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Voyages à Bolgobol

À BOLGOBOL

Jean-Pierre Depetris

© 2003

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Cahier III
La Barsse





Le 2 mai

Le matin à Bin Al Azar

La fenêtre est étroite dans le mur épais, blanchi à la chaux. Le rebord intérieur est recouvert d'un morceau découpé de toile cirée représentant des fruits. Sur le côté, un petit miroir tient à un clou fiché dans le mur.

La pièce est petite, le plancher fait de grosses lattes dépolies et irrégulières. Les meubles sont en bois massif, sans décoration. Un bouquet de chardons dans un vase trône sur la table, devant la fenêtre aux montants de bois.

Une moustiquaire protège des insectes et des mouches que les bergeries attirent nombreuses. D'assis, je ne vois que la roche en à-pic, la forêt et les éboulis du Mont Marago, en face, qui semblent tomber à la verticale derrière le fin maillage.

Quand je me penche, j'aperçois le haut d'un toit d'ardoise, dont le bord inférieur rejoint presque le niveau du chemin de terre qui tient lieu de rue.

 

Ce voyage a pris un tour inattendu. Je souhaitais parcourir les villes, faire les musées et les librairies, et je me retrouve au fin fond d'une vallée perdue. Il est vrai qu'ici, cet arrière-pays fait, sous certains aspects, un peu fonction de centre.

 

Le Premier Mai à Mardog

Hier, nous avons rejoint la manifestation des syndicats à Mardog. Beaucoup de travailleurs de l'usine habitent la vallée, cultivant des terres qui autrement leur permettrait difficilement de vivre, ou élevant des bêtes. Plusieurs fois par jours, de vieux cars font la navette entre l'usine et les villages. Aussi, nous étions six dans la voiture.

Il n'y a qu'un seul syndicat officiel, mais qui en fédère plusieurs autres qui le sont moins, m'a-t-on expliqué.

 

Devant les portes de l'usine, sur la terrasse ensoleillée de l'hôtel-restaurant bar-tabac épicerie marchand de journaux, les chaises vides sont déjà rares avant le rassemblement. Les gens d'ici sont étonnamment calmes et silencieux, polis, presque cérémonieux, si ce n'était quelque chose d'à la fois grave et amusé dans le regard.

Des fleurs dans des bacs délimitent la surface de la terrasse sur le large trottoir de ciment. En face, derrière le mur d'un vaste hangar, les cimes ferment l'horizon, et les fumées blanches que déversent quelques fines cheminées se confondent à la neige et à quelques petits nuages cotonneux qui s'accrochent aux roches.

Beaucoup d'hommes de tout âge, peu de femmes, plutôt jeunes, conversent en panlazi autour des cafés fumants et des verres de vin de noix. Bien que je n'en comprenne pas un mot, leur langue paraît soutenue : de longues périodes ponctuées de rythmes complexes, parfois interrompues de grands silence qu'aucun interlocuteur ne rompt, ou qui fait naître des sourires amusés sur tous les visages.

 

Le rassemblement se fait dans le plus grand désordre, sans aucun signal apparent. Tout le monde se lève pour remonter le large boulevard et rejoindre la place où se dresse une sorte de kiosque de pierre. Des drapeaux rouges, quelques-uns noirs, d'autres rouge et noir, quelques drapeaux palestiniens et irakiens, d'autres que je n'identifie pas, surgissent spontanément, tandis que retentit l'Internationale en palanzi.

Quand je vois un homme s'avancer vers le micro, sur le kiosque, je m'attends à un discours. Il lit un poème. Puis d'autres le suivent, tandis que des tracts sont distribués dans la foule. Peut-être devrais-je dire échangés, tant il y en a de différents qui passent de main en main. Pendant que le récital de poésie se poursuit pour les premiers rangs attentifs où se mêlent de nombreux enfants, des conversations s'improvisent derrière eux, autour des tracts et de ceux qui les distribuent.

