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FRONTIÈRES DISPUTÉES

Contested Boundaries: a series of selected explorations

Barrett John Erickson

Traduit par Jean-Pierre Depétris et Pierre Petiot


Une introduction à la cognition en acte

(Comment les choses sont)

 

 

 

 

Les principes de base d'une science cognitive en acte décrite par Francisco Varela dans L'esprit incarné.

 

Question 1 : Qu'est-ce que la cognition ?

Réponse : De l'en action. Une histoire de couplages structurels qui font surgir un monde.

 

Question 2 : Comment marche-t-elle ?

Réponse : À travers un réseau constitué de multiples réseaux interconnectés de sous-réseaux sensorimoteurs.

 

Question 3 : Comment puis-je savoir quand un système cognitif fonctionne correctement ?

Réponse : Quand il devient partie d'un monde existant qui dure (comme fait le jeune de toutes les espèces) ou en construit un nouveau (comme il arrive dans l'histoire de l'évolution).

 

Une part importante de ce qui apparaît dans ces réponses avait été jusqu'ici absente des sciences cognitives -- non seulement du cognitivisme mais de l'état de l'art présent du connexionnisme. L'innovation la plus décisive est que la représentation ne joue plus un rôle central, le rôle de l'environnement comme source d'input est renvoyé à l'arrière-plan. Il n'intervient désormais dans les explications que dans le cas où les systèmes subissent des effondrements ou des événements qui ne peuvent plus être pris en compte par leurs propres structures. Il en résulte que l'intelligence cesse d'être la capacité de résoudre un problème et devient celle de pénétrer dans un monde partagé de significations.

 

***

 

Le couplage structurel est activité sensorimotrice, d'où résultent des échanges physiques de part et d'autre de l'interaction. Dans le cerveau, par exemple, notre activité sensorielle produit réellement des échanges physiques par lesquels nos perceptions sont construites. En même temps, nous avons agi (senti) dans notre domaine environnemental et l'avons changé.

C'est ce qui guide l'évolution (autopoiésis -- systèmes s'auto-organisant).

 

Pour faire un pas de plus : Notre concept de « réalité » est construit à partir de nos « perceptions » (elles-mêmes construites à partir de changements physiques dans notre cerveau). Et ensuite, notre activité sensorimotrice s'apparente à la mesure d'un quantum, en ce que nous avons fait évoluer nos moyens de percevoir certains des aspects de cette réalité latente, mais pas d'autres. En fait, l'acte même de percevoir un aspect peut empêcher d'en percevoir un autre (de manière analogue au principe d'incertitude d'Heisenberg, facilement démontrable dans la façon dont la vision a évolué dans des voies si différentes selon les espèces).

La première réaction qu'on rencontre quand on parle de la réalité telle qu'elle est en actée de cette façon, est l'accusation d'idéalisme Kantien. Mais la cognition en acte peut être énoncée comme dans une orientation très matérialiste (comme le montre, je l'espère, ce qui précède) si nous utilisons une compréhension scientifique plus moderne de ce que signifie être « matériel ».

 

Le principal obstacle conceptuel place ce qu'on appelle couramment « la réalité » à l'autre bout du processus sensoriel et reconnaît alors qu'une même « réalité-comme-expérience » est partagée -- au sein d'une même espèce -- parce que nous nous couplons en tant qu'individus d'une façon essentiellement identique avec la même réalité latente.

Cette réalité « latente » peut être considérée comme ce qui est conceptuellement de l'autre côté de la barrière quantique -- c'est à dire, les quanta pré-mesurés -- où toute chose (dont nous-mêmes), ont une existence indéfinissable mais commune en tant qu'un processus unique.

La réalité « latente » est par nature ineffable pour la raison évidente qu'elle est une pré-expérience (pré-étalonnage).

Nous en actons une réalité partagée -- la créons par l'action (sensorimotrice).

 

***

 

Le « constructeur » de ce processus est ce que nous avons appelé la conscience réflexive. Il n'est pas besoin, en fait il semble contre intuitif, de faire des distinctions entre une conscience et une inconscience. J'avance plutôt une variation sans rupture dans la complexité de l'activité cognitive, une « épaisseur » de conscience si l'on veut, qui émerge des changements physiques que ce « couplage structurel » produit.

