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Voyages à Bolgobol

À BOLGOBOL

Jean-Pierre Depetris

© 2003

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Cahier VIII
Chez Ziddhâ





Le 24 mai

Les Questions de Milinda

 

       — Où demeure le vent ?

       — Nulle part.

       — N'existe-t-il donc pas ?

                                    Milinda Pañhia

 

Le Milinda Pañhia — les Questions de Milinda — est un classique du Theravada datant du deuxième siècle avant l'ère chrétienne, soit peu après la retranscription en langue pâli du Tipitaka, la parole de Gautama, le premier bouddha, retransmise oralement depuis sa mort (543 avant JC ?).

Milinda est le nom indien du roi grec Ménandre, fils de Démétrios, lui-même successeur d'Euthyménès de Magnésie, descendant de Séleucos Nicator — le Maurya des Indiens — fondateur de l'empire gréco-bouddhiste d'Asie, qui survécut à l'effondrement de celui d'Alexandre, et dont les langues officielles étaient le grec et l'araméen.

Les Questions de Milinda est aussi un livre écrit en pâli, dans lequel Ménandre et le bonze Nâgasena se livrent à un duel rhétorique. On y retrouve à la fois les traces de Platon et les prémisses des écoles du Tchan chinois.

« Vénérable Nâgasena, je vous interrogerai. — Interroge, Mahârâjâ. — Je t'ai déjà interrogé. — Et je t'ai déjà répondu. — Que m'as-tu répondu ? — Que m'as-tu demandé ? »

 

Les peuples du Marmat s'assimilèrent d'autant plus volontiers à l'empire gréco-bouddhiste qu'il faisait cesser pour eux les menaces des Aryens de l'empire achéménide, particulièrement agressif sous les règnes de Cyrus et de Darius. Nulle part ne fut si complet le syncrétisme entre l'Hellénisme et le Bouddhisme, allant jusqu'à l'assimilation de Dionysos-Apollon avec le Bouddha, dont les sympathiques sculptures de darlabats sont les plus visibles survivances.

 

La vallée de l'Oumrouat

On sort de Bolgobol par le Nord, traversant la petite zone industrielle sur les rives Est de l'Ardor. La vallée est large sur une dizaine de kilomètres. Elle est sèche et parsemée de blocs, vestiges des moraines du quaternaire. Les rares champs sont entourés d'amas de pierres patiemment ramassées. Les traces d'avalanches sont nombreuses et la zone est dépeuplée.

On atteint ensuite un large verrou rocheux. La vallée de l'Ardor bifurque vers l'Est tandis qu'on se trouve en face des gorges qui ouvrent celle de l'Oumrouat. À leurs pieds, la raffinerie s'étend sur les deux rives.

On pourrait, de là, prendre la vieille route en lacets de l'autre côté du pont métallique, mais Ziddhâ préfère remonter encore l'Ardor sur quelques kilomètres pour emprunter la nouvelle, qui longe, toute droite, les pentes de l'Af'lor jusqu'à l'entrée de l'Oumrouat.

 

La vallée de l'Oumrouat s'enfonce en arc de cercle jusqu'aux pieds du mont Iblis, au début en direction Nord-Ouest, puis plein Ouest.

La vallée est double. Un nouveau verrou la ferme à mi-parcours. Elle devient très étroite sur un kilomètre, et la dénivellation forte. L'Islam n'a pas pénétré au-delà, et le fond de la vallée est resté bouddhiste.

 

La maison de Ziddhâ est à quelques centaines de mètres d'un hameau ensoleillé aux pieds de l'Af'lor, dont nous avons emprunté la route qui grimpe le versant opposé.

L'Af'lor est un massif rocheux de schiste calcaire qui, surplombant l'entrée de la vallée, s'étire sur une demi-douzaine de kilomètres. Les pentes, au début caillouteuses, parsemées de genévriers et de sapins clairsemés, atteint à mi-hauteur les parois verticales d'une roche aux tons roses et bleu pétrole. Leur sommet fait un long plateau boisé. On le voit d'ici. Ziddhâ m'a dit qu'on y trouve un lac. On a décidé d'y aller.