 

Manzi m'apprend que les syndicats demandaient officiellement au gouvernement d'exiger de l'ONU la constitution d'une coalition pour libérer le peuple des USA de la dictature. Comme je lui demande si l'on doit le comprendre au premier degré, il me répond, mi-amusé mi-sérieux :

« Très bonne question. On ne se demandera jamais assez où est le premier degré en politique. »

 

Le 3 mai

L'épicerie de Fordoc

Fordoc est le plus grand village de la vallée. Après lui, la route n'est plus goudronnée. Il est le seul à posséder une épicerie qui, dès le printemps fait buvette. On y vend aussi les journaux, du tabac, et à peu près tout ce qui est susceptible d'être vendu.

L'épicerie de Fordoc a un important rayon de poésie, qui m'est malheureusement inaccessible car elle est en langue panlazi — très dialectale, paraît-il. Il est principalement constitué par la production de la vallée : petits livrets en format A5 agrafés, tirés sur des imprimantes laser.

La poésie est une affaire sérieuse ici, et la versification un grand sujet de conversation. À tout propos, les gens vous citent des vers.

 

D'après les sources officielles, nationales et internationales, l'édition serait à peu près inexistante dans le pays, réduite aux presses universitaires, à celles d'état, et à quelques éditeurs privés se consacrant presque exclusivement à des ouvrages touristiques. Les librairies seraient plus rares encore. Dans les faits, on trouve des livres partout, des éditions la plupart du temps pirates, dans toutes les boutiques.

 

L'épicerie de Fordoc vend aussi des livres en arabe, en anglais, et même en farsi. Les ouvrages en anglais concernent surtout l'informatique et la programmation : The GNU Project, licences and documents ; The Cathedral and the bazaar, The Art of programming Unix according to the Zen Method... On trouve aussi quelques classiques d'occasion : Walt Whitman, Leaves of Grass ; William James, The Meaning of Truth ; John Locke, An Essay concerning Human Understanding, et quelques romans de science-fiction.

Un titre en arabe m'a profondément troublé : Af Frotagorassy, Al Kitab Al Insân. Manzi m'assure qu'il s'agit bien du Traité de l'Homme de Protagoras, mais il ne s'engage pas sur son caractère apocryphe.

 

Il ne nous est resté que d'infimes fragments des Sophistes grecs, après l'incendie de la Grande Bibliothèque d'Alexandie. D'autres versions en auraient pourtant été conservées à Damas, l'autre capitale grecque d'Orient, qui auraient été ensuite emportées à Bagdad, où elles auraient été traduites pas Junayad et ses élèves au troisième siècle de l'Hégire. Ces traductions auraient rejoint le Marmat au sixième siècle.

« Les originaux ont certainement disparu au cours de la prise de Bagdad par les Mongols, sinon, les occupants US auront fait ce qu'il fallait cette fois, m'assure Manzi. » Pour lui, il ne fait aucun doute que le pillage des bibliothèques et des musées était un objectif de guerre du Pentagone, dans son souci de faire table rase d'une Histoire dans laquelle les USA n'ont pas de place.

 

Un ordinateur dans une valise

Tant qu'elle est fermée, elle n'a rien de suspect. Quand vous l'ouvrez, vous sortez le clavier, les câbles, roulés dans le coin gauche, le lecteur de disquette. Tout est prêt à l'emploi. Il ne manque qu'un moniteur.

Une prise péritel permet de se satisfaire d'un écran de télévision.

 

Je suis surpris de voir combien l'informatique est entrée dans les mœurs, qui, à part cela, sont restées plutôt traditionnelles. Dans la vallée, rares sont les foyers qui n'ont pas un ordinateur. Ils sont souvent reliés en réseau sur un serveur commun au voisinage.

