Cahier X
Au cœur de l'Asie
Le 12 mai
Qui parle ?
J'ai trouvé
cette nuit en relevant mon courriel l'étrange message d'une
jeune Tatare en un anglais approximatif :
Hello my
friend.
M'appelle Y,
mon nom de famille K. Je suis née, 26 mai 1978 dans la ville
de Kazan. Vous avez semblé être assez la personne
intéressante. Et à moi le désir avec vous a
semblé apparaître. Vous voudriez probablement me
demander. Qu'est-ce que je recherche des relations? Je RECHERCHE POUR
MOI LA PERSONNE PROCHE, pour des relations sérieuses. Avec
dans un rapide futur, voudrais lier la vie.
Vous serez
placé probablement par une question pourquoi je recherche le
destin et veux relier la vie à la personne hors des
frontières. J'ai essayé de trouver le type de Russie,
et ai été convaincu qu'ils n'apprécient pas le
sentiment, des relations, entre l'homme et la femme. Pour moi, la vue
sur les relations serait présent non seulement ce quoi ou les
besoins, mais amour et romanticisme. Peu je dirai au sujet de moi. Je
suis personne très romantique. Je travaille dans l'intérieur
cosmétique. J'aime au soin de la beauté des personnes.
Comme je pense, cet aspect est une partie d'une beauté interne
de base d'une personne. Si vous voulez découvrir au sujet de
moi, s'il vous plaît m'écrivez davantage. Il serait
plaisant pour moi si vous ne me me laisseriez pas sans attention.
With sincere
respect Y.
Voilà qui
est bien touchant, tant par le ton, le contenu, que par l'anglais
exotique. Apparemment, je l'ai séduite. Comment ? La
seule vue de mon site aurait un tel effet sur une esthéticienne
de vingt-huit ans ?
J'ouvre ma page
d'accueil en anglais, puisque ma correspondante ne connaît
manifestement pas le français. Je me suis peut-être un
peu trop noirci les cheveux sur la photo, halé la peau et
effacé les rides. Je suppose que mon charme doit malgré
tout venir plutôt de mon texte, que je relis.
Bien sûr, je
sais que la barbare politique d'immigration de l'Union Européenne
démultiplie à l'étranger le charme de ses
ressortissants, mais pourquoi moi, précisément,
m'a-t-elle élu ?
Dinkha éclate
de rire en lisant la lettre. « Tu t'es fait usurper ton
identité, » me dit-il avec une claque sur l'épaule.
« Allô,
ici la terre, vous pouvez vous poser. » Ajoute-t-il me
voyant interdit. Évidemment, quelqu'un s'est inscrit en mon
nom dans un club de rencontre.
« Et
moi qui lui ai déjà répondu. » Dis-je
en relançant son rire.
« Ah,
Jean-Pierre, ajoute-t-il enfin, il n'est pas utile non plus de
connaître la formule de Planck pour comprendre l'internet. Il
suffit toujours de savoir qui parle, et à qui. »
Langage et
données des sens
Je me découvre
parfois complètement stupide devant le langage, réagissant
à la signification comme à un réflexe
conditionné.
Les complexes
opérations cognitives qui consistent à interpréter
le sens des propositions ne nous empêchent pas de réagir
souvent à la parole, même si elle est bien comprise,
comme à un réflexe provoqué par les données
des sens. On est toujours surpris quand on a l'occasion de s'en
rendre compte, même si l'on sait que les données des
sens s'interprètent aussi à travers de subtils procès
cognitifs.
Le 13 mai
Liberté et
causalité
Une
vieille tradition philosophique veut de toute force mettre la
causalité au début de tout. Plus de place ne reste
alors à la liberté. De là, on serait tenté
d'en chercher la source dans un faible
déterminisme,
d'y voir une émergence
du hasard.
La liberté
est pourtant inconcevable sans détermination, sans causalité,
puisque sans enchaînement de causes, aucune prévision
n'est possible. La liberté suppose de prédire aussi peu
que ce soit la conséquence de ses actes, que l'on se trompe ou
non, et d'intervenir sur des enchaînements de causes.
Dans ce cas on
doit être cohérent et dire ou bien que la liberté
n'existe pas mais seulement le hasard et la nécessité,
ou bien qu'elle est avant même la causalité. Une telle
contradiction a toujours taraudé la philosophie déterministe
qui veut que la causalité soit au commencement de tout. De
toute évidence c'est la raison pour laquelle elle a imaginé
Dieu.
Pour autant,
l'idée d'un Dieu ne résout rien. La toute-puissance
qu'on lui prêterait n'en déposséderait pas moins
de liberté toutes ses créatures.
Or, nous faisons à
chaque instant l'expérience de notre liberté,
puisqu'elle est celle-là même de la causalité. On
peut alors s'assurer que Dieu n'existe pas, et que la causalité
n'est qu'un produit de la liberté des existences.
Cependant, si l'on
nie Dieu seulement en tant que source de toute causalité, la
contradiction n'est pas résolue, puisqu'on revient au seul
déterminisme qui a fait naître le problème. Nous
devons donc comprendre « Dieu » comme nous
comprenons « couleur », « nombre »,
« matière » ou encore « homme ».