De mon point de vue, l'imagination est la plus complexe des activités cognitives, notre sens le plus évolué, identifiable mais pas distinct d'autres fonctions. Si nous pensons les sens comme couplés avec la réalité physique « latente » pour produire une expérience de la réalité en actée, nous pouvons alors penser l'imagination comme couplée avec l'activité latente du cerveau pour produire une réalité poétique accrue.

Aussi, l'appel à la « libération de l'imagination » est en réalité un appel à reconnaître et soutenir son rôle critique à la pointe de notre développement évolutif.

 

(1998)

 


Appelez cela la recherche pour la « grande théorie unifiée de la réalité » peut-être

 

 

 

 

si vous voulez vous moquer de ma recherche. Il n'est pas facile d'expliquer les choses de façon claires, car tout ce que nous avons appris constitue un obstacle au changement conceptuel requis, changement fondamental mais subtil. Une fois qu'on l'a comprise, il s'agit vraiment d'une explication plus simple, plus « scientifiquement belle » et intuitivement fluide que celles que nous connaissions.

 

[Considérez par exemple tous les concepts absurdement contre-intuitifs sur ce que serait la réalité, qui nous sont venus des physiciens quantiques. Qu'on prenne pour exemple la solution du type « univers multiples » ; on prétend que pour chaque mesure quantique tous les résultats potentiels sont réalisés, que de multiples univers bifurquent, un pour chaque résultat, et continuent d'exister ensuite. Ça fait des billions et des billions d'univers comme dirait Carl.]

 

On pourrait expliquer le nouveau modèle ainsi :

Ce que nous appelons réalité (réalité en tant qu'expérience) est « assemblé » à partir des perceptions.

Les perceptions sont « assemblées » à partir des divers changements structurels que le cerveau subit au cours de l'activité cognitive.

L'action cognitive, à son niveau de complexité le plus bas, est un « couplage » sensorimoteur avec la « réalité latente » (la même réalité latente pour tous).

Ce « couplage » ressemble à une mesure quantique, dans laquelle des caractéristiques latentes sont rendues manifestes, tandis que d'autres demeurent latentes, ou encore sont rendues inconnaissables en vertu de notre action. Inversement, ces mesures produisent des changements dans « l'équipement » qui mesure -- c'est à dire notre processus cognitif -- et qui est la manière dont cette expérience est « enregistrée » dans notre cerveau.

Important : la « réalité latente » ressemble beaucoup à la réalité quantique avant la mesure, en ce qu'elle est dépourvue de caractéristiques définies jusqu'à ce qu'elle se trouve engagée dans le processus sensorimoteur.

« La réalité empirique » partagée au sommet de la chaîne de complexité, est le produit de tous nos processus et interactions biologiques et intellectuels, tandis que « la réalité latente » à la base, n'est qu'un potentiel non structuré qui attend d'être actualisé (comme le chaos dans l'attente d'un attracteur -- c'est à dire la cognition).

 

On pourrait dire que cette théorie accepte comme prémisse fondamentale la découverte la plus problématique de la physique quantique, et qu'elle repense et réexplique notre entendement intuitif de la réalité à cette lumière.

Il faut noter que beaucoup de ces termes, comme « assemblé » et « enregistré » particulièrement, ne sont que des expressions pratiques que l'on utilise pour essayer de comprendre quelque chose qui est en fait dépourvu de « sujets » ou d'« objets » et se trouve entièrement constitué de processus et de sous-processus, émergeants et enactifs, qui ne peuvent être isolés du système global.

Aussi n'est-il pas nécessaire de faire de distinction entre l'expérience « mentale » et « physique », ou « réelle » et « imaginaire », parce que toutes sont essentiellement le même processus de cognition, qui perçoit et crée les changements structurels interactivement et sans suture.

Et peut-être plus significativement, il faut remarquer que les différences dans le processus cognitif produisent des différences dans la réalité-comme-expérience.

Le flux et la forme que nous détectons dans notre expérience (en fait le véritable « nous » qui les détecte) émerge de ce processus cognitif.