Avec le cours de la monnaie locale, il ne faut pas s'attendre à trouver du matériel neuf, mais nombreux sont ceux qui ont cultivé un talent surprenant pour le bidouillage du matériel, autant que pour programmer : vieux mais puissant processeur soviétique, barrettes de mémoire taïwanaises, disque dur Thomson, carte mère d'Amiga...

Chaque village a ses spécialistes, qui vont dépanner les voisins : l'un, virtuoses du fer à souder, l'autre des réseaux, un troisième des systèmes. On leur donnera quelques œufs, un lapin, un mouton, jamais d'argent.

 

Dans l'épicerie de Fordoc, on trouve des quantités de pièces, en vrac dans de gros cartons : cartes mères, tours à moitié vides, disques durs, câbles divers...

 

 

Le 4 mai

La passerelle près de Fordoc

La rivière est déjà large près de Fordoc, mais pas très profonde. Un pont de bois conduit du village dans la forêt. C'est un ouvrage à la fois rustique et impressionnant par sa longueur.

Il est partiellement maintenu par des filins attachés à d'épais montants de bois sur chaque rive : deux grosses poutres reliées entre elles dans leur partie supérieure par quatre étais, deux horizontaux et deux en croisillon.

 

À moins d'un kilomètre en longeant la Barsse vers l'aval, là où la forêt semble s'élever à la verticale vers un piton rocheux en aplomb de la vallée, on atteint une clairière entre les bois et la berge. Un ruisseau la traverse, surgissant d'un amas de rochers.

Un des plus gros blocs, presque cubique, ne s'est pas enfoncé dans le sol. En partie soulevé par des rochers plus petits qu'il écrase, il a laissé sous lui une surface, une sorte de grotte. Un mur de pierres sèches en ferme l'entrée, aménagé d'une minuscule fenêtre.

À l'intérieur, le sol de terre battue a peut-être été creusé. Le lieu semble ne pas avoir été utilisé depuis longtemps. Un ermite a-t-il vécu ici ? Le plafond est bas, mais la salle relativement grande.

 

Al Mutasawwifa

J'ai commencé à lire le livre de Protagoras acheté hier. Le préfacier pense, comme Manzi que le terme Motasawwif, (Soufi), ne vient pas de l'arabe Sûf, mais du grec Sophia, et que Motasawwifa désigne les sophistes arabes, comme Motazilistes désigne les stoïciens, « ceux du portique ». Il s'attarde longuement sur l'origine de ces deux écoles qui s'éclairent mutuellement.

Damas, capitale du Motazilisme, fut d'abord, bien avant l'Islam, la ville d'Épictète et d'Éon, qui influencèrent durablement cette métropole intellectuelle de l'Orient Gréco-Romain. Comme le montrerait seulement une lecture attentive du Manuel d'Épictète, les philosophes hélénisants de Damas étaient déjà monothéistes dans l'antiquité, mais d'un monothéisme qu'on pourrait qualifier du néologisme de théiste.

Privilégiant largement la vision directe (mu'âyanat) à la vision intérieure (muchâhadat) et, plus encore, à la spéculation (Kalâm), ils étaient prédisposés à épouser l'Islam, particulièrement sensibles à sa condamnation de toute idolâtrie, de toute représentation, de toute association accessoire de caractères et d'attributs au Créateur, au risque même de l'identifier à la réalité immanente de sa propre création. Soupçons qui ne manquèrent pas de tomber sur les ouvrages d'Al Kindy.

On pourrait donc considérer les Motazilites comme des sortes d'aristotéliciens critiques qui flirtaient avec les athées (mulhidûn), et provoquaient les réactions des théologiens et des mystiques.

Pour autant, ce serait une erreur d'associer les mutasawwifâ à une telle réaction. Sur le fond, ils étaient peut-être plus iconoclastes que les motazilites. Ils s'attaquaient à la dernière idolâtrie de ces derniers : le langage.

 

Al Kitab al Insân

Le Traité de l'Homme n'est pas très gros. Protagoras y développe ce précepte qui est resté attaché à son nom : quoi que dise un homme, ce qu'il dit ne saurait être faux.

