmes de la physique d'Aristote, c'était inconcevable. »

« Pourtant, continué-je, n'importe quel archer tirant à cheval fait l'expérience que sa flèche conserve l'énergie. Il fait cette expérience, ou il rate sa cible. Plus simplement encore, il suffit de lancer sa monture au galop pour ressentir une forte poussée en arrière, et la voir cesser presque immédiatement alors que la vitesse se conserve et même continue de s'accroître. »

« En somme, n'importe quel bon cavalier peut arrêter sa monture pour regarder la terre tourner au coucher du soleil, sans plus d'analyse ni de calcul. » 

« Il semble donc, conclut Ziddhâ, que les intellectuels musulmans, juifs et chrétiens étaient de piètres cavaliers, et de médiocres archers. L'histoire des guerres entre les empires d'Occident et d'Extrême Orient en confirme l'hypothèse. »

Le soleil est passé sous l'horizon. Pendant un instant, les vieux murs sableux d'un village tout proche ont pris un éclat rouge qu'aucune photo tirée sur du papier ne pourrait rendre, seulement peut-être l'écran d'un ordinateur, dont la lumière vient du dedans.


« Ne vous y trompez pas, reprend Manzi, les savants de langue arabe n'en étaient pas restés à la physique d'Aristote. Elle fut critiquée et améliorée bien avant l'Égire et la généralisation de l'arabe comme langue scientifique. Des auteurs grecs et syriaques en avaient déjà bien mis à mal certaines prémisses. »

« Naturellement, admet Douha, on reste dans les paradigmes de l'aristotélisme : mouvement naturel, contrainte, lieu naturel. Un mobile adopte un mouvement contraint, et si la contrainte cesse, l'objet reprend son mouvement naturel. Cette conception a cependant été pondérée par Jean Philipon au sixième siècle à Alexandrie, qui suppose une transmission de la force d'un corps à un autre. C'est le concept de kuwwa. »

« Kuwwa ne veut pas dire force, relevé-je, mais puissance, potentialité, et même virtualité quand les philosophes l'opposent à l'acte, af fi'l. »


« C'est bien le problème, reprend Manzi. Les physiciens arabes ont mêlé en un seul les concepts de force et de puissance. Malgré leur souci philologique, la morphologie de l'arabe a entraîné leurs traductions dans des jeux de langage qui ont limité leur analyse. Pour autant, al kuwwa n'est pas la traduction de l'impetus scolastique. »

« Toute science, et cela Avicenne et Al Farabi le savaient très bien, reprend-il, repose largement sur celle du langage. La mathématique elle-même en est une, et elle suppose pour propédeutique, une science de la langue ordinaire. Ils le savaient si bien que tous leurs ouvrages commencent par là. »


Nous arrivons à Tangaar dans un bleu de Prusse qui se répand uniformément sur la mer, la terre, le ciel et les installations portuaires.

« Chut. Écoutez. » Dis-je à mes amis.

Dans l'habitacle, on n'entend plus que le bruit du moteur et des roues sur l'asphalte. L'humidité de la mer, dont nous sépare seulement une large bande de gravier et une plage caillouteuse, à la fois porte et étouffe les sons.

« Écoutez quoi ? » Demande Ziddhâ.

« Ce bleu. »

La nébulosité lointaine a commencé à se changer en brume. Les lampes des chantiers s'allument peu à peu avec les premières étoiles. Nous continuons encore à nous taire.


Le 21 mai

Jésus et la chimie

Pourquoi la tradition associe-t-elle Jésus à la chimie ? Cette question continue à me tourner en tête. Ils sont indissociables pour les Chrétiens, qui de toute façon associent leur messie à toute chose, ils le sont aussi pour les Musulmans, et même pour les alchimistes juifs. L'épisode de l'oiseau d'argile dans le Coran me semble insuffisant pour l'expliquer.

Je soupçonnerais plutôt que l'alchimie et le Christianisme soient apparus à la même époque dans la même région : le cœur du monde hellénistique, alors sous domination romaine. Marie était une contemporaine du Christ, non pas sa mère, ni celle qui vint vivre en pleine forêt dans la Baume qui domine Marseille, Marie la juive, la chymiste, celle qui donna son nom au bain-marie.


