X PORTABILITÉ ET CONSISTANCE
Les outils pour une parfaite portabilité sont encore à concevoir.
La conception des outils oscille en ce moment entre deux philosophies opposées : dun côté, des programmes qui font une seule chose et le font bien, et qui sont conçus pour fonctionner ensemble ; de lautre, des intégrés, des logiciels qui sont censés tout faire. Ces conceptions contradictoires reposent sur une même nécessité de disposer dun certain nombre de fonctions, quelles soient assurées par une collection de programmes distincts, ou par un seul disposant de nombreux modules.
Quelles sont ces fonctions ?
Traitement de texte : un outil pour écrire, enrichir, mettre en page et éventuellement illustrer un texte en vue de sa copie immédiate.
Éditeur de texte : un outil permettant de manipuler du texte brut et éventuellement du code.
Éditeur html : un outil permettant de convertir simplement un document en html.
Un traitement dimages bitmaps.
Un traitement dimages vectorielles.
Un convertisseur de texte permettant de passer dun traitement de texte à un autre.
Un correcteur orthographique et grammatical.
Un logiciel de mise en page pour composer des documents complexes.
Un éditeur déquations.
Éventuellement, un tableur.
Un outil de conversion en pdf, éventuellement en eps.
Un outil de prononciation du texte, si possible en plusieurs langues.
Un outil de courrier.
Etc.
Sous la forme dune usine à gaz ou sous celle dune boîte à outils, qui dispose de tout cela ?
Les enjeux du choix
Quels sont les avantages et les inconvénients dune suite intégrée ou dune collection de programmes ?
- De petits logiciels spécifiques sont plus faciles à prendre en main, consomment moins de mémoire vive, sont plus stables et plus rapides. On a aussi la possibilité de lancer seulement ceux dont on a besoin.
Lavantage de la suite intégrée est quune fois lancée, elle ne fragmentera plus la mémoire.
- Des logiciels spécifiques permettent de choisir ceux qui me conviennent le mieux pour chaque tâche, et doptimiser ainsi ma trousse à outils. Un tel choix peut se révéler difficile et long pour un néophyte, qui peut alors préférer un seul outil pour de multiples fonctions.
- Il est plus facile de prendre en main plusieurs programmes simples quun seul complexe, dont on naura sans doute jamais à exploiter toutes les possibilités.
- Plus important encore : un ensemble de logiciels permet de vérifier et de mesurer à chaque instant la portabilité de son travail. Au contraire, un logiciel intégré génère des documents difficilement compatibles avec dautres programmes.
- Enfin, des logiciels spécifiques sont généralement bon-marchés ou gratuits et facilement personnalisables. À linverse, les défauts de portabilité des intégrés, comme leur opacité, sont exploités à des fins de domination commerciale, prenant lutilisateur comme otage de son outil.
Microsoft et la question du langage privé.
Microsoft propose une gamme de logiciels qui fonctionnent très bien ensemble : Word, Excel, Powerpoint et Outlook ou Entourage, qui constituent la suite Office, et Explorer qui est le plus célèbre navigateur installé par défaut sur toutes les machines. Tout cela est si bien conçu pour fonctionner ensemble, que celui qui dispose de ces outils finit par identifier Microsoft et informatique. La documentation Microsoft dailleurs enfonce le clou en employant « Internet » ou « HTML » avec des majuscules et sans article, comme sil sagissait de marques déposées. Cette parfaite compatibilité nest cependant pas aussi satisfaisante avec tous les programmes.
De prime abord, on pourrait croire que ce quasi-monopole pénalise ceux qui nutilisent pas Microsoft. En réalité, il ne pénalise que ses utilisateurs, puisque les autres ont des moyens de communication universels, qui les rend indépendants de loutil quils utilisent.
La consistance et la règle
Voilà qui représente un cas de langage privé auquel Wittgenstein navait pas pensé. Tout langage a des règles arbitraires, que ce soit une langue naturelle, un langage mathématique ou de programmation. Suffit-il pour autant quune communauté (fût-elle très large) sentende sur un jeu de règles (cet accord pouvant se conclure sur la base dun « contrat social », dun décret de droit divin, ou comme on voudra), pour que celui-ci simpose et assure sa fonction ?
Jamais pourtant des règles linguistiques nont eu besoin dun tel accord, et ne durent dailleurs être assorties de quelque forme de sanction. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que la sanction est lénoncé lui-même.
La règle linguistique a une fonction beaucoup plus didactique que normative ; cest à dire quelle sert beaucoup plus à renseigner celui qui ne sait pas, quà imposer une norme a celui qui a déjà opté soit pour lappliquer, soit pour lenfreindre délibérément ; car linfraction en ce domaine na dautre sanction que lefficacité.
On se tromperait si lon voulait réduire cette efficacité à celle de la communication. Elle renvoie plutôt à la consistance de lénoncé. On le voit parfaitement dans lévolution des langages mathématiques. Leur réussite na jamais été subordonnée à ce que tout le monde devienne mathématicien.
La consistance nest en rien consensuelle. Si elle nest pas davantage privée, cest quelle ne saurait lêtre pour tel ou tel sujet sans lêtre pour dautres.
La consistance dun texte nous ramène alors au jeu initial de propositions : Un texte est une combinaison de caractères éditable, prononçable et paraphrasable.
La Version 01 française de
Qu'est-ce qu'un texte ? est constitué
de 16 fichiet html associés à une feuille de style (text1.css)
et d'un dossier "graphics" contenant 15 fichiers,
réunis dans un fchier
txt_fr, que l'on peut librement télécharger.
© Jean-Pierre Depétris, avril 2002, avril 2003
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