Le préfacier insiste sur l'actualité que prenait un tel propos au troisième siècle de l'Hégire, quand les Musulmans cherchaient leur voie entre expérience spirituelle, si ce n'est intellectuelle, et institution politique dans laquelle ils visaient, à travers la reconnaissance d'un Dieu unique et de la succession de son Prophète, non seulement à se fédérer entre eux, mais aussi à intégrer des croyants de tous les monothéismes, et même des religions exotiques, mazdéenne, indiennes et autres.

 

« Si un homme te dit que tout ce qu'il dit est faux, le croiras-tu ? Si oui, tu ne pourras le croire, mais dans ce cas, pourquoi ne le croirais-tu pas ? »

« Si un homme te dit que tout ce qu'il dit est vrai, en quoi ta confiance ou ton doute y trouveraient de meilleures prises ? »

 

« Quand il est question de "vrai" ou de "faux", c'est comme si l'on te proposait une représentation (tanthîl) qui s'accorderait ou non avec la réalité (haqq). Or, ce dont il est question, c'est de la réalité (haqqiqat) de cette représentation. »

« Si les représentations sont multiples, versatiles et infinies, la réalité est une (wahid). Aussi, la réalité de la représentation est sa capacité de réalisation (muhaqqiqûn). »

 

 

Le 5 mai

La scierie de Fordoc

La scierie, à l'entrée de Fordoc est la seule industrie de la vallée. Elle est construite au bord d'un torrent, affluent de la Barsse. On y trouve encore les ruines d'un moulin qui actionna longtemps ses grandes scies et ses palans. Il est maintenant couvert de ronces et de mousses.

En suivant le chemin, de l'autre côté du torrent, on atteint un bassin de rétention dans lequel l'eau ruisselle en cascade des murs moussus où court un canal jusqu'où étaient les pales du moulin. L'eau est claire et peu profonde. Elle reflète le ciel et le fouillis des branches qui la cache au regard jusqu'au dernier moment.

Les fougueux torrents de la vallée ont toujours été pour ses habitants une source inépuisable d'énergie qu'ils exploitent depuis l'antiquité. Des moulins en ruine de toute époque longent la Barsse, qui ne servaient à l'origine qu'à moudre le blé. Maintenant, ils en tirent l'électricité. Ils ont fait le choix de multiplier les petites centrales communales, qui produisent chacune peu de kilowatts, mais bien assez pour leur usage.

En plus des poutres, planches et meubles divers, la scierie de Fordoc est la principale productrice de figurines animalières.

 

 

Le 6 mai

Depuis deux jours, je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire. Rentré tard, je relève mon courrier.

Ces trois derniers messages de Pierre-Laurent Faure ont-ils leur place dans mon journal ? Ils la prendront.

 

Delivered-To: online.fr-jdepetris@silex.fr/ Date: Fri, 02 May 2003 16:02:55 +0200/ Subject: Re: Journal de voyage/ From: "faure" <pierre@vieuxport.org>/ To: depetris <jdepetris@silex.fr>/ X-Priority: 3

 

Cher Jean-Pierre,

Je viens de prendre connaissance de ton journal de voyage, avec surprise d'abord, puis avec plaisir. J'ignorais que dans la foulée de l'histoire du Capitaine tu avais mis sur pied ce déplacement. Tu sembles désormais bien installé. L'idée m'est venue de te rejoindre. Certes, j'ai déjà entrepris toute sorte de voyage et de nombreux sont encore en projet. Je n'avais jamais songé encore à explorer la région où tu t'es installé depuis maintenant 3 semaines et qui est a priori fort éloignée des espaces dans lesquels je me rendrais plus volontiers. Pourtant quelque chose me pousse à fouler à mon tour cet Orient. Peut-être pour t'y retrouver, peut-être simplement pour en avoir ma propre vision. Il ne serait en effet pas très élégant de ma part de m'imposer à tes amis.