Le mot chimie est réputé venir de l'arabe (Kam : combien, adverbe de quantité), ou d'une langue voisine. Il désignait une science des proportions et des mesures. Zozime d'Alexandrie compte parmi les premiers qui l'ont pratiquée. Des auteurs la font souvent remonter à Aristote et à son traité De la Génération et de la corruption, ou encore au Traité de l'âme.

Traduit du syriaque au grec, puis en latin, le mot s'écrivait naturellement chymia, et se prononçait Kimia, comme dans chitine ou psychiatre. On conserva le plus souvent l'article arabe, comme il était coutume (alambic, alcool, alcalin, albâtre, albumine...) On écrivait en français « alchymie », puis « alchimie » alors que la prononciation changeait. Le 'y' ne disparut que très tard dans les langues vernaculaires, et ne se généralisa pas avant la fin du dix-huitième siècle en France.


Dans l'Évangile de Philippe, les paroles de Jésus sont prolixes en paraboles sur la préparation des teintures et des parfums, qui rappellent les écrits de Zozime. La teinture des tissus et de différents matériaux était alors une grande affaire sur les rives de la Méditerranée orientale, où elle était mondialement renommée. Selon les époques et les régions, la chimie concerna plus particulièrement la pharmacie, comme au Tibet et dans la Chine des Tang, la fabrication de pierres précieuses, les alliages métalliques.

La chimie mit très longtemps à trouver sa place dans les sciences modernes, qui étaient d'abord les filles de la mécanique. La géométrie unifiait autour d'elle l'astronomie, l'optique, la dynamique, la balistique... Allez formaliser un modèle géométrique de la chimie.


« Tout ce que tu dis là, Jean-Pierre, m'a interrogé Ziddhâ, ne tient pas compte de la dimension spirituelle de l'alchimie. »

Quelle dimension spirituelle ? Je n'en vois ni plus ni moins que chez les fondateurs de la physique et des sciences modernes. Les ouvrages de Newton, de Leibniz, de Pascal, sont-ils vraiment dépourvus de considérations spirituelles ? Elles ne sont pas moins inextricablement liées à leurs recherches que dans les anciens traités de chymie. Comment le contraire serait-il seulement concevable ? Comment une science moderne se constituerait-elle sans éprouver les prémisses d'une spiritualité ?

Je suppose qu'il s'est passé, il y a deux mille ans, quelque chose de très semblable à la révolution galiléenne.


Le musée de l'écriture de Tangaar

Le musée de l'écriture de Tangaar est une très vieille fabrique de papier qui fonctionne encore partiellement. Elle est l'une des plus anciennes qui ait existé hors de l'empire chinois. Elle fut construite vers 750 après J-C. On peut y observer la structure très singulière des roues et des engrenages des moulins chinois, différente, par la forme des pales ou des dents, de celle des fabriques que commencèrent à construire presque à la même époque les Persans et les Arabes.


La fabrique fonctionne encore et produit les types de papier qui furent utilisés à différentes époques. Le personnel est pour l'essentiel constitué d'élèves et d'étudiants stagiaires. Les ramettes sont vendues aux visiteurs, ou sont exportées dans les différentes écoles d'art et de calligraphie des environs.

Les papiers fabriqués selon les plus anciennes techniques sont lourds, épais, souples, et presque indéchirables. Ils étaient très souvent employés pour la décalcomanie par frottage sur des supports de pierre ou de bois.

Des techniques plus récentes ont produit plus tard des feuilles extrêmement fines et légères. La généralisation des pigeons voyageurs dès le dixième siècle encourageait cette évolution. Elle était déjà sensible avant. L'un des principaux avantages du papier sur le papyrus est son plus faible poids.

