PREMIER JEU DE PROPOSITIONS

    1. Un texte est un assemblage de signes qui font partie d’une police de caractères.
    Une police est un jeu complet de caractères avec lesquels on peut composer un texte. Ainsi, un signe est-il un caractère dans la mesure où il appartient à une police. Ces caractères peuvent être tracés avec un crayon ou composés avec tout autre procédé mécanique ou informatique.
   
    2. Un texte peut être recopié. En d’autres termes, il est éditable.
    Quelle que soit la forme matérielle d’un texte : texture du papier, taille des polices, couleur de l’encre…, elle peut être changée sans que le texte ne cesse d’être le même.
    Écrit à la main ou composé en Helvetica ou en Palatino, un texte demeure identique, et cela est inhérent à sa nature même.
   
    3. Un texte est prononçable.
    Un texte est aussi la transcription graphique d’une parole. C’est à dire qu’un texte est toujours écrit dans une langue naturelle.
    Généralement nous n’appelons pas texte des équations mathématiques ni des partitions musicales. Naturellement il n’y a pas de frontière bien nette entre langages mathématiques, langages logiques, langages de programmation et langues naturelles.
    Les langues naturelles sont caractérisées par un double système de signes, les uns, sonores, sont des phonèmes, les autres, graphiques, sont des caractères.
    Chaque articulation de phonèmes doit pouvoir être converti en caractères lisibles, et chaque articulation de caractères doit être prononçable.
   
    4. Un texte doit être traduisible en une autre langue naturelle. Ceci est un corollaire du troisième jeu de propositions. Un autre corollaire est que le texte peut être traduit dans la même langue. En d’autres termes, il est paraphrasable.
   
   
    Le texte est dont une combinaison de caractères éditable, prononçable et paraphrasable.
    Ces quatre jeux de propositions donnent, je pense, une définition complète du texte, mais elles contiennent de nombreuses difficultés pour une observation plus fine, et c’est précisément ce que je m’apprête à faire. Avec cette quadruple définition, cependant, il sera peut-être possible de ne pas se perdre.