 

En référence au modèle ci-dessus, il me semble évident (je suis désolé si mon explication n'a pas rendu sensible cette évidence, mais c'est un concept difficile à traduire) que « la réalité-comme-expérience » est aussi bien un produit de notre imagination qu'un produit de ce que nous appelons habituellement nos sens. En fait, je dirais que ce sont nos imaginations (siégeant au sommet de la chaîne de la bio-complexité) qui pratiquent « l'assemblage ». Aussi, enrichir la réalité empirique de sa pleine potentialité exige une imagination pleinement développée et opérationnelle aussi bien que des sens pleinement développés et opérationnels, afin de transformer en expérience -- d'actualiser -- autant de « réalité latente » que possible.

Il devrait être alors évident pour quiconque lit ceci, que ce sont nos imaginations qui constituent la restriction la plus vraisemblable dans le cours de ce processus, puisque c'est le sens que nous maîtrisons le mieux.

Non, il n'y a pas d'erreurs dans nos rencontres avec « la réalité latente », seulement des différences dans le processus cognitif (imagination incluse) qui conduisent à des différences dans les changements structurels et des différences dans la perception, etc, et finalement des différences dans la réalité-comme-expérience personnelle, qui affectent ensuite le degré à partir duquel nous pouvons entrer dans une réalité-comme-expérience partagée.

 

Ces différences sont bien sûr plus évidentes d'espèces à espèces, mais elles varient aussi au sein des espèces.

Donc, en fin de compte, la réalité-comme-expérience est à la fois personnelle et partagée.

Personnelle, en ce que nous « assemblons » la nôtre à partir de nos interactions avec la même « réalité latente ».

Partagée, parce que dans la mesure où nos processus cognitifs sont identiques, notre réalité-comme-expérience sera identique puisque nous rencontrons la même « réalité latente » (produisant les mêmes matériaux bruts à « assembler »).

 

La question de ce qu'il y a « dans notre tête » ou « ailleurs » devient la question arbitraire de savoir où on place la ligne, et, par là, finalement se vide de sens, puisqu'il s'agit d'un seul et même processus sans suture.

Nos processus cognitifs produisent notre réalité-comme-expérience d'un bloc. Il peut se faire que des divergences entre notre réalité-comme-expérience personnelle et celle des autres, induisent des restrictions dans une réalité partagée ou pas. Mais dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit plus d'une question de comparaison avec un standard donné, mais avec une expérience commune qui peut certes être altérée par l'évolution, mais peut-être même aussi par une action directe éclairée. (NDT : C'est encore ce qu'en dit Marx, d'où « transformer le monde » au lieu de « l'interpréter ».)

 

La vraie question n'est plus « illusion ou réalité ? » mais « jusqu'à quel point pouvons-nous partager avec d'autres cette réalité-comme-expérience ? » Et c'est simplement une affaire d'accord plus ou moins grand entre notre réalité-comme-expérience et celles des autres.

La grande question pour le surréalisme devient alors : jusqu'où pouvons-nous intégrer l'imagination de quiconque dans une réalité partagée plus riche.

 

 

 

(1998)

 

 

L'Authenticité et « le Spectacle »

(Potentialités pour une esthétique en acte)

 

 

 

 

Parce que toute vie est un système qui s'auto-organise, il s'ensuit qu'une vie authentique peut se définir comme une libre auto-organisation -- par opposition à un système organisé de l'extérieur.

(Cette question d'authenticité n'émerge que dans le contexte de la cognition volitive.)

Parce que la cognition est un dispositif en acte, et que son processus commence avec et, je crois, continue en étant guidé par ce que nous avons appelé désir, nous pouvons définir la libre auto-organisation comme le résultat d'une action incarnée (couplage structurel -- exploration et expérimentation avec/de notre contexte) guidée par le seul désir intuitif.

(Cela ne signifie pas que l'exploration et l'expérimentation ne puissent pas être authentiquement provoquées par quelque chose d'externe, ou qu'une vie authentique soit totalement indépendante de toute influence extérieure ou, en l'occurrence, que guidé dans ce sens soit une forme de volition.)

Ainsi, ce qui rend le style de vie spectaculaire moins authentique est qu'il est à la fois entraîné et guidé par un désir faussé (pour simplifier, par le Pouvoir, etc.)