On dit que les écrits restent. Ils volent au contraire, et ne demandent qu'à se disperser le plus loin possible. Ces mêmes raisons firent aussi disparaître peu à peu le pinceau au profit du calame de roseau qui permet une écriture plus serrée. L'encre était fabriquée à l'aide de fines particules de carbone et de sulfate de fer liées par du blanc d'œuf pour la rendre indélébile.


Le stylo à pompe de Tangaar

En 1287, Ibn Af Firsî inventa un calame à pompe. Plusieurs exemplaires sont exposés dans des vitrines. Ils ont la forme générale d'un calame de bambou. Ils sont en métal, presque toujours en or, du moins pour ce qui est de la section et de la plume. Parfois le corps est simplement en roseau. On trouve aussi d'autres matériaux : ébonite rehaussé de mailles d'argent, pierres précieuses serties dans un guillochage d'or.

J'ai appris que le premier stylo à cartouche fut fabriqué dans les années 970 par le calife fatimide Al Mucizz. Le premier modèle fut perfectionné à plusieurs reprises, puis on n'en entendit plus parler. Peut-être l'objet demeurait trop cher — il était en or massif — comparé à un simple bout de roseau qu'on peut trouver partout, choisir et tailler à sa main.

Peut-être aussi, le gain de temps si cher au calife pour s'épargner le geste perpétuel de tremper le calame, était-il trop cher payé du plaisir de tailler sa pointe.


Demain nous prendrons la mer

Ziddhâ et moi n'avons rien de particulier à faire à Tangaar. Le hasard a croisé ma route avec celle d'un pêcheur arrivé dans son voilier de Gourdâl, un port sur la rive opposée à la péninsule du Darmir, et que ses affaires appellent à rentrer par la route. Il est prêt à payer pour que son embarcation soit ramenée chez lui. L'idée me vient que nous pourrions partir tous les deux, Ziddhâ et moi, et laisser ici nos amis à leur congrès.

Je n'ai pas envie de recevoir de l'argent de cet homme qui fait pourtant un point d'honneur à me payer. Je lui propose alors, avec cette somme qu'il veut me donner, de négocier pour moi un fusil à harpon, un masque et un tuba. Je les lui offrirai en repartant. Il pourra s'en servir ou les revendre. Puisque j'accepte son salaire, il n'a plus de raison de refuser un cadeau.

— Tu es sûr de savoir manœuvrer ce voilier ? S'inquiète Ziddhâ.

— Toutes les voiles fonctionnent selon le même principe.

— La mer n'est pas seulement une étendue plane, Jean-Pierre, elle a des rivages, des récifs, et d'autres embarcations la sillonnent. Es-tu certain de nous amener à bon port ?

— Si Dieu le veut, Ziddhâ.


Le 22 mai

En felouque

L'embarcation est un petit voilier de bois, de type felouque, bien moins réactif que ceux de plaisance où j'ai appris, il y a bien longtemps, à manœuvrer. Nous avons dû remonter au vent, et il n'était pas facile de le serrer pour louvoyer dans le chenal parsemé d'îles qui sépare les deux premières parties de la mer.

Le gréement est déroutant sur ces felouques quand on n'y est pas habitué. La voile triangulaire est montée sur une vergue attachée au mat. J'en ai été perturbé avant d'en découvrir les avantages. Le plus dur fut encore de sortir du port, non sans suées, sous le regard inquiet de Ziddhâ. J'en ai encore connues ce soir pour mouiller devant une petite plage de sable fin sans toucher le fond. Mais Dieu est clément et miséricordieux, et je n'ai pas non plus échoué à transpercer de mon harpon un poisson inconnu qui nous a régalé. Maintenant, je pense parvenir à entrer au port et à accoster sans dommage.

La felouque dispose d'une installation électrique à la fois sophistiquée et simple. Pas de générateur ni de batterie : une petite girouette en haut du mat alimente une dynamo qui fournit l'alimentation principale. Elle est assistée par une turbine sous la coque, à la proue, que je n'ai aperçue qu'en plongeant, protégée par une petite cage métallique. J'ai donc pu utiliser mon ordinateur, notamment pour me diriger.