 

À quoi ressemble Ziddhâ ?

Elle a des yeux légèrement bridés, un nez petit. Elle est à égale distance du type asiatique et caucasien, et ses attitudes ou encore la façon dont elle coiffe ses longs cheveux noirs, accentuent tour à tour l'un ou l'autre.

Je lui trouve quelque chose de mongol, mais c'est certainement à cause des montagnes où elle habite. L'aurais-je rencontrée parmi des palmiers que je lui aurais trouvé quelque chose de malgache ou de cingalais, quoiqu'elle ait la peau assez pâle. Allez comprendre les combinaisons dont sont capables des gènes.

Pour être tout à fait franc, je l'ai d'abord trouvée désagréable la première fois que je l'ai vue : trop volubile, trop prompte aux réponses toutes faites, et un peu poseuse.

De toute évidence, Ziddhâ se plaît et se tient en haute estime, mais elle n'a pas besoin pour cela, comme tant de personnes qui ne sont pas aussi bien assurées de leurs qualités, de se croire supérieure à quiconque. Au contraire, elle a une propension à considérer candidement tous ceux qu'elle rencontre comme des êtres exceptionnels — ce qu'ils sont, naturellement.

 

 

Le 25 mai

Rome et la Chine

Avant l'ère chrétienne, l'Empire Romain s'était largement étendu en Europe et vers l'Asie, et l'Empire chinois des Han s'était consolidé à l'Est. Ces stabilisations créaient de nouvelles instabilités dans leurs périphéries. Les tribus Yue-Tche qui ne pouvaient plus pénétrer en Chine, se retournaient contre les Scythes d'Asie centrale et les repoussaient vers le Sud, jusqu'en Inde qu'ils envahirent en fondant l'empire Saka (nom indien des Scythes). Puis les Parthes, repoussés aussi, envahirent les Sakas. C'est un roi parthe, Gondopharès, que rencontra Paul dans l'Inde du Nord.

 

Les Yue-Tche continuèrent leur descente vers le Sud et fondèrent l'Empire Khushana. Vima Kadphisès réunit au deuxième siècle un empire qui s'étendait de l'Inde à la Mongolie et que son fils Kanishka étendit et affermit encore. Il contrôlait la route de la soie et consolida ses rapports avec Rome et la Chine des Han.

La route de la soie était aussi celle du Bouddhisme Mahayana, dont l'hégémonie ne fut pourtant que superficielle. Les Indiens percevaient de plus en plus comme une entité étrangère la religion qui était pourtant née chez eux.

 

Au cœur de ces bouleversements, le Marmat n'en fut pourtant pas profondément affecté. En complète anarchie pour les uns, géré par des loyias (assemblées) pour les autres, il devient un sanctuaire du Bouddhisme, dont le haut Oumrouat fut le centre.

La redoutable cavalerie scythe n'était pas à son avantage face aux fortifications naturelles autant qu'artificielles du Marmat, et ils furent vite contraints à renoncer aux invasions, mais aussi à accepter des accords commerciaux. Les Parthes durent faire la même chose, et le Marmat n'hésitait pas à lancer de sauvages incursions sur leurs arrières pour étayer ses arguments.

 

Le Marmat et les Huns

Au cinquième siècle, Attila fut considéré dans le Marmat comme un nouvel Alexandre. Les loyias s'engagèrent dans ses ambitieux projets comme pour une croisade. Ils ravagèrent avec lui l'Empire Byzantin entre 441 et 442.

