Qu'est-ce qu'un texte ?

VIII ÉDITABILITÉ ET COPIABILITÉ

   
   

    Èditabilité et lisibilité
   

    Éditabilité et lisibilité sont deux caractères intrinsèques d’un texte. Il se trouve cependant qu’une occurrence d’un texte puisse ne pas être actuellement éditable et lisible.
    Par exemple, imprimé sur papier ou numérisé dans un format Postscript ou pdf (copie opaque), un texte peut être parfaitement lisible sans être éditable. À l’opposé, dans un format html standard ou Latex, un texte peut être parfaitement éditable, mais pas nécessairement lisible sur un éditeur de texte.
    Plus simplement encore, sur un traitement de texte, l’affichage des caractères invisibles facilite l’édition en gênant la lecture, tandis que leur masquage favorise cette dernière en gênant la première.
    Si, en sa nature même, un texte est virtuellement lisible et éditable, ces deux caractères tendent pourtant bien à s’opposer actuellement. Reste à savoir si cette opposition est essentielle ou techniquement accidentelle.
   
   
    Copies opaques ou transparentes
   

    D’un point de vue juridique, la GNU Free Document Licence oppose copie transparente et copie opaque. La définition de la copie transparente vise explicitement le texte éditable : « …une version numérique du document représentée dans une forme dont les spécifications sont publiquement disponibles et dont le contenu peut être visualisé (viewed) et édité directement et immédiatement par un éditeur de texte quelconque… » Le choix du mot viewed et non pas read est très explicite.
    Le terme « opaque » n’est défini que par opposition au premier : « la copie n’est pas, ou est difficilement éditable. »
    Pourquoi ne ferait-on pas de copie éditable ? J’y vois deux raisons négatives : en être incapable ou ne pas souhaiter qu’on puisse la modifier. Et je ne trouve qu’une raison positive : assurer au texte sa meilleure lisibilité. Ces trois raisons se combinent facilement : perte de lisibilité résultant de modifications, impossibilité de conserver les conditions optimales de lisibilité, etc. Ceci correspond à la spécification de la copie opaque : format Postscript, pdf, propriétaire, SGML et XML utilisant des DTD et/ou des outils de formatage non publiquement disponibles, et du code html généré par une machine à l’aide d’un traitement de texte quelconque et dans le seul but de la génération d’un format de sortie.
   
   
    Copiabilité et lisibilité
   

    Le terme de copie recoupe des quantités de sens. À l’origine, il désigne la reproduction manuelle à l’identique d’un texte. La nécessité d’une telle reproduction n’a plus lieu d’être depuis longtemps.
    Comme toujours, le procédé a modifié le sens du mot : l’imprimerie lui a donné celui de reproduction à l’identique d’un même texte par un procédé mécanique. Ce qui a changé par rapport à la première signification est qu’il n’y a plus d’original, mais seulement une « édition originale », c’est-à-dire que toutes les copies, éventuellement numérotées, sont toutes originales. Le droit de copier appartenait naturellement à l’auteur qui pouvait le céder.
    La photocopie a permis la reproduction à l’identique des copies originales, et le terme a encore changé de signification tandis que le texte gagnait en autonomie.
    Là-dessus, la numérisation est venu inextricablement compliquer les choses, au point qu’il ne soit plus très facile de désigner précisément ce qui serait susceptible d’être copié. Il est en effet difficile de définir ce qu’est copier sans savoir d’abord ce qui est copié, et il n’est peut-être pas possible de savoir ce qui est copié sans comprendre pourquoi on le copie.
   
   
    La copie de sauvegarde
   

    Le premier, si ce n’est le seul, à se préoccuper de copier est aujourd’hui l’auteur lui-même. Pourquoi l’auteur, après avoir composé son texte, le copie-t-il ? Pour le sauvegarder. Remarquons tout d’abord qu’il va plus sûrement faire une copie qu’une sortie imprimée qui peut ne pas toujours lui paraître indispensable. Quel genre de copie va-t-il alors faire ? À ce stade déjà la question devient complexe.
    Il est probable qu’il en fera une copie dans le format propriétaire de son traitement de texte. Pourtant l’auteur peut se trouver pour toutes sortes de raisons privé de son ordinateur, ou changer de traitement de texte. Il doit alors se demander pour quel usage il fait une sauvegarde : pour continuer à travailler, pour se relire, pour éditer son travail, pour l’imprimer…
    L’auteur doit se demander ce qu’il copie exactement de son texte : le texte brut, le texte enrichi, la mise en page, l’éditabilité ou la lisibilité, et cela dans la même version du logiciel, dans toutes ses versions, pour tous les logiciels, pour tous les systèmes d’exploitations.
    Même si notre auteur est certain d’avoir toujours à sa disposition les meilleurs outils logiciels, notamment de conversion, même s’il se sent capable de consacrer tout son temps à les tenir à jour, il ne pourra pas tout choisir, et ça n’aurait de toute façon aucun sens.
   
   
   



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La Version 01 française de Qu'est-ce qu'un texte ? est constitué
de 16 fichiet html associés à une feuille de style (text1.css)
et d'un dossier "graphics" contenant 15 fichiers,
réunis dans un fchier txt_fr, que l'on peut librement télécharger.

© Jean-Pierre Depétris, avril 2002, avril 2003
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