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Jean-Pierre Depétris

 

De l'invariable
et du mouvant


 
MARSEILLE

MCMLXXXVIII

 

Chapitre huitième
De la certitude




Si le vrai est ce qui est fondé, alors le fondement n'est pas vrai, ni faux non plus.

Wittgenstein








XLVI

Des croyances concernant la vie et la mort.







Peut-être t'es-tu demandé ce que tu devais croire concernant la vie et la mort.

Les uns disent qu'après ta mort tu retrouveras une nouvelle vie conforme à ce que tu auras vécu en celle-ci.

Les autres disent que tu attendras la fin des temps pour que soient rétribués selon leur mérite les actes que tu auras accomplis durant ta vie.

D'autres disent encore que cela s'effectuera immédiatement après ta mort.





XLVII

Des croyances concernant la vie et la mort. (suite)




Certains prétendent que tous les morts montent au ciel, d'autres qu'ils descendent tous sous la terre, et d'autres encore que les uns montent et les autres descendent selon leur mérite.

Quelques-uns disent qu'en mourant tu rejoindras ta vraie nature éternelle dont tu étais tombé en naissant. Et d'autres que tu cessera purement et simplement d'exister.





XLVIII

De la diversité de ces croyances.







Peut-être attends-tu ici une réponse. Peut-être en as-tu déjà choisi une depuis longtemps.

Mais t'es-tu demandé pourquoi ces réponses étaient si diverses et variées ? Crois-tu que tant d'hommes si sages et si vertueux, qui ont enseigné ces doctrines, aient voulu nous tromper, ou qu'ils n'aient pas puisé la vérité à la bonne source ?





XLIX

De ce que tu crois vraiment.







A ton tour de t'interroger ; et en t'observant bien tu verras que de tous ces mythes tu ne doutes d'aucun.

Pourquoi es-tu prêt à défendre si opiniâtrement ta vie, comme si elle était quelque chose d'infiniment précieux et d'irremplaçable, si tu n'étais convaincu qu'il n'y ait rien après la mort ?

Pourtant, cette vie, il t'arrive de la voir au service de choses qui existent depuis bien avant ton berceau, et qui continueront bien après ta mort. Ces choses là ne te semblent-elles pas plus précieuses — et que serait ta vie sans elles ?





L

De ce que tu demeures étranger







Et tout cela, ne t'arrive-t-il pas de le voir comme si tu étais d'une autre nature et d'un autre monde ?

Ce temps qui va du berceau à ta tombe, ne te semble-t-il pas que tu n'es pas en lui, mais qu'il est en toi ? Ne ressens-tu pas de même pour ce qui est du début à la fin des temps?

Interroge-toi bien. N'agis-tu jamais comme s'il en était ainsi, et serais-tu capable de cesser de le faire?





LI

De la croyance et de la certitude.




De ce que tu viens de voir, deux questions devraient lever dans ton esprit.

Tu te dis peut-être que croire n'est pas la même chose que « faire comme s'il en était ainsi ». Mais qu'appelles-tu croire, si tu ne fais pas confiance à tes impressions et à tes impulsions spontanées?





LII

De la certitude et de la vérité.




Mais peut-être te demanderas-tu encore comment être sûr que ce que tu ressens ainsi soit vrai ou faux?

Si tu vas au cœur de cette question, il t'apparaîtra que cette fausseté ou cette vérité ne peut s'appliquer qu'à toi seul. Et que toi seul puisse être vrai ou faux.





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