Home
Voyages à Bolgobol

AUTOUR DE BOLGOBOL

Jean-Pierre Depetris
© 2005

»

Cahier X
Au cœur de l'Asie

 

 

 

 

 

Le 12 mai

Qui parle ?

J'ai trouvé cette nuit en relevant mon courriel l'étrange message d'une jeune Tatare en un anglais approximatif :

Hello my friend.

M'appelle Y, mon nom de famille K. Je suis née, 26 mai 1978 dans la ville de Kazan. Vous avez semblé être assez la personne intéressante. Et à moi le désir avec vous a semblé apparaître. Vous voudriez probablement me demander. Qu'est-ce que je recherche des relations? Je RECHERCHE POUR MOI LA PERSONNE PROCHE, pour des relations sérieuses. Avec dans un rapide futur, voudrais lier la vie.

Vous serez placé probablement par une question pourquoi je recherche le destin et veux relier la vie à la personne hors des frontières. J'ai essayé de trouver le type de Russie, et ai été convaincu qu'ils n'apprécient pas le sentiment, des relations, entre l'homme et la femme. Pour moi, la vue sur les relations serait présent non seulement ce quoi ou les besoins, mais amour et romanticisme. Peu je dirai au sujet de moi. Je suis personne très romantique. Je travaille dans l'intérieur cosmétique. J'aime au soin de la beauté des personnes. Comme je pense, cet aspect est une partie d'une beauté interne de base d'une personne. Si vous voulez découvrir au sujet de moi, s'il vous plaît m'écrivez davantage. Il serait plaisant pour moi si vous ne me me laisseriez pas sans attention.

With sincere respect Y.


Voilà qui est bien touchant, tant par le ton, le contenu, que par l'anglais exotique. Apparemment, je l'ai séduite. Comment ? La seule vue de mon site aurait un tel effet sur une esthéticienne de vingt-huit ans ?

J'ouvre ma page d'accueil en anglais, puisque ma correspondante ne connaît manifestement pas le français. Je me suis peut-être un peu trop noirci les cheveux sur la photo, halé la peau et effacé les rides. Je suppose que mon charme doit malgré tout venir plutôt de mon texte, que je relis.

Bien sûr, je sais que la barbare politique d'immigration de l'Union Européenne démultiplie à l'étranger le charme de ses ressortissants, mais pourquoi moi, précisément, m'a-t-elle élu ?


Dinkha éclate de rire en lisant la lettre. « Tu t'es fait usurper ton identité, » me dit-il avec une claque sur l'épaule.

« Allô, ici la terre, vous pouvez vous poser. » Ajoute-t-il me voyant interdit. Évidemment, quelqu'un s'est inscrit en mon nom dans un club de rencontre.

« Et moi qui lui ai déjà répondu. » Dis-je en relançant son rire.

« Ah, Jean-Pierre, ajoute-t-il enfin, il n'est pas utile non plus de connaître la formule de Planck pour comprendre l'internet. Il suffit toujours de savoir qui parle, et à qui. »


Langage et données des sens

Je me découvre parfois complètement stupide devant le langage, réagissant à la signification comme à un réflexe conditionné.

Les complexes opérations cognitives qui consistent à interpréter le sens des propositions ne nous empêchent pas de réagir souvent à la parole, même si elle est bien comprise, comme à un réflexe provoqué par les données des sens. On est toujours surpris quand on a l'occasion de s'en rendre compte, même si l'on sait que les données des sens s'interprètent aussi à travers de subtils procès cognitifs.


Le 13 mai

Liberté et causalité

Une vieille tradition philosophique veut de toute force mettre la causalité au début de tout. Plus de place ne reste alors à la liberté. De là, on serait tenté d'en chercher la source dans un faible déterminisme, d'y voir une émergence du hasard.

La liberté est pourtant inconcevable sans détermination, sans causalité, puisque sans enchaînement de causes, aucune prévision n'est possible. La liberté suppose de prédire aussi peu que ce soit la conséquence de ses actes, que l'on se trompe ou non, et d'intervenir sur des enchaînements de causes.


Dans ce cas on doit être cohérent et dire ou bien que la liberté n'existe pas mais seulement le hasard et la nécessité, ou bien qu'elle est avant même la causalité. Une telle contradiction a toujours taraudé la philosophie déterministe qui veut que la causalité soit au commencement de tout. De toute évidence c'est la raison pour laquelle elle a imaginé Dieu.


Pour autant, l'idée d'un Dieu ne résout rien. La toute-puissance qu'on lui prêterait n'en déposséderait pas moins de liberté toutes ses créatures.

Or, nous faisons à chaque instant l'expérience de notre liberté, puisqu'elle est celle-là même de la causalité. On peut alors s'assurer que Dieu n'existe pas, et que la causalité n'est qu'un produit de la liberté des existences.

