L’imagination géométrique





   Quoiqu’on imagine, on peut l’imaginer plus grand ou plus petit. Il est d’ailleurs courant, pour tout ce que produit la nature ou l’industrie, de trouver des versions naines.et des versions géantes. L’imagination.alors se prend vite à faire sauter toute limite au gigantisme comme au nanisme. Or il y a des limites. Un invertébré ne pourra être aussi gros que peut l’être un vertébré, et inversement. Le plus fin cartilage doit avoir une épaisseur minimale, et la plus épaisse chitine ne pourrait supporter un trop gros poids.
   Voilà le paradoxe de l’imagination géométrique : imaginer la puce géante serait imaginer une transformation des propriétés mécaniques, chimiques et magnétiques des matériaux qui la composent et aussi qui l’entourent. À moins que ce soit imaginer la transformation de la puce seule.
   Dans ce cas, rêvez tant ce que vous voudrez votre puce géante, mais vous ne pourrez jamais la concevoir quelque part. Dans l’autre, c’est comme si vous aviez tout grossi à l’échelle, de proche en proche, et comme si rien.en fait n’avait été grossi.
   C’est comme un arbre qui paraît minuscule sur la colline.et qui devient plus gros.quand vous en approchez. Or grossir, ou diminuer, cela doit bien s’entendre par rapport à ce qui ne varie pas.





Trucs et astuces
© Jean-Pierre Depétris 2001