Ils le suivirent en Gaulle avec un peu moins de conviction, mais refusèrent carrément d'attaquer le royaume des Wisigoths en 451. Les Huns furent d'abord défaits par Alaric et Ætius aux champs Catalauniques, non loin de Troyes. L'année suivante, en 452, ils entrèrent en Italie et marchèrent sur Rome. Le Maître Godokanîya, de l'école de l'Oumrouat, et le Patriarche chaldéen de Bassora intervinrent alors pour aménager une entrevue entre Attila et le pape Léon 1er. Elle ne déboucha sur aucun accord connu, mais les Huns cessèrent de piller l'Italie. L'Orient avait opté pour un monde multipolaire, comme on dirait aujourd'hui.

Le souvenir de ce qu'ils vécurent comme une trahison était encore vivace chez les Huns blancs de l'Altaï, quand ils descendirent jusqu'au Gandhara et dans l'Hindou-Kouch, entre 528 et 568. Encore une fois, ils durent contourner les montagnes du Marmat.

 

Au bord de l'eau

« Karl Marx a été le premier à employer deux paradigmes qui ne cessent de devenir toujours plus opératoires : celui de programme et celui de système. » Affirme Ziddhâ.

Nous sommes assis dans l'herbe, au soleil, sur les rives de l'Oumrouat, près du barrage de la cluse qui ferme le fond de la vallée. La politique des petits barrages permet une autonomie locale de l'énergie, avec de très faibles déperditions, tout en prévenant les crues. Des stations d'épuration leur sont souvent associées, bien que l'extraction du schiste, en l'occurrence, ne soit pas polluante. Elle rend seulement terreuse sur quelques centaines de mètres l'eau de deux ou trois torrents.

 

— Je veux bien admettre que système et programme sont les deux concepts fondamentaux dans l'œuvre de Marx. Je t'accorde aussi qu'il les emploie dans un sens qui n'est pas étranger à celui qu'ils ont dans l'informatique, mais je ne vois aucune solution de continuité entre le marxisme et la commande numérique.

— Ce n'est pas si exact, me répond-elle. Elle est seulement oblitérée par une lecture occidentale essentiellement sociologique, ou parfois tiers-mondiste et obsédée par la rente foncière.

— Ça ne change rien, insisté-je, le travail de Marx n'a pas apporté un grand secours aux inventeurs de l'ordinateur.

— Quand bien même, reprend Ziddha, ça ne donne que plus de portée à son approche, en émancipant ces deux paradigmes du seul champ d'une technique dans laquelle ils trouvent aujourd'hui leur application expérimentale.

 

Le barrage crée un plan d'eau avant le verrou rocheux. Il élargit la rivière et ralentit le courant qui reste cependant assez vif pour empêcher l'eau de croupir. Elle est fraîche, malgré le soleil chaque jour plus haut, mais supportable en nageant vigoureusement.

Nous nous laissons sécher maintenant sur la rive en déjeunant. Nous avons pris grand soin de protéger nos vêtements des sauterelles déjà nombreuses et particulièrement voraces. Une guêpe gourmande vient parfois voleter sur notre repas, apparemment insoucieuse des toiles d'araignées tendues entre les branches basses et la rivière. La dépense de calories et la vision de tout ce petit monde affamé m'ont ouvert l'appétit.

 

— Tu ne trouves donc pas que le Marxisme soit dépassé ?

— Dépassable, sans doute, mais dépassé, certainement pas ; même pas critiqué.

J'ai du mal à cerner la pensée de Ziddhâ, comme d'ailleurs la façon de penser de la plupart des gens que je rencontre ici. Nous avons tous une façon de voir qui dépend d'où nous voyons, et il est souvent difficile de la distinguer d'une façon plus personnelle de penser à partir d'où nous sommes. Je sais bien que j'ai moi-même une façon très française de penser, mais je ne pense pourtant pas comme n'importe quel Français. Il est dur alors de comprendre quelqu'un quand on ne perçoit pas encore de telles différences. J'interroge donc Ziddhâ.

