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MÉTHODE RAISONNÉE POUR ÉCRIRE AVEC UN ORDINATEUR

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III. L’ÉDITION DE TEXTE


Encore une fois, ce travail ne prétend pas se substituer aux manuels des outils que l’on utilise, moins encore à la consultation des manuels de grammaire et de typographie.

Les correcteurs grammaticaux, orthographiques, et les dictionnaires des synonymes fournis avec les traitements de texte ne dispensent pas non plus d’avoir recours à des applications externes.

Avec cela, je n’aurai plus grand chose à ajouter à l’écriture sur un traitement de texte, si ce n’est trois ou quatre points à retenir.

1. Tenir compte de la fluidité du texte sur un ordinateur, et toujours se dire que le texte "réel" est le fichier numérique, qui peut toujours être imprimé à nouveau, et non les pages imprimées, qui nous laisseront bien embarrassés si nous n’en avons plus le fichier.

2. Selon ce principe, il est recommandé de créer des tables ou des index avec des liens actifs dans ses textes, qui nous permettront d’atteindre le chapitre ou le passage qui nous intéresse d’un simple clic.

Les traitements de textes possèdent généralement des outils à cette fin. Leurs liens se mettront automatiquement à jour si la pagination change. Sinon on peut trouver des outils indépendants qui s’en chargent.

3. Il peut être souhaitable de ne pas se priver non plus de liens externes avec d’autres documents cités, sur l’internet, sur son propre disque dur ou sur des supports annexes, ou encore sur un réseau interne. Ces liens pourront être automatiquement mis à jour lors d’une conversion ou à l’aide d’un gestionnaire de site.

4. Selon le même principe de la fluidité du texte, il est recommandé d’ancrer au texte les images, les tableaux et les autres objets, qui se déplaceront avec lui si la pagination change.

Vu les ressources, la complexité et l’importance du format HTML, nous lui consacrerons le reste de ce chapitre.

 


L’ÉDITION HTML

 

Il est facile d'éditer du HTML. Il suffit d'enregistrer son document de travail au format HTML. On peut même automatiser cette opération. La plupart des traitements de texte offrent le moyen de créer des liens internes et externes qui seront convertis dans l'exportation. Il est ainsi possible de construire des sites entiers sans rien connaître de tout ce qui précède.

Il sera certainement impossible de maîtriser parfaitement et tout à la fois, la mise en page, les polices, les alignements, les espaces insécables, certains caractères spéciaux, etc. Le résultat pourra cependant ne pas réserver de trop mauvaises surprises.

Aller plus loin demandera d'utiliser un éditeur de texte et compliquera sensiblement les choses. On ne pourra certainement pas faire l'économie d'apprendre au moins partiellement le code et la syntaxe du HTML.

La principale difficulté pour éditer du HTML tient à ce que ce ne sont pas les mêmes outils qui permettent d'écrire un texte et de construire un site. Le plus important est de s'assurer au moins que les deux applications travaillent sur la même version du HTML.

Il existe quatre versions du html, numérotées de 1 à 4, avec des versions intermédiaires dites transitional. Il existe aussi du XHTML, forme hybride entre HTML et XML (voir chapitre XML).

La version est inscrite en tête de chaque page:

<DOCTYPE HTML PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.0//EN>




I COMMENT METTRE EN PAGE DU TEXTE EN HTML


Avant toute question technique, s’en pose d’abord une de convention. L’imprimerie a depuis l'origine adopté des conventions, tantôt fondées sur la nécessité, tantôt sur la commodité de la lecture ou de l’impression. Le web en a choisi d'autres.

Conventions


PAGES IMPRIMÉES
PAGES WEB

Pages Justifiées

Fer à gauche

Alinéas en début de paragraphes

Espace après chaque paragraphe

Marges (intérieure pour la reliure, extérieure pour tenir le livre ou le cahier en main)

Pas de marges (rendues inutiles par la barre de défilement)

Sauts de pages

Lignes horizontales
(Convertis automatiquement par certains logiciels lors d’une exportation)



Observons que la page imprimée est nécessairement circonscrite à la surface du papier, tandis que la page web est déroulante, sans limitation précise de hauteur, et contient tout le document, quel que soit le nombre de pages nécessaire pour l’imprimer.

Le tableau ci-dessus montre comment un texte sera automatiquement converti en HTML à partir d’un traitement de texte. Une telle convention en vaut une autre, et il n’y aurait pas de raisons particulières pour ne pas l’adopter, si ce n’est que ni la conversion dans l’autre sens, (l’ouverture et l’enregistrement sur un traitement de texte par exemple), ni l’impression à partir du navigateur, ne feront le chemin inverse vers les conventions de l’imprimerie. (Nous verrons plus loin comment y remédier.)

Évidemment, rien ne nous interdit d’adopter les conventions du web pour les pages imprimées, mais il n’est pas impossible non plus d’appliquer les conventions de l’imprimerie aux pages HTML, et cela avec d’autant plus de raisons que, si des pages html constituent un volume assez important, elles seront vouées à l’impression. La forme imprimée reste la plus adaptée à la lecture en toute position et en tout lieu, et surtout à l’annotation.