Cependant, si l'on nie Dieu seulement en tant que source de toute causalité, la contradiction n'est pas résolue, puisqu'on revient au seul déterminisme qui a fait naître le problème. Nous devons donc comprendre « Dieu » comme nous comprenons « couleur », « nombre », « matière » ou encore « homme ». La couleur, le nombre, la matière, l'homme n'existent pas en tant que tels. Ils existent comme telle ou telle couleur, tel ou tel nombre, tel ou tel matériau, tel ou tel homme, toi ou moi.


Derrière cette question s'en tient une autre : la causalité est-elle une loi qui règne sur les créatures, ou est-elle le pouvoir que chaque existence exerce sur les autres ? « Dieu » alors désigne cette puissance générique, l'effectivité du réel, et il n'existe pas autrement qu'en étant la puissance et la réalité de telle ou telle existence, comme pour la couleur ou le nombre.

Comprendre une telle question revient à concevoir sa résolution mathématique. Celle-ci consiste à calculer qu'un déterminisme renforcé accroît le champ des possibles au lieu de le restreindre.

Il est plus simple encore de calculer l'inverse, d'observer qu'un déterminisme faible engendre la monotonie du hasard. La statistique nous montre que la faiblesse des causes engendre la régularité.


La Réforme d'Abd'Oul Hacq

— Voici les grands principes de la réforme qu'instaura Abd'oul Hacq au dix-septième siècle, m'explique Dinkha.

— Tout cela ressemble fort à de l'athéisme ou je ne m'y connais pas.

— Ce n'est pas le sens qu'on donne ici à ce mot, rectifie-t-il, que l'on réserve pour le déterminisme athée.

— Pour moi c'en est un, et des plus rigoureux.

— Tu te dis bien matérialiste tout en affirmant que la matière en général n'existe pas, mais seulement les matériaux et leurs propriétés mécaniques. 

— C'est jouer sur les mots.

— Et alors ? reprend-il. La langue de tous les jours, comme les chats, retombe sur ses pattes. Si je te dis par exemple : « bats toi avec détermination pour la cause que tu épouses » ne comprends-tu pas ?

— :-D

(Tiens, je crois que j'ai trouvé un usage de la binoche, qui ne la limite pas à la ponctuation, au « point d'ironie » que souhaitait Alphonse Allais.)


Place Koukourâh

Je prends rapidement des habitudes. Pour cela, j'en change souvent. — Alors, ce ne sont plus des habitudes, me dira-t-on. — Si.

Parfois, il semble que la vie s'accroche quelque part et pourrait continuer à y tourner toujours. Elle paraît même y tourner depuis plus longtemps qu'on n'y est. C'est cette virtualité du toujours qu'est l'habitude. Elle contient une satisfaction tout aussi virtuelle et définitivement acquise. Alors pourquoi continuer, quand on sait que rien ne dure, de toute façon ?

Ainsi, j'ai délaissé la place des Darlabats pour la place Koukourâh. Elle est rectangulaire, avec une chaussée dallée qui en fait le tour. Le centre est en terre battue, et planté de bouleaux. Des enfants y jouent au ballon et y font de la bicyclette.

On ne s'est pas cassé la tête pour l'éclairage. Les lignes volent d'arbre en arbre d'où pendent de simples lampes de chantier. La nuit, elles diffusent une lumière orangée d'ampoules au sodium, qui éteint toute couleur, n'éblouit pas et permet de distinguer les étoiles par-delà les feuillages qui n'ont pas entièrement fini de pousser.

J'ai découvert la place Koukourâh hier soir. Dinkha m'y a amené dîner. J'y suis revenu ce matin.


Tapis


Le 14 mai

L'Asie Centrale

Nous sommes sur des territoires de grandes civilisations, d'invasions successives par les Perses, les Grecs, les Turcs et les Arabes musulmans. Sur ces terres se sont rencontrés la civilisation persane et le monde turc des steppes.

L'histoire tourmentée de l'Asie Centrale n'a pas empêché la région de développer une forte identité. Elle a accueilli des peuples, des religions et des empires qui ont rayonné sur toute l'Asie. Son histoire a été peu étudiée, car les recherches ont été concentrées sur les périodes au cours desquelles le cœur de l'Asie battait aux rythmes transasiatiques : diffusion du Bouddhisme, Empire Mongol, naissance de l'URSS... En outre, aucun de ces moments forts de l'histoire n'appartient en propre à l'Asie Centrale, leur évocation renvoie à d'autres horizons : l'Islam au Proche-Orient, la Révolution d'octobre à la Russie, ou les populations d'expression turque à la Turquie. Enfin, le carrefour géopolitique qu'est l'Asie Centrale au cours de l'histoire a entretenu des relations privilégiées avec ses grands voisins : le monde grec, l'Inde, la Chine, la Russie et la Perse.