Mais nous devons être prudents ici afin de ne pas confondre le niveau de la vie individuelle avec celui plus complexe et plus abstrait des entités sociales qui en émergent. Je ne suis pas sûr qu'il n'y ait rien d'authentique dans le spectacle lui-même en tant que système s'auto-organisant.

Ceci appelle d'autres investigations.

 

***

 

Une entité sociale est plus qu'une collection d'individus, dans le même sens qu'un individu humain est plus qu'une collection de cellules.

Cette distinction est essentielle.

Le concept d'auto-organisation implique un accroissement de la complexité. Les cellules ne s'organisent pas seulement dans le système biologique, elles co-évoluent en même temps qu'émergent spontanément des systèmes interactifs plus complexes de leur couplage structurel. (Voir la section sur la Cognition en acte.) Ce processus co-évolutif amène une plus grande complexité avec des sous-systèmes auto-régularisants, des spécialisations fonctionnelles qui produisent une plus grande mobilité, une plus grande sensibilité, etc.

 

Il est aussi important de comprendre que cette (co)évolution n'est pas un processus d'optimisation. Ce n'est pas une question d'adaptation à un environnement donné (parce que l'environnement est une distinction artificielle, et elle n'a qu'un sens relatif pour un système donné, du moment qu'ils constituent ensemble un processus plus vaste et plus complexe). La viabilité devient davantage comme un filtre qui empêcherait des variations (s'auto-organisant spontanément) de se poursuivre, pendant qu'elle le permettrait à d'autres -- une simple contrainte sur ce qui est possible.

La vaste diversité des systèmes visuels dans le règne animal est une preuve suffisante de cette conception. Si l'évolution cherchait la meilleure adaptation aux caractères d'un environnement plus ou moins fixe, le fonctionnement des systèmes visuels convergerait.

 

Les entités sociales se développent dans le même sens. Les gens interagissent -- sympathie et animosité, alliance et antagonisme -- peut-être fondent-ils des clubs d'échecs, des corporations, des équipes de baseball, et des systèmes régulateurs (co)évoluant pour assurer la persistance de leur viabilité aussi bien que leur coexistence pacifique (règles, systèmes légaux, empires). Finalement, il s'agit de quelque chose de beaucoup plus complexe que des gens qui interagissent.

 

L'autre point essentiel est que l'auto-organisation est un processus émergeant, pas un processus dirigé. Nous faisons avant d'être (pour prendre l'exemple humain). Le « soi » émerge de l'histoire accumulée de nos actes, il n'agit pas directement en vue de l'organisation.

 

Après ce détour, essayons de revenir sur un point :

Quand j'ai défini une « vie (humaine) authentique » comme « celle qui est organisée librement -- par opposition a celle qui l'est de l'extérieur »... l'extérieur par rapport à l'individu est toute chose qui n'est pas générée spontanément de l'intérieur (i.e. intuitif).

L'extérieur par rapport au système social peut aussi être décrit comme toute chose qui n'est pas spontanément générée de l'intérieur -- mais « de l'intérieur » renvoie au système social, pas aux individus (aussi le terme « intuitif » ne s'applique pas vraiment ici). C'est pourquoi je ne voulais pas déclarer le Spectacle inauthentique.

Pour revenir à la métaphore ouverte précédemment (et l'étendre sans vergogne) : le métabolisme cellulaire désire certains aliments mais il ne désire pas de l'aloyau.

 

Ce qui fait un style de vie spectaculaire, est que le désir de commodités ou de pouvoir est un désir faussé, dans le sens où il n'est pas intuitif, mais où il ne peut qu'émerger et avoir sens au niveau d'un système social. En outre, un tel désir faussé déplace effectivement et intentionnellement le désir intuitif. Ceci conduit au style de vie spectaculaire, contraignant artificiellement son potentiel, sa conception de ce qui est possible, à ce qui passe le filtre de viabilité du système social existant (le Spectacle).

Une vie qui nie son plein potentiel est inauthentique.

