Note sur ma démarche éditoriale

Jean-Pierre Depetris

Trois possibilités de lecture

Je m'efforce d'offrir trois possibilités de lecture pour mes livres et mes ouvrages :

La première est la lecture à l'écran, et elle est évidemment gratuite, pour peu qu'un fournisseur d'accès ait été payé. Je m'efforce à ce que cette lecture soit la plus confortable possible en HTML et en PDF, et à ce que l'on puisse y naviguer, rechercher, copier, coller, indexer, etc.

La deuxième est la lecture après avoir imprimé. Elle est moins gratuite puisqu'elle coûte l'encre et le papier, mais, moi du moins, je n'en demande aucune royalty. Je m'efforce encore d'offrir toutes les possibilités d'imprimer comme on le souhaite.

La troisième est l'achat d'ouvrages imprimés, en librairie ou commandés en ligne. On comprend aisément que l'impression et la diffusion ne puissent être gratuites. C'est le seul mode de lecture qui me laisse des royalties, très variables selon le mode d'achat (seules les commandes par LULU.COM m'en offrent de décentes).

Le contrat avec un éditeur pose de réels problèmes, car il est difficile de faire imprimer un livre sans céder ses droits à l'édition en ligne, ou les droits à toute autre utilisation de son travail.

Les droits d'auteur

Je ne tiens évidemment pas à céder mes droits d'auteur, pas plus à un éditeur, à un distributeur, qu'à un lecteur. Le premier des mes droits est d'accorder à quiconque celui de tirer le meilleur parti de mon travail, et je ne suis pas prêt à m'en dessaisir. Pour cela j'utilise des licences libres, principalement la Licence Art Libre, et la Licence pour Documents libres.

Le détail des licences est un peu complexe. L'essentiel à en retenir est que j'offre à peu près tous les usages possibles de mon travail tant qu'on m'en reconnaît la paternité. Je dis bien la paternité de mon travail, et pas de ce que chacun peut en faire en son propre nom. (Si l'on me traduit, on est le traducteur de plein droit ; si l'on me pastiche, on est l'auteur du pastiche, et moi de l'œuvre pastichée, etc : rien que de très logique.)

Il suffit que mon nom, le titre, la date et surtout l'adresse de l'original soient indiqués, et si possible la licence et la date de copyright. Le non-respect de ces conditions n'impliquerait rien de plus grave la plupart du temps qu'une non-acceptation du contrat. Pour des usages commerciaux ou incorporant l'ouvrage à des supports, il vaut mieux se reporter aux détails des licences, ou encore me contacter.

Le principe à retenir est que je ne ferais certainement jamais de procès pour avoir utilisé mon travail, mais il n'en irait pas de même si l'on prétendait en limiter l'usage. Il suffit donc de faire en sorte que personne ne puisse croire pouvoir céder des droits qui ne lui appartiennent pas.

Le livre numérique

De tout ce qui précède, on peut déduire que « l'œuvre originale », le « véritable livre », est le fichier numérique, un ouvrage évolutif par la force des choses, toujours rééditable, qui a été publié une première fois en ligne, et qui est donc défini par deux dates : celle de la première mise en ligne, et celle de la dernière modification. Le livre imprimé, ou la publication d'un texte court dans une revue ou un ouvrage collectif, ne sont que des copies de ces fichiers numériques.

J'écris mes livres sur ordinateur à l'aide de programmes, car c'est ainsi qu'on écrit. Je les édite et les publie en ligne, car sitôt écrits, ils sont édités et publiables sans véritable travail supplémentaire. C'est la meilleure manière de sauvegarder mes documents et d'y avoir accès où que je me trouve. C'est la meilleure manière de les faire lire et corriger avant même de les rendre publics. Si je propose aussi de les acheter imprimés, ce n'est que pour la commodité du lecteur qui peut souhaiter en annoter les pages, les conserver dans sa bibliothèque ou lire au lit.

Le livre imprimé ne remplace pas le livre numérique, avec ses liens actifs, ses possibilités de recherche et de navigation, ses facilités d'affichage et de copie, son ouverture sur l'ensemble du web, et donc sur le monde réel. Le livre numérique est plus proche du vivant, mêlant les différents moments de l'écriture, de l'édition, de la lecture, de la critique…

Le livre en ligne ne remplace pas non plus le livre imprimé, autonome de toute source d'énergie, insensible aux températures, incassable, léger, maniable… La différence qualitative entre le deux est que le livre sur papier est la copie du livre numérique, alors que le livre numérique n'est pas la numérisation du livre imprimé.

Libre et gratuit

Voilà pourquoi tous mes livres et tous mes écrits publics sont en ligne en source libre et accessibles gratuitement. J'écris avec des programmes dans des formats libres et transparents, pour ne pas demeurer prisonnier de ces programmes. Je les sauvegarde en ligne systématiquement en HTML, et le plus souvent en PDF aussi, me permettant d'y accéder, de les modifier, de les imprimer où que je me trouve. Quelques-uns ne sont pas accessibles sans mot-de-passe, pour la seule raison que je ne suis pas encore prêt à les assumer en l'état.

La gratuité n'est pas un parti-pris, mais seulement une conséquence. Je ne vois aucune raison avouable de monnayer l'accès à un document numérique s'il est de toute façon ouvert à la lecture publique. Je ne vois surtout aucun moyen d'y parvenir sans mutiler l'œuvre, c'est-à-dire sans en limiter la commodité des usages possibles : imprimer à sa guise, copier des citations, consulter un passage à la volée, rechercher, traduire, etc.

L'important n'est donc pas « gratuit » mais « libre », et libre doit s'entendre alors comme « lisible ». La source numérique du document doit être lisible et modifiable.

Le 28 décembre 2009


© Jean-Pierre Depétris, décembre 2009

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