 

Les réponses de Ziddhâ

— Ziddhâ, je t'interrogerai. — Interroge, Ar Rumy. — Je t'ai déjà interrogé. — Et je t'ai déjà répondu. — Que m'as-tu répondu ? — Que m'as-tu demandé ? 

— En quoi le marxisme est-il dépassable, s'il doit être dépassé ?

— Il est tout d'abord dépassable dans l'articulation sur laquelle il repose entre des infrastructures — disons, industrielles — et des superstructures — disons, institutionnelles. Karl Marx n'a pas pu concevoir, entre les deux, les fonctions du langage, et la construction, d'un côté, de paradigmes utilisés dans l'autre. Il y aurait eu alors une rencontre des plus fertiles avec les travaux de son contemporain Charles Sanders Pierce. Une telle théorie du langage aurait donné aux concepts de système et de programme toute leur force opératoire.

Au lieu de cela, il a plutôt réduit les infrastructures à de simples rapports socio-productifs, donc à des rapports entre les hommes, plutôt que d'y voir essentiellement des rapports techniques de l'homme et la nature.

— Je crois qu'il avait devancé de telles critiques dans les Manuscrits de 1844. Mais je ne voulais pas interrompre ton explication, dis-je en me reprenant.

— Tu as raison, au contraire, c'est en ce sens qu'on doit aller plus loin que lui. Il manque un terme entre, d'un côté des rapports des hommes à la nature que sont le travail, les techniques, les sciences, et de l'autre, les rapports de pouvoir entre les hommes.

— De fait, la critique marxiste de l'économie n'étudie-t-elle pas le capital comme un langage ?

— Oui, comme un langage système justement. Je te renvoie donc à tes premières remarques : ne trouves-tu pas que ça ne débouche alors sur rien de bien consistant ? Il n'y a même pas un rapprochement avec la théorie pragmatique du signe.

 

Il me vient à l'idée d'évoquer les écrits de Sorel, de Bernstein et même de Dewey, mais je me dis que nous nous retrouverions alors dans la même situation que Socrate et Protagoras dans le dialogue de Platon, chacun finissant par défendre le point de vue qu'il attaquait au départ. Je suis de toute façon d'accord avec sa dernière remarque.

— Marx attendait des travailleurs qu'ils cessent d'être déterminés par un système d'exploitation jusqu'à en être hallucinés, pour en devenir les programmeurs ; mais, continue-t-elle, sa critique de l'économie à finalement tourné court, et n'a pas échappé à l'idéologie économiste qu'elle prétendait dépasser.

— Oui, je comprends que ce principe programmatiste a une longue portée. Il remet au moins en question le dilemme fondamental de la « philosophie naturelle » (puisque c'est ainsi qu'on a d'abord appelé la philosophie de la science) : cette insoluble contradiction entre un déterminisme qui n'est qu'une forme sophistiquée de fatalisme, et la liberté de l'esprit sur laquelle la science se fonde tout en la renforçant.

— En effet, la programmation ordonne la causalité, dans le sens où elle l'articule comme un langage et qu'elle la commande. C'est rendre à l'homme ce qu'on avait prêté à Dieu.

C'est à la fois une libre interprétation (ijtihâd), un acte existanciant (ijâd) et une lutte du travail (jihâd al acmal). Je traduis ici comme je peux, car elle vient d'abandonner l'anglais pour l'arabe, en employant des termes historiquement connotés, qui n'ont pas d'équivalents bien définis et que je ne comprends pas parfaitement.

Je l'interrogerai peut-être une autre fois. Pour l'heure, les branches sur nos têtes ne nous protègent plus du soleil qui frappe ici dangereusement.

 

Il y a des gens dont on ne voit pas le corps. Même en maillot, on ne voit que leur maillot. Même nus, parfois, on ne voit que leur nudité. Avec Ziddhâ, c'est le contraire. Même entièrement vêtue, on perçoit son corps, on le sent très nettement sous la toile. Je me demande bien comment une telle chose peut s'expliquer, ou seulement se décrire.