De la plage où nous avons fait du feu, on aperçoit sur l'autre rive le massif du Darmir assez proche. Quand nous en naviguions plus près, on n'y distinguait aucune agglomération ni rien qui ressemble à des installations industrielles ou à des terres cultivées, et, la nuit tombée, aucune lumière ne s'éclaire. À l'aube, derrière les premiers massifs couverts de forêts, on voit les lointaines cimes rocheuses que dore la lumière. La masse de leur reflet sur la mer que le vent strie, est étrangement sombre.


La peinture à la souris

Comme je n'ai pas d'appareil photo, j'ai tenté de reproduire le paysage avec un logiciel d'image de synthèse. J'ai téléchargé la carte de la région de Tangaar que j'avais d'abord utilisée pour naviguer. À Tangaar, le Bureau de Cartographie permet de télécharger en source libre des cartes topographiques en deux formats : Digital Elevation Model (DEM) et Spatial Data Transfer Standard. Mon logiciel peut lire les deux.

J'aurais pu directement la modéliser en trois dimensions si j'avais fait le choix d'une vue aérienne. Pour un panorama à partir du sol, la perspective était trop lointaine, et j'ai dû tricher. J'ai écrasé longitudinalement les massifs rocheux du fond. J'ai placé devant eux des pentes boisées, et une côte plus escarpée au sud-est.

Avec méthode, j'ai réussi assez rapidement. Le plus dur fut d'aligner le plan d'eau et les différents massifs. Ce n'est pas très évident quand on utilise une vue en "fils de fer". Si la base des montagnes lointaines n'était pas cachée par le premier plan, on les verrait flotter très au-dessus du sol.

J'ai trouvé presque sans m'y reprendre la bonne orientation du jour, le ton doré de la lumière, la luminosité de l'eau, la nébulosité, la densité des ombres... La vue finale restait un peu pâlotte. Je l'ai parfaite avec un traitement d'image.

À ma grande surprise, tout cela ne m'a guère pris plus d'une heure. Je doute d'ailleurs que j'y sois parvenu en beaucoup plus de temps. Le geste juste ne tolère ni le tâtonnement ni l'hésitation.


Depuis l'an dernier que je me suis familiarisé avec l'image de synthèse, je me rends compte que la différence avec le dessin à vue est minime, du moins une fois la technique assimilée.

C'est le fruit d'un long travail que de parvenir à ramener le monde réel que l'on a sous les yeux à des surfaces de couleurs. Si nous en sommes capables, les techniques particulières qui consistent à peindre à main levée, à tracer des lignes de fuite, où à dessiner des lignes en trois dimensions à l'aide d'un logiciel, ne constituent pas des activités cognitives de natures bien différentes.

Certes, on pourrait bien dire que le processeur fait ici le travail à la place du peintre. À ce compte, on pourrait aussi bien dire que ses organes sensoriels font ce même travail pour lui. Pourtant, le processeur pas plus que nos organes ne font grand chose, ne font du moins l'essentiel. Dans tous les cas, l'essentiel est notre capacité de « voyance ».


Le programme, le processeur font le travail que leur commande celui qui voit. Ils font aussi bien le patient et machinal travail de la main quand le rendu passe lentement de taches floues aux pixels apparents, à une image lissée. Qu'est-ce que cela prouve, sinon que ce travail n'était pas si essentiel ? La part d'automatisme, d'application de règles ou le jeu du hasard n'y est pas profondément différente.

J'observe que mes images de synthèse ont un air de famille avec ce que je pourrais faire avec de l'huile et des pinceaux. Je m'en rends compte dans leurs faiblesses qu'elles ne m'aident finalement pas tant à dépasser.

C'est très visible dans une autre image faite à partir de mes souvenirs du trajet vers la mer d'Argod. Je ne suis pas arrivé à distinguer nettement les arbres de la roche au premier plan. Malgré le rendu numérique, la vue reste confuse. Curieusement, l'image en acquiert une facture manuelle. Ce n'est pas le cas de la dernière, comme on peut s'en rendre compte (http://jdepetris.free.fr/Livres/retour/images/3d.html).

 

 

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