VII FIGURATION ET INFORMATION
La notion dinformation
Linformation est quantifiable. La théorie de linformation prend comme unité de mesure la quantité dinformation qui divise lincertitude par deux. Si japprends que le livre que je recherche est en Français, cette information diminue considérablement le champ de ma recherche. Si japprends quil est broché et non relié, il en sera encore diminué. On nomme N le nombre dévénements possibles, et n le sous ensemble désigné par linformation dans mon exemple, N est, disons, lensemble des livres dune bibliothèque, et n les livres en Français brochés.
On pose ainsi lunité dinformation : I=log2 (N/n)
Soit N le nombre des livres de la bibliothèque, n1 le nombre de livres en Français, n2 le nombre de
livres brochés en Français,
Si lon a 800 livres dont 50 sont en Français, 200 brochés et 20 brochés en Français, linformation « en Français » vaut : 800/50=2 ; « broché » : 800/50=4 ; et « brochés en Français » : 800/20=5,32.
Un texte brut, tel que nous pourrions le saisir sur une machine à écrire, même sil est très long, ne contiendra pas beaucoup dinformations, puisquil ne sera que la réitération dune nombre limité de touches, ou de combinaisons de touches. Si vous les mémorisez toutes, ça ne fera pas une grande quantité dinformation, qui pourtant contiendra tout le texte.
Imaginez maintenant une lettre bien dessinée dont vous voulez réduire léchelle. Vous devez alors connaître ses proportions et ses mesures : vecteurs, angles, courbes
De telles informations pourraient devenir plus nombreuses que pour un texte entier. Pour sen donner une idée, il suffit de regarder la taille en octet dun fichier texte (de quelques ko à quelques centaines en général) et douvrir le dossier des polices pour comparer les tailles plusieurs dizaines ou centaines de fois supérieures.
Supposons maintenant que nous ne voulions plus seulement mémoriser la forme de la lettre, mais aussi sa teinte, sa texture. Nous devons alors considérer chaque point de sa surface, et la quantité dinformation alors pourra être plus importante que celle dune police vectorielle complète.
Figures et figuration
Selon lapproche numérique, nous navons en fait que des figures deux sortes de figures (vectorielles et bitmap) dont les différences ici importent peu. À travers elles, se distinguent cependant, dun point de vue à la fois fonctionnaliste et constructiviste, plusieurs modes de figuration.
La figuration déterminante, pour ce qui concerne le texte, est la figuration dobjets logiques, fonctionnant au sein dun système. Lensemble des figures constitue alors ce quon appelle proprement une police.
Par ce moyen, chaque figure, appartenant à un ensemble fonctionnant en système, peut être remplacée par une figure appartement à un autre ensemble équivalent. Si les deux ensembles fonctionnent dans le même système, cest à dire si les deux polices figurent le même alphabet, le texte ne devrait pas en être affecté dans un usage courant.
Si ce nest pas le cas, il ne le sera que superficiellement. Le texte ne sera certes plus déchiffrable, mais les relations internes entre objets logiques ne seront pas changées, et il suffira de choisir un autre ensemble de figures pour que le texte devienne à nouveau lisible.
Il en va tout autrement pour des formes ne figurant pas des objets logiques. On peut distinguer alors des quantités de modes de figuration.
Figuration et information
Considérons cette simple phrase par rapport à linformation quelle est susceptible de véhiculer : « passe-moi le sel. »
On peut être à table, et il peut très bien ne se trouver sur cette table quune salière et un poivrier à faire passer. Dans ce cas, linformation que véhicule cette phrase, en supplément de la gestuelle et de la mimique quelle accompagne, peut se figurer par un rapport de 1 sur 2. Une paire de signes (0-1) suffirait à figurer les occurrences en jeu. On peut aussi imaginer un distributeur automatique où il suffirait de choisir entre deux boutons plutôt que darticuler une telle phrase.
On peut considérer cette phrase dune quantité dautres points de vue. Elle pourrait être utilisée dans un cours de français, ou un manuel, pour enseigner lemploi de limpératif, par exemple.
Elle pourrait aussi bien être utilisée pour présenter une police, ou encore comme mot de passe, ou pour supporter une empreinte vocale. Dans tous ces cas, et dans dautres possibles, nous navons plus à faire au même objet, ni aux mêmes symboles.
Dans la première occurrence (à table), la même phrase pourrait être remplacée par une autre de la même famille : « Peux-tu me passer le sel ? » « Le sel, sil te plaît. »
Etc.
Jenvoie la phrase « passe-moi le sel » sous la forme dun fichier texte en données brutes. Ces données qui transiteront nauront quà permettre lidentification des objets logiques que constituent les caractères. Il se pourrait aussi que « passe-moi le sel » ne soit que le texte dune case à cocher, dans un jeu, par exemple, ou un didacticiel de Français.
Si la police et le style mimportent, il y aura deux possibilités : soit mon correspondant disposera déjà sur place de la même police, et linformation naura, par rapport à la précédente, quà permettre en plus de les identifier. Soit cette police et ses styles devront lui être communiqués aussi, sous la forme dun fichier de figures.
Pour ce qui est dune telle phrase en tant quobjet sonore, un logiciel serait bien capable de prononcer du texte brut, et, si cela me suffit, la quantité dinformation qui transitera sera faible. Si je tiens, au contraire, à ce que le ton et la voix soient restituées, la quantité dinformation pourra être très élevée en proportion de mes exigences.
Ce qui constitue en principe une même phrase peut ainsi être rendu par une quantité de
données allant de 2 à 218 et plus.
La Version 01 française de
Qu'est-ce qu'un texte ? est constitué
de 16 fichiet html associés à une feuille de style (text1.css)
et d'un dossier "graphics" contenant 15 fichiers,
réunis dans un fchier
txt_fr, que l'on peut librement télécharger.
© Jean-Pierre Depétris, avril 2002, avril 2003
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