Son corps est pourtant fin, presque fragile quoique vigoureux, mais les vêtements dont elle le vêt ne le masquent pas. Ce doit venir de la façon dont elle se tient. C'est ce que je me dis tandis qu'on se rhabille après avoir séché.

 

 

Le 26 mai

Le Haut Oumrouat

La vallée de l'Oumrouat est plus profonde que celle de Bin Al Azar. C'est sans doute une raison pour laquelle le Bouddhisme y a survécu. Le haut de la vallée est très riche en schiste. J'observe une fois encore cet art qu'ils ont ici pour bouleverser les paysages grandioses, par leur architecture et les installations industrielles. Des carrières ont déjà largement croqué les pans de la vallée, la jonchant de leurs hangars de tôle, leurs tuyaux de drainage, leurs tapis roulants et leurs excavatrices. Pour être honnête, le paysage n'en est pas moins grandiose. Seulement un peu plus étrange, dirais-je.

 

De petits villages noyés dans des trous de verdure sont perdus dans l'immense vallée, sèche et caillouteuse. Des pointes de stupas dépassent parfois des toits, comme des clochers des Alpes.

Le fond de l'Oumrouat paraît plus sauvage que la vallée de la Barsse. Les maisons sont plus basses et plus massives. Les granges en bois y semblent posées comme sur des socles de pierres, et des fagots colmatent parfois les espaces vides entre des planches.

Ils font des barrières de fagots qu'ils attachent à de longues branches pour protéger des bêtes leurs potagers ; ou encore des murs de fagots, solidement fixés à des pieux, pour retenir la terre.

 

Les stupas sont des monuments funéraires ou commémoratifs du bouddhisme, en forme de dôme plein, élevés sur des reliques de saints ou de religieux éminents. Ils ont ici la forme de tours carrées de tailles variables. Des toits en flèche les surmontaient à l'origine, dont les extrémités basses étaient retournées vers le haut, dans le style extrême-oriental, et dont la pointe était rompue d'un ou de plusieurs bulbes. Le temps les a fait disparaître, et seuls les plus récents ressemblent de loin à des clochers, à moins que ce n'en soit quelques-uns qui aient été restaurés.

Leur granite porte des bas-reliefs relatant la vie de bouddhas, parfois des mandalas. La mousse les recouvre, mais la pierre a bien résisté.

 

Le Mont Iblis

Nous avons roulé jusqu'au fin fond de la vallée, et avons marché encore jusqu'au monastère Mérou Anta, le plus important sanctuaire du Bouddhisme du Marmat, juste en face du mont Iblis. Ziddhâ voulait me faire voir les stupas creux.

Les stupas de Mérou Anta sont des mégalithes de trois mètres environ, sans aucune gravure ni inscription. Ils sont là, plantés sans ordre apparent au milieu des éboulis, derrière le monastère, parmi un entrelacs de sentiers qui grimpent jusqu'au massif.

Ils se prolongent sans transition parmi les gigantesques blocs au pied de la paroi. Les stupas sont alors taillés directement à même le roc, dont ils restent solidaires, puis, peu à peu, leurs mêmes formes sont excavées : les stupas sont taillés en creux dans le granite.

 

Aucune végétation ne pousse en ce lieu. On l'appelle Le Jardin des Stupas de Vacuité. Le dos à la falaise, on est en face du mont Iblis. C'est de là qu'on distingue le mieux les gigantesques éoliennes qui fournissent l'électricité aux villages du haut de la vallée et aux exploitations de schiste.

Encore une fois, je crierais bien au vandalisme. Pourtant ces longues pâles qui tournent lentement me bouleversent et m'apaisent plus qu'aucune autre chose ne pourrait le faire ; surtout quand on entend soudain les voix des moines entamer un soutra, et déverser dans la mer de montagnes et de nuages qui nous fait face, ces paroles monotones, égrainées sans autre mesure que celle des grandes ailes blanches.

 

 

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