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MÉTHODE RAISONNÉE POUR ÉCRIRE AVEC UN ORDINATEUR |
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Le propre de tout langage est dêtre réitérable. Si je raconte une histoire un jour, je pourrais à nouveau la raconter une autre fois, ailleurs et à dautres personnes. Naturellement mon récit pourra être sensiblement différent. Si je retourne voir une pièce de théâtre le lendemain, elle ne sera pas jouée exactement de la même façon. Il se peut aussi que je retourne voir cette pièce bien plus tard, ailleurs, jouée par dautres acteurs dans une autre mise en scène. Elle sera alors différente, tout en demeurant la même pièce.
Cest là une question de première importance en ce qui concerne le texte, et que lencre et le papier nous avait laissé ignorer. Il est dans la nature du texte dêtre réitérable, et il devient alors important de déterminer dans quelle mesure un texte, au cours de ses réitérations, demeure le même ou en devient un autre. Limprimerie nous avait donné lhabitude de distinguer le manuscrit et le texte édité. Le premier nétait quune ébauche du second ; seul le texte édité était le véritable texte. Il pouvait donner lieu à des rééditions. Celles-ci étaient cependant dun nombre limité. Elles étaient généralement loccasion de successives modifications, et représentaient ainsi des versions successives dun même texte. Avant limprimerie, cétait le manuscrit, sujet à dinnombrables copies non moins manuscrites, qui était considéré comme le texte véritable, du moins quelques versions manuscrites dûment certifiées, destinées à servir de modèle au copiste. Avec lordinateur, lédition devient illimitée. Le texte peut être à chaque instant imprimé, modifié, réédité, dupliqué, au point quil devient problématique didentifier, si ce nest la version définitive, du moins la provisoire dernière version, en un mot, le « véritable » texte. Le véritable texte nest certainement plus des traces dencre sur du papier, mais une suite de 0 et 1 contenant linformation nécessaire, et rien de plus ni de moins que cette information nécessaire à sa réitération. Il appartient alors à lauteur de définir la nature et la quantité dinformations nécessaires. Par exemple, le choix de la police ou la dimension des lignes peuvent ou non faire partie de linformation nécessaire. La mise en italiques de certains mots en fera certainement partie, mais sans doute pas le format dimpression. Pendant longtemps, lauteur a pu se permettre dêtre très indécis, ou du moins imprécis, sur de telles questions. De nombreuses raisons le lui interdiront toujours plus ; la première est le besoin de poursuivre confortablement son travail. Marguerite Yourcenar a mis quatre ans pour écrire Mémoires dHadrien. Pendant ce temps, un logiciel peut évoluer de deux versions, ainsi que le système dexploitation. Il nen faut pas plus parfois pour perdre une police qui changera la pagination, ou perdre tous les caractères insécables dun texte. Il ny a certes là rien dirréparable, mais de quoi disperser lattention à des moments où ce nest pas souhaitable. Lauteur doit donc maîtriser les problèmes informatiques pour que ni lui ni personne nen soit plus perturbé lorsque le texte seul doit retenir lattention. Parfois, la place exacte des caractères dans une page est déterminante. Cette exigence qui, de prime abord, pourrait laisser croire à la nécessité dune grande quantité dinformations, de type vectorielles par exemple, est en réalité très facile à satisfaire avec du texte brut, du moment que celui-ci est en principe affiché dans une police à chasse fixe. Une police à chasse fixe est une police dont tous les caractères (même les invisibles) occupent un même espace (l y est aussi large que m). Il suffira donc de positionner chaque lettre à laide despaces et de sauts de lignes. Cest en particulier très utile pour présenter des tableaux sans faire de tableaux, voire, même, faire de petits dessins :
//// Un tel texte peut être converti en html, dans la mesure, à ce moment là, où lon impose une police à chasse fixe, soit dans la balise <charset >, soit par une feuille de style : <style><!--p{font-family: monospace}--><style> dans la section <head>. On peut encore insérer du texte entre les balises <TT></TT>. Particulièrement utile si lon désire que seulement une partie du texte de la page soit en chasse fixe.
On peut parfois paramétrer cela dès la conversion à partir de son traitement de texte, on peut, dans tous les cas, insérer automatiquement de telles balises à partir dun éditeur wysiwyg, ou sinon, taper le code dans un éditeur de texte ou un éditeur HTML. Signalons quil existe aussi des éditeurs de feuilles de styles autonomes. Dans tous les cas, il est important de savoir ce que lon veut.
Pour garder lexemple de Mémoires dHadrien,
là où s'achève une page et où en commence
une autre ny a aucune importance, et que le livre soit édité
en 300 ou 600 pages n'y change rien. Sauf, peut-être, si Marguerite
Yourcenar avait travaillé sur un ordinateur et quelle ait
fait des sorties imprimante pour relire et corriger son texte. Dans ce
cas, un changement de pagination lui aurait inextricablement compliqué
le travail de correction à lécran. Dans la mesure où, avant lordinateur, un texte ne pouvait quêtre inscrit une fois pour toutes sur du papier, que ce soit à la main ou par tout autre procédé mécanique, il ny avait aucun sens à distinguer un texte écrit pour la lecture seule ou pour lédition. Un manuscrit, ou encore un tapuscrit adressé à un éditeur, étaient tout aussi définitivement inscrits sur la page, quun texte imprimé, dont on pouvait dailleurs tout aussi facilement annoter les pages. La numérisation offre à la place de cet état de choses un très grand nombre de possibilités. Tout dabord, un texte peut être éditable ou en lecture seule (read only). Le texte peut aussi être exportable, ou enregistrable sous un autre format (ce qui signifie à peu près la même chose), ou peut ne pas lêtre. Il peut être modifiable ou ne pas lêtre du tout. Il peut être encore imprimable ou non. On peut ou non y sélectionner du texte pour le copier, On peut aussi en exporter le texte seul, ou le texte stylé, ou encore le fichier complet, avec ses illustrations ou autres objets. Les possibilités et leurs combinaisons sont immenses.
Sil peut être au début difficile dapprendre comment on fait, on découvre très vite que le plus dur est dapprendre à concevoir son besoin exact. Dautant plus quon découvre généralement bien longtemps après les raisons de regretter son choix.
Succinctement, ces principaux choix sont : On veut seulement permettre à dautres de lire et dimprimer. Il est donc souhaitable que le fichier ne subisse aucune modification, de la part du logiciel qui louvre, ou sous leffet dune erreur de manipulation. On prévoit de continuer le travail sur un même équipement. On souhaite partager la possibilité de modifier les données, ou lon souhaite tout simplement se réserver les possibilités de reprendre le texte bien plus tard. |
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