Continue à me faire parvenir tes notes. Je vais mettre un peu d'ordre dans les miennes, peut-être trouverais-je une excuse qui stoppera net mon projet, à moins que quelques billets égarés se révèlent assez conséquents pour m'envoler rapidement.

Ici, la lumière est intense. Et comme je ne supporte pas de porter des lunettes de soleil et que mon regard refuse de ne pas regarder, je me fais mal aux yeux.

—pierre@vieuxport.org

 

Delivered-To: online.fr-jdepetris@silex.fr/ Date: Sat, 03 May 2003 19:40:19 +0200/ Subject: lien/ From: "faure" <pierre@vieuxport.org>/ To: depetris <jdepetris@silex.fr>/ X-Priority: 3

 

Cher Jean-Pierre,

Tu as raison. Tu peux donc proposer un lien vers mon site. Je n'y ai fait que très peu de corrections. Cela viendra. Il est largement lisible et contient un lien vers ATC. Je prendrai le temps de corriger les multiples petits problèmes.

Afin de prendre ma décision d'une éventuelle escapade vers Bolgobol, je m'instruis auprès du texte de Hakim Bey dont tu m'as donné le lien. Vos deux textes sont pour moi un nouveau pas essentiel — que de pas essentiels ces derniers jours. Tel l'imbécile heureux, je me sens concerné de très près.

Je poursuis,

—pierre@vieuxport.org

 

Delivered-To: online.fr-jdepetris@silex.fr/ Date: Tue, 06 May 2003 16:19:07 +0200/ Subject: Te revoilà/ From: "faure" <pierre@vieuxport.org>/ To: depetris <jdepetris@silex.fr>/ X-Priority: 3

Cher Jean-Pierre,

C'est étrange, tes deux derniers messages viennent de me parvenir à l'instant, alors qu'encore ce matin j'ai interrogé, bredouille. Je craignais qu'il te soit arrivé quelque chose à Bolgobol.

Mais je m'inquiétais pour rien. C'est un point de vue local qui m'a induit en erreur. J'ai remarqué au cours de mes nombreux déplacements que l'agressivité physique était rarement de mise. C'est plutôt un écoulement du temps et une organisation différente des communications qui sont la cause des inquiétudes de nos proches restés chez eux.

Dans ton cas, le problème provenait de mon installation, j'aurais dû réagir plus tôt puisque aucun message ne me parvenait. Mais comme tu étais ailleurs, dans un lieu inconnu, il était plus facile de penser que les ennuis étaient pour toi.

Je ne m'étends pas davantage, la vie d'ici n'attend plus que moi pour se dérouler comme prévu,

—pierre@vieuxport.org

 

Je me demande si l'on se sent vraiment plus proche qu'aux temps de Jihad Abd Al Haqq, quand on n'avait que ses jambes, ou celles des mulets, pour porter une missive de Bin Al Azar jusqu'à, peut-être, Digne, Bassora ou Hang-Tcheou au Kiang-Si.

Il est pourtant devenu si simple de se parler d'un bout à l'autre de la planète. Était-ce si différent ? Peut-être pas. Cette proximité était déjà assurée par la gravité qui nous lie à la terre, et elle se conjugue toujours aux mêmes étendues sauvages, horizons marins, parois rocheuses, forêts de mélèzes ou clignote le jour, immenses nuages que la perspective distord.

Aujourd'hui, le vent est très sec. Il est resté frais toute la journée, malgré le soleil brûlant.

Très souvent, avant de m'endormir complètement, entre le rêve et l'éveil, mon esprit est dans de vastes espaces : longues digues sous les nuages, lourdes ramures sur des chemins ombreux, vallées sinueuses où serpente un torrent entre ses larges plages de galets. Quand mon esprit se vide, c'est ce qui reste au fond.

Autant que la présence de ceux qui les écrivent, ces courriers me font sentir celle de la terre.

 

 

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