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Jean-Pierre Depétris

 

De l'invariable
et du mouvant


 
MARSEILLE

MCMLXXXVIII

 

Chapitre douzième
De l'agent




La qualité dépend de son agent, c'est à dire que tu ne t'appropries pas, ni les qualités d'autrui ni les tiennes propres, et que tu ne les possèdes d'aucune manière, avant que tu ne saches que tu es l'agent même dont elles dépendent, et que tu réalises que tu es celui qui connaît ; c'est alors seulement que la connaissance sera vraiment tienne, et dès lors ta certitude n'aura plus besoin de confirmation, car la qualité est inséparable de son agent.

Abd Ak Karim Al Jily.


« L'homme qui est éclairé, et celui qui est inculte, sont-ils identiques ou sont-ils différents ? »

Le maître de la chaire dit : « Pour celui qui est éclairé, ils ont identiques ; pour celui qui n'est pas éclairé, ils sont différents ».

Lin Tsi Lou.








LXXI

Des deux sujets.







L'objet d'une connaissance est ce qu'en fait son sujet.

Cela ne relève déjà plus seulement d'une connaissance mais d'un acte effectif sur l'objet.

Tu as déjà lu plus haut que l'apparition du réel est une opération réflexive, et qu'elle peut se diviser en deux mouvements : celui de faire apparaître le réel, et celui de réaliser l'apparence.

Cette division suppose que l'on puisse discerner deux sujets : le sujet de la connaissance et le sujet de l'acte.





LXXII

De la passe.




Ce qui réunit les deux sujets et fait qu'ils n'en deviennent qu'un est ce que nous appelons « La Passe ».


C'est là le cúur de toute science.





LXXIII

De ce que tu dois d'abord te connaître toi-même.




La connaissance est vraie et sensée si le sujet de la connaissance n'est pas différent de celui de l'acte.

De même le sujet de l'acte est effectivement agent s'il n'est pas étranger au sujet de la connaissance.

Sinon, il est une cause matérielle, comme une clé ouvre la serrure, mais ne ferait rien si une main ne la tournait.





LXXIV

Du passage.







Faire de la compréhension un acte, faire de l'acte une compréhension, cela ne peut qu'être simultanéité : affaire d'un instant.


Aussi vite que tu tentes de passer, tu ne passeras pas assez vite. Tu seras passé avant.


Instant si bref qu'il se confond avec jamais, et pourtant contient toujours.





- * -



Ici prend fin le traité
DE L'INVARIABLE ET DU MOUVANT.
Tout ce qui est écrit est complet,
et ce qui n'est pas dit devait être tu.




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