La couleur, le nombre, la matière, l'homme n'existent pas en
tant que tels. Ils existent comme telle ou telle couleur, tel ou tel
nombre, tel ou tel matériau, tel ou tel homme, toi ou moi.
Derrière
cette question s'en tient une autre : la causalité
est-elle une loi qui règne sur les créatures, ou
est-elle le pouvoir que chaque existence exerce sur les autres ?
« Dieu » alors désigne cette puissance
générique, l'effectivité du réel, et il
n'existe pas autrement qu'en étant la puissance et la réalité
de telle ou telle existence, comme pour la couleur ou le nombre.
Comprendre une
telle question revient à concevoir sa résolution
mathématique. Celle-ci consiste à calculer qu'un
déterminisme renforcé accroît le champ des
possibles au lieu de le restreindre.
Il est plus simple
encore de calculer l'inverse, d'observer qu'un déterminisme
faible engendre la monotonie du hasard. La statistique nous montre
que la faiblesse des causes engendre la régularité.
La Réforme
d'Abd'Oul Hacq
— Voici
les grands principes de la réforme qu'instaura Abd'oul Hacq au
dix-septième siècle, m'explique Dinkha.
— Tout
cela ressemble fort à de l'athéisme ou je ne m'y
connais pas.
— Ce
n'est pas le sens qu'on donne ici à ce mot, rectifie-t-il, que
l'on réserve pour le déterminisme athée.
— Pour
moi c'en est un, et des plus rigoureux.
— Tu te
dis bien matérialiste tout en affirmant que la matière
en général n'existe pas, mais seulement les matériaux
et leurs propriétés mécaniques.
— C'est
jouer sur les mots.
— Et
alors ? reprend-il. La langue de tous les jours, comme les
chats, retombe sur ses pattes. Si je te dis par exemple : « bats
toi avec détermination
pour la cause
que tu épouses » ne comprends-tu pas ?
— :-D
(Tiens, je crois
que j'ai trouvé un usage de la binoche, qui ne la limite pas à
la ponctuation, au « point d'ironie » que
souhaitait Alphonse Allais.)
Place Koukourâh
Je prends
rapidement des habitudes. Pour cela, j'en change souvent. — Alors,
ce ne sont plus des habitudes, me dira-t-on. — Si.
Parfois, il semble
que la vie s'accroche quelque part et pourrait continuer à y
tourner toujours. Elle paraît même y tourner depuis plus
longtemps qu'on n'y est. C'est cette virtualité du toujours
qu'est l'habitude. Elle contient une satisfaction tout aussi
virtuelle et définitivement acquise. Alors pourquoi continuer,
quand on sait que rien ne dure, de toute façon ?
Ainsi, j'ai
délaissé la place des Darlabats pour la place
Koukourâh. Elle est rectangulaire, avec une chaussée
dallée qui en fait le tour. Le centre est en terre battue, et
planté de bouleaux. Des enfants y jouent au ballon et y font
de la bicyclette.
On ne s'est pas
cassé la tête pour l'éclairage. Les lignes volent
d'arbre en arbre d'où pendent de simples lampes de chantier.
La nuit, elles diffusent une lumière orangée d'ampoules
au sodium, qui éteint toute couleur, n'éblouit pas et
permet de distinguer les étoiles par-delà les
feuillages qui n'ont pas entièrement fini de pousser.
J'ai découvert
la place Koukourâh hier soir. Dinkha m'y a amené dîner.
J'y suis revenu ce matin.
Le 14 mai
L'Asie Centrale
Nous sommes sur
des territoires de grandes civilisations, d'invasions successives par
les Perses, les Grecs, les Turcs et les Arabes musulmans. Sur ces
terres se sont rencontrés la civilisation persane et le monde
turc des steppes.
L'histoire
tourmentée de l'Asie Centrale n'a pas empêché la
région de développer une forte identité. Elle a
accueilli des peuples, des religions et des empires qui ont rayonné
sur toute l'Asie. Son histoire a été peu étudiée,
car les recherches ont été concentrées sur les
périodes au cours desquelles le cœur de l'Asie battait
aux rythmes transasiatiques : diffusion du Bouddhisme, Empire
Mongol, naissance de l'URSS... En outre, aucun de ces moments forts
de l'histoire n'appartient en propre à l'Asie Centrale, leur
évocation renvoie à d'autres horizons : l'Islam au
Proche-Orient, la Révolution d'octobre à la Russie, ou
les populations d'expression turque à la Turquie. Enfin, le
carrefour géopolitique qu'est l'Asie Centrale au cours de
l'histoire a entretenu des relations privilégiées avec
ses grands voisins : le monde grec, l'Inde, la Chine, la Russie
et la Perse.
