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Jean-Pierre Depétris

 

De l'invariable
et du mouvant


 
MARSEILLE

MCMLXXXVIII

 

Chapitre deuxième
Des éléments




BELE dit, Vous avez bien confeillé les difciples; mais je vous dis que Dieu a créé tout le monde de quatre elemens, & le Soleil en eft le maiftre & feigneur, mais l'on n'en void que deux tant feulement, c'eft la terre & l'eau. Et il y a un air enfermé dedans l'eau, & un autre dedans la terre, & l'air eft tiré du feu qui tient le terre dedans l'air, & la terre tient l'eau & le feu deffus l'air; la terre & le feu, font amis; l'air & l'eau, amis; le feu eft amy à l'eau par l'air, & l'air eft amy à la terre par l'eau; & l'eau tient l'air deffus & deffous, & la terre tient l'air, & l'air auffi tient la terre. Le feu eft tenu en la terre, & l'air l'ouvre & l'enferme en l'eau: & l'eau l'ouvre par l'air & le met en l'air, qui eft enfermé en la terre, par le feu qui y eft auffi enfermé. L'air ouvre, & le feu ferme l'eau en l'air, & l'air ouvre le feu en la terre. Celuy-là eft beny qui entent mes paroles; car jamais homme ne parla plus clairement. Ce font les paroles de noftre maiftre Pythagoras.

LA TOURBE DES PHILOSOPHES ou l'assemblée des disciples de PYTAGORAS, appelée LE CODE DE VÉRITÉ.








VI

De ce que la pensée est à la fois simple et corrosive.







On a coutume de numéroter les éléments dans l'ordre croissant de leur complexité.

Le chiffre du feu est le « Un », ainsi que de tout ce qui relève de la pensée et de la destruction. Le chiffre de l'air est le « Deux », ainsi que de ce qui relève du désir et de la volition.

Celui de l'eau est « Trois », qui est aussi celui de tout ce qui se reproduit ou se transmet. Et « Quatre » est le chiffre de la terre, comme de toute effectivité.





VII

De la vie en puissance  et de la vie effective.







Le feu et l'air donnent Trois, c'est à dire la vie dans sa potentialité.

Le feu et l'eau donnent Quatre.

Le chiffre du feu et de la terre, comme celui de l'air et de l'eau est Cinq, dont nous parlerons plus avant.

Six est le nombre de l'air et de la terre. Il est celui de la génération et du désir, car il est aussi le double de trois.

Quant à l'eau et la terre, ils donnent Sept, qui est la vie dans son effectivité.





VIII

De la différence entre les sommes et les produits







Si, après les sommes, tu effectues maintenant les produits, tu obtiens successivement: deux, trois, quatre, six, huit et douze.

Tu connais déjà les quatre premiers chiffres. Si tu soustrait successivement ces produits des sommes qui leur correspondent, c'est à dire : deux et un moins deux fois un, trois et un moins trois fois un, trois fois deux moins trois et deux, quatre et un moins quatre fois un; tu obtiens toujours un. 

Car leur différence est seulement une différence dans la pensée.





IX

Des sept ciels mobiles et des demeures fixes.




Entre six et huit, qui sont la germination et l'anéantissement, la différence est de deux, c'est à dire l'attraction copulatoire.

Quant à douze et sept, dont nous reparlerons de la différence plus avant, ils sont proprement les chiffres de l'Invariable et du Mouvant.





X

Du mouvement naturel des éléments.




Tu sais que la terre est plus lourde que l'eau ; aussi la terre descend-elle au fond de l'eau, et l'eau flotte-t-elle à sa surface.


De même, le feu est plus léger que l'air. C'est pourquoi tu vois la flamme s'élever pour rejoindre la région qui est conforme à sa nature.





XI

De ce que le mouvant enveloppe l'immuable.







Le cosmos est semblable à un creuset de terre au fond duquel gît une nappe d'eau, et que de tous côtés un feu réchauffe.

De cela tu dois retenir que le mouvant enveloppe l'immuable.

L'air et la terre ne peuvent s'unir, non plus que l'eau et le feu.

Cependant le feu s'unit aisément à l'air, de même que l'air s'unit à l'eau, et l'eau à la terre. Ainsi restent-ils tous les quatre liés ensemble.





XII

Des mariages chymiques.




Le feu, qui est mâle, féconde l'air de sa lumière et de sa chaleur.

L'air qui est femelle est également fécondé par l'humidité de l'eau.


Tu apprendras plus loin comment l'eau qui est mâle féconde la terre.





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