Les Achéménides (535-327 avant J-C), l'empire d'Alexandre le Grand, la dynastie grecque des Séleucides (312 environ à 250 avant J-C), le royaume des Parthes — (247 avant J-C - troisième siècle après J-C) — et les rois sassanides (227-651 après J-C) ont tous mené des campagnes contre les confédérations de nomades des steppes qui ont menacé leurs possessions.

Parmi ces puissantes confédérations nomades, il faut retenir les Sakas, les Scythes, la dynastie kouchan (deuxième siècle avant J-C - quatrième siècle après J-C) et les Kidarites. Les autres dynasties de nomades qui leur ont succédé à la tête des régions d'oasis, où elles ont connu une sédentarisation et une assimilation partielle, avaient une origine altaïque.

L'Asie Centrale est, depuis l'aube de l'histoire, le lieu d'une intense circulation d'hommes et d'idées. L'ouverture d'une voie continentale entre la Chine et l'Occident au deuxième siècle avant notre ère l'a placée au centre d'un équilibre entre grands empires.


La conquête arabo-musulmane due à la dynastie des Omeyyades de Damas au début du huitième siècle, a fait passer la Transoxiane — région au-delà de l'Oxus — dans l'orbite du monde musulman. La conquête de cette région a assigné pendant plusieurs siècles au fleuve Syr Daria, le rôle de frontière au-delà de laquelle l'Islam n'a pénétré que bien plus tard et par paliers successifs.

L'époque qui a suivi l'établissement du pouvoir islamique en Transoxiane représente une étape majeure dans le renouvellement des zones d'influence politico-culturelle en Asie Centrale. Elle a vu, en effet, la création d'un domaine politique musulman englobant les foyers les plus anciens des civilisations urbaines du Moyen-Orient. La civilisation islamique, qui est née dans le nouvel espace omeyyade et s'est épanouie sous les premiers Abassides (750-1258).

Une symbiose entre le pouvoir turc préexistant et la religion islamique s'est ainsi opérée peu à peu, notamment lors de la dynastie des Seljoukides (1038-1194) sur la base d'une interaction entre nomades et sédentaires.


L'expansion des Mongols de Gengis Khan dans les régions soumises depuis des siècles à l'influence turque a jeté les bases d'une culture musulmane « turco-mongole » dans le développement de laquelle l'Asie Centrale a joué un rôle essentiel. La période allant du quatorzième au dix-huitième siècle a vu la stabilisation et l'homogénéisation de l'Asie Centrale.

L'empire de Timour Leng (Tamerlan), de 1370 à 1405, a été le seul de l'ère turco-mongole musulmane ayant eu la Transoxiane pour centre. À la mort du fondateur, les Timourides sont restés des acteurs du jeu politique dans l'ensemble de ces régions jusqu'à la fin du quinzième siècle, date à laquelle les Timourides ont été vaincus par les Ouzbèks, venus des steppes d'au-delà du Syr Dana.

Source : <http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Asie_centrale>


L'Asie centrale antique

L'Asie centrale constitue un véritable carrefour des civilisations. Ses plus anciens habitants connus sont des peuples indo-européens venus de l'ouest. Il s'agit des Tokhariens, qui ont vécu dans le bassin du Tarim au moins depuis l'an -2000, puis des Iraniens, qui ont occupé durant le premier millénaire avant notre ère toute l'Asie centrale, à l'exception du bassin du Tarim oriental et de la Mongolie. On peut également citer les Indo-Aryens, proches parents des Iraniens. Ils ont vécu en Bactriane aux alentours de l'an -2000 avant de conquérir l'Inde du Nord, à partir de -1700.

Les régions connues des anciens Grecs étaient la Bactriane, à cheval entre l'Ouzbékistan et l'Afghanistan, la Sogdiane, autour de Samarcande, et la Chorasmie (ou Khwarezm) au sud de la mer d'Aral. Tous ces noms sont d'origine iranienne.

Dans ces trois régions, il a existé depuis une époque très reculée de brillantes civilisations sédentaires, dont les fondateurs ne sont pas identifiés. En s'installant dans ces régions, les Indo-Aryens, puis les Iraniens, ont sans doute adopté en partie le mode de vie des autochtones, qui étaient sédentaires et s'adonnaient à l'agriculture et au commerce. Un peuple iranien, les Sogdiens, a notamment fondé la cité de Samarcande, dont la beauté a été remarquée par Alexandre le Grand. Plus au nord, les Iraniens étaient nomades. Ils sont connus sous le nom de Saces et ils occupaient en particulier tout le Kazakhstan et le nord de l'Ouzbékistan. Ils ont laissé des tombes qui datent du premier millénaire avant J.-C..

Source : Wikipédia, l'encyclopédie libre et gratuite :

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil>


L'ouest de l'Asie Centrale

À propos, tous les continents, Europe, Amérique, Afrique... ont un nord et un sud, un centre, un est et un ouest. A-t-on jamais parlé d'une Asie de l'ouest ? Serait-ce l'Europe ?

 

 

»