 

***

L'Acte Révolutionnaire

 

La théorie du chaos et l'autopoeisis peuvent nous apprendre quelque chose de « l'action révolutionnaire ». De l'avancée d'Alvin Toffler à Order of Chaos de Ilia Prigogine et Isabelle Stenger :

 

"Pour résumer et simplifier, ils (Prigogine et Stenger) soutiennent que si certaines parties de l'univers peuvent fonctionner comme des machines, ce sont des systèmes clos, et les systèmes clos, au mieux, ne forment qu'une petite part de l'univers physique. La plupart des phénomènes qui nous intéressent sont, en fait, des systèmes ouverts, qui échangent de l'énergie ou de la matière (et l'on peut ajouter de l'information) avec leur environnement. Il est certain que les systèmes biologiques et sociaux sont ouverts, ce qui signifie que la tentative pour les comprendre en termes mécaniques est vouée à l'échec.

Cela suggère, plus encore, que la plus grande part de la réalité, plutôt qu'être ordonnée, stable et équilibrée, est grouillante et bouillonnante de changement, de désordre et de processus.

En termes prigoginiens, tous les systèmes contiennent des sous-systèmes qui sont conflictuellement fluctuants. Par moments, une simple fluctuation ou une combinaison de plusieurs fluctuations peuvent devenir si puissantes, comme produit d'un feed-back positif, qu'elles fracassent l'organisation antérieure. À cet instant révolutionnaire -- l'auteur l'appelle un « instant singulier » ou un « point de bifurcation » -- il est intrinsèquement impossible de déterminer par avance quelle direction prendra le changement : si le nouveau système va se désintégrer en « chaos », dans un « ordre » nouveau ou bondir vers une nouvelle organisation, plus différenciée et d'un ordre plus élevé...

(Souligné par l'auteur.)

 

Il n'est pas de plus brève description pour une version scientifiquement fondée du concept de cohérence irréversible de l'Internationale Situationniste.

Ce que nous savons, c'est que l'ordre existant étouffe la vie créatrice. Nous ne pouvons pas savoir quel nouvel ordre serait meilleur, mais nos choix sont simples :

Accepter les limitations auxquelles nous sommes confrontés, ou les refuser et créer une vie plus authentique.

 

Parce que l'ultime issue de tout acte est imprévisible, l'action elle-même ne doit pas être seulement cohérente avec nos buts, mais elle doit leur être identique. L'action authentique (inspirée par et dans l'exploration du désir intuitif) est auto-justifiée et aucun autre but n'a à lui être associé.

 

Un chaos de prébifucations (révolutionnaires) est provoqué dans un système donné seulement quand les systèmes de feed-back, qui d'ordinaire aident à le stabiliser, renforcent au contraire une telle potentialité de perturbations déstabilisatrices.

L'intention est inadéquate.

Ce qui nous convainc qu'une personne individuelle est digne ou indigne de confiance, ce sont les caractéristiques du désir que l'on perçoit dans ses actes.

Ce qui nous convainc qu'un système (social) est digne ou indigne de confiance, ce sont les caractéristiques du désir que l'on perçoit dans ses actes. Ces caractéristiques émergent des actes des individus, mais sont quelque chose d'autre (plus complexe) qu'une simple somme de ces actes.

 

(1998)

Le sens de l'imagination

(pensées préliminaires)

 

la réalité est notre amante -- l'imagination

est un organe de copulation

 

 

 

 

En guise d'exercice conceptuel :

Si nous pensons la cognition comme la transformation d'une réalité latente en une réalité-comme-expérience (enaction), alors en envisageant la tâche de tracer cette transformation sur un graphe, on pourrait dire que :

Chacun de nos « sens » déterminerait la place de chaque moment de l'expérience suivant son axe de « mesure » particulier.

La richesse potentielle de notre réalité expérimentée serait déterminée par le nombre de dimensions (axes de « mesure ») que nos « sens » enacteraient, et l'intensité avec laquelle ils seraient engagés.

Cependant, nos « sens » sont bien sûr des processus complexes, qui peuvent être eux-mêmes « tracés » dans des graphes multidimensionnels. « La vision » par exemple est constituée de nombreux sous processus liés et renforcés par notre « esprit ».

La bio-complexité s'accroît dans et à travers l'émergence de processus cognitif de plus haut niveau, et par le biais de changements structurels qui lient et renforcent des processus cognitifs de plus bas niveau dans (par exemple) des perceptions. Penser : évolution.

« L'esprit » émerge de façon similaire de la structure et de l'activité du cerveau comme processus complexe, nous