Les Achéménides
(535-327 avant J-C), l'empire d'Alexandre le Grand, la dynastie
grecque des Séleucides (312 environ à 250 avant J-C),
le royaume des Parthes — (247 avant J-C - troisième
siècle après J-C) — et les rois sassanides
(227-651 après J-C) ont tous mené des campagnes contre
les confédérations de nomades des steppes qui ont
menacé leurs possessions.
Parmi ces
puissantes confédérations nomades, il faut retenir les
Sakas, les Scythes, la dynastie kouchan (deuxième siècle
avant J-C - quatrième siècle après J-C) et
les Kidarites. Les autres dynasties de nomades qui leur ont succédé
à la tête des régions d'oasis, où elles
ont connu une sédentarisation et une assimilation partielle,
avaient une origine altaïque.
L'Asie Centrale
est, depuis l'aube de l'histoire, le lieu d'une intense circulation
d'hommes et d'idées. L'ouverture d'une voie continentale entre
la Chine et l'Occident au deuxième siècle avant notre
ère l'a placée au centre d'un équilibre entre
grands empires.
La conquête
arabo-musulmane due à la dynastie des Omeyyades de Damas au
début du huitième siècle, a fait passer la
Transoxiane — région au-delà de l'Oxus —
dans l'orbite du monde musulman. La conquête de cette région
a assigné pendant plusieurs siècles au fleuve Syr
Daria, le rôle de frontière au-delà de laquelle
l'Islam n'a pénétré que bien plus tard et par
paliers successifs.
L'époque
qui a suivi l'établissement du pouvoir islamique en
Transoxiane représente une étape majeure dans le
renouvellement des zones d'influence politico-culturelle en Asie
Centrale. Elle a vu, en effet, la création d'un domaine
politique musulman englobant les foyers les plus anciens des
civilisations urbaines du Moyen-Orient. La civilisation islamique,
qui est née dans le nouvel espace omeyyade et s'est épanouie
sous les premiers Abassides (750-1258).
Une symbiose entre
le pouvoir turc préexistant et la religion islamique s'est
ainsi opérée peu à peu, notamment lors de la
dynastie des Seljoukides (1038-1194) sur la base d'une interaction
entre nomades et sédentaires.
L'expansion des
Mongols de Gengis Khan dans les régions soumises depuis des
siècles à l'influence turque a jeté les bases
d'une culture musulmane « turco-mongole » dans
le développement de laquelle l'Asie Centrale a joué un
rôle essentiel. La période allant du quatorzième
au dix-huitième siècle a vu la stabilisation et
l'homogénéisation de l'Asie Centrale.
L'empire de Timour
Leng (Tamerlan), de 1370 à 1405, a été le seul
de l'ère turco-mongole musulmane ayant eu la Transoxiane pour
centre. À la mort du fondateur, les Timourides sont restés
des acteurs du jeu politique dans l'ensemble de ces régions
jusqu'à la fin du quinzième siècle, date à
laquelle les Timourides ont été vaincus par les
Ouzbèks, venus des steppes d'au-delà du Syr Dana.
Source : <http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Asie_centrale>
L'Asie centrale
antique
L'Asie centrale
constitue un véritable carrefour des civilisations. Ses plus
anciens habitants connus sont des peuples indo-européens venus
de l'ouest. Il s'agit des Tokhariens, qui ont vécu dans le
bassin du Tarim au moins depuis l'an -2000, puis des Iraniens, qui
ont occupé durant le premier millénaire avant notre ère
toute l'Asie centrale, à l'exception du bassin du Tarim
oriental et de la Mongolie. On peut également citer les
Indo-Aryens, proches parents des Iraniens. Ils ont vécu en
Bactriane aux alentours de l'an -2000 avant de conquérir
l'Inde du Nord, à partir de -1700.
Les régions
connues des anciens Grecs étaient la Bactriane, à
cheval entre l'Ouzbékistan et l'Afghanistan, la Sogdiane,
autour de Samarcande, et la Chorasmie (ou Khwarezm) au sud de la mer
d'Aral. Tous ces noms sont d'origine iranienne.
Dans ces trois
régions, il a existé depuis une époque très
reculée de brillantes civilisations sédentaires, dont
les fondateurs ne sont pas identifiés. En s'installant dans
ces régions, les Indo-Aryens, puis les Iraniens, ont sans
doute adopté en partie le mode de vie des autochtones, qui
étaient sédentaires et s'adonnaient à
l'agriculture et au commerce. Un peuple iranien, les Sogdiens, a
notamment fondé la cité de Samarcande, dont la beauté
a été remarquée par Alexandre le Grand. Plus au
nord, les Iraniens étaient nomades. Ils sont connus sous le
nom de Saces et ils occupaient en particulier tout le Kazakhstan et
le nord de l'Ouzbékistan. Ils ont laissé des tombes qui
datent du premier millénaire avant J.-C..
Source :
Wikipédia, l'encyclopédie libre et gratuite :
<http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil>
L'ouest de l'Asie
Centrale
À propos,
tous les continents, Europe, Amérique, Afrique... ont un nord
et un sud, un centre, un est et un ouest. A-t-on jamais parlé
d'une Asie de l'ouest ? Serait-ce l'Europe ?
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