Le problème des navigateurs


La principale différence entre l’écran et l’imprimé demeurera toujours incontournable, puisque sa suppression ferait perdre à l’ordinateur tous ses avantages : il s’agit de la fluidité du texte à l’écran. (Ou plutôt, le problème est résolu avec le format pdf, mais il nous ramène aux limites de la feuille imprimée.)

Si nous choisissons de nous en tenir aux conventions du web, la conversion d’un texte mis en pages sur un traitement de texte en une version HTML ne posera aucun problème. On doit seulement savoir que le texte converti par défaut pourra prendre les formes les plus diverses. S’il a été par avance bien composé, les bouleversements d’apparence ne devraient l’altérer en rien. Les objets suivront le texte s’il y ont été ancrés, les sauts de ligne seront à leur place, etc…

Retenons que notre texte pourra ne plus être affiché dans la même police, qu’il s’adaptera à la taille de la fenêtre, que l’utilisateur aura la possibilité de grossir ou de rapetisser la taille des polices, et par là d’accroître ou de diminuer le nombre de mots par lignes et donc le nombre de lignes par page s’il l’imprime.

Selon comment notre page a été conçue, cela ne posera aucun problème. Dans d’autres cas, notre travail sera sérieusement altéré. On doit donc savoir qu’il existe une quantité de commandes permettant de contrôler la façon dont notre page s’affiche.

En principe, tout est paramétrable : choix des polices, marges, alinéas, espacements, largeur des paragraphes, etc. À nous toujours de savoir le choix qui s’impose.



L’impression dans le navigateur

Tout texte un peu complexe ou un peu long est destiné à être imprimé. On peut, à cette fin, en proposer une version en pdf. Sinon, une correcte mise en page en favorise l’impression.
Les navigateurs offrent quelques options de mise en page, et parfois une prévisualisation. Les options sont cependant limitées.


La correction du code

Quels que soient les outils utilisés ou le soin accordé à son code, il est impossible de ne faire aucune erreur. Elles n’ont souvent pas de conséquence sur l’affichage dans les navigateurs ; du moins, on devra s’en être assuré. Elles sont surtout gênantes pour d’ultérieures modifications systématiques de pages. Moins le code est strict, plus un changement par chercher-remplacer, ou par modification de feuille de style, risque de devenir hasardeux.

Il existe des logiciels pour corriger le code source. Même dans ce cas, des erreurs peuvent passer. Si l’on est très méticuleux, et si l’on ne paye pas les communications, on les corrigera en ligne sur la page de test du W3C.

Il doit être possible, et de préférence facile, de copier un long texte après l’avoir sélectionné dans le fenêtre du navigateur, et de le coller dans un traitement de texte de manière à ce qu’il n’y ait que d’infimes retouches à faire pour retrouver sa mise en forme.



La lisibilité

Interrogeons-nous d’abord sur ce qui fait la lisibilité d’un texte. La plupart du temps ce qui est dit de la lisibilité ne concerne que celle des caractères. Un texte n’est pourtant pas la somme de ses caractères, et la lisibilité des uns ne fait pas celle de l’autre.

Naturellement, pour quelqu’un qui ne sait pas bien lire, un enfant ou un étranger par exemple, il est préférable que les lettres soient grosses et bien dessinées, que les lignes soient espacées et courtes ; mais nous supposons la plupart du temps que nos lecteurs maîtrisent la langue que nous utilisaons.

Comme les enfants, les étrangers et les malvoyants existent toutefois, nous pouvons leur laisser la possibilité de grossir le texte.

Ceci convenu, la plupart des textes mérientent une mise en page qui leur soit spécifiquement adaptée.

 

Reprenons notre exemple de Mémoires d’Hadrien, et comparons le à Voyage en Grande Carabagne d’Henri Michaux. L’ouvrage de Marguerite Yourcenar est composé de très longues plages de texte, où s’étendent récits et descriptions. Il est donc important que nous puissions avoir à tout moment une très grande quantité de texte sous les yeux. Ces lignes devront donc être longues et tassées.

Ce sera aussi bien le cas avec un long essai développant et poursuivant des raisonnements en les illustrant d’exemples.

Le texte de Michaux est fait, lui de courts paragraphes relativement autonomes. L’écriture y est dense et raccourcie, comme on prendrait des notes de voyage à la volée. Il est bon alors qu’une trop grande quantité de texte n’occupe pas l’écran. Comme l’écriture est dense, il est bon aussi que le texte ne soit pas trop aéré, mais plutôt que les caractères soient grossis.

À l’inverse, un essai du genre du Tractatus de Wittgenstein, composé de propositions compactes, mais en résonance les unes avec les autres, gagnera à avoir des paragraphes serrés en petits caractères dans une page aérée.

On pourrait discuter si, par exemple, La Mounine de Francis Ponge devrait plutôt être édité selon ce dernier modèle ou selon le précédent.


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© Jean-Pierre Depétris, 2002