Jean-Pierre Depétris
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TRACES D'ENCRE

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L'entreprise telle qu'elle a été conçue




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Préface de S. Liotier





L'entreprise telle qu'elle a été conçue





Plan de l'ouvrage en ligne




Écrire à J-P Depétris






Un travail d’écriture et d’édition avec des élèves


Ma proposition :

• Faire manipuler l’écriture par des élèves à partir de consignes formelles et de textes littéraires.
Leur permettre de s’écouter, se critiquer, voire se plagier.

• Utiliser les ressources du traitement de texte pour retravailler, afin que chacun donne à ses écrits une forme aboutie, autant que possible par ses propres moyens. Ce qui nous permettra sans peine de…

• prolonger le travail jusqu’à l’édition sur l’internet, ensemble,



i. Les ressources du traitement de texte :

• Raturer
Savoir écrire est d’abord savoir se corriger, donc raturer, ce que les enfants n’aiment ni ne savent faire (les adultes non plus, en général). Ils veulent garder leur feuille propre. Le traitement de texte résout cette quadrature du cercle, et, en apprenant à modifier à l’écran, apprend et encourage à raturer à la plume.

• Le texte
Le traitement de texte apporte aussi une vision plus rigoureuse de l’écrit, notamment en donnant toute leur importance aux espaces, leur reconnaissant le statut de caractères à part entière (les caractères invisibles).
Le HTML les traite avec plus encore de rigueur, distinguant les espaces qui ont valeur textuelle de ceux qui sont contingents.


ii. L’informatique restitue tout son sens au mot « édition »
L’édition d'un travail fait en atelier d'écriture n’est pas seulement une gratification pour ceux qui y ont participé, ni même un moyen, certes efficace, de se relire avec un tout autre regard, plus tard, mais aussi dès le début. L’édition est surtout une part constitutive de l’écriture.
Éditer, c’est donner au texte la forme sous laquelle il doit être lu. Le droit d’auteur reconnaît à l’écrivain un pouvoir sur l’édition quand il la délègue. L’internet nous permet de prendre ensemble ce pouvoir.


iii Les mécanismes de l’écriture. (Ébauche théorique)
Ce qu’on lit et qu’on écrit demeure des paroles. La langue, comme son nom l’indique, est essentiellement orale, et l’on convertit donc des phonèmes en caractères, et inversement. Pourtant l’écriture apporte quelque chose de plus.
On dit « apprendre à lire et à écrire », comme si les deux n’allaient pas nécessairement ensemble, et comme s’il était seulement question d’une conversion de paroles en texte, et inversement. Or ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais de manipuler des signes, qu’ils soient dits ou écrits.

Manipuler des signes
Réduire un procès aussi complexe que l’écriture à de la communication est s’interdire de le comprendre. Il n’est qu’à regarder quelqu’un devant sa feuille ou son clavier pour voir qu’il ne donne pas l’impression de communiquer avec qui que ce soit, même pas avec lui-même. Il nous fait plutôt penser, selon le cas, à un horloger, un artisan, un chasseur aux aguets, un pilote… Il a d’abord à faire à une complexe intrication de signes et de significations, qui fonctionnent d’ailleurs pour une large part à son insu. Il serait aussi seul qu’on puisse l’être si ce système de signes n’était partagé avec d’autres.

1 Ce que l’écrit a de plus que la parole
Les signes d’intelligence de mon interlocuteur ont une incidence immédiate sur mes paroles, et donc sur ma pensée. L’écriture diffère, au moins, une telle incidence, et donne plus de liberté et de puissance à la pensée.
Cette émancipation envers la réponse de l’autre est la première difficulté de l’écriture, qui fait que tout est encore à apprendre quand on sait « lire et écrire ».

2 L’accroissement de liberté et de puissance
L’usage du signe écrit émancipe la parole, la pensée, du mouvement à sens unique de la conversation : elle la rend navigable, elle permet le déplacement et la condensation. Il ne rend pas seulement le texte navigable une fois écrit, l’écriture est elle-même cette navigation, elle trace les chemins entre les liens.

3 La fonction de l’autre
On écrit moins pour qu’un autre nous lise que pour se lire d’abord, c’est à dire encore écrire, car écrire et lire ne sont pas deux moments distincts.
Ceci est plus évident encore avec l’écriture mathématique : si mon raisonnement tient, il tient pour moi comme pour quiconque. Qu’importe que ce quiconque le lise ou non. Ce qui ne m’est par contre pas indifférent, est qu’un autre puisse me corriger, faire aller mon raisonnement dans des directions que je ne soupçonnais pas, plus loin…


iv L’esprit dans lequel je propose de travailler
Conformément au travail que je propose, l’écriture offre plus une collaboration qu’un échange, dans laquelle ce que produit l’un peut être mis à profit par un autre sans cesser d’être personnel. Écrire est manipuler des signes, et manipuler des signes est penser. Penser est une activité personnelle, mais pas solitaire, même pas privée.
Ces principes prendront leur signification pratique dans l’édition d’un ouvrage consultable en ligne et téléchargeable.




Présentation

Préface de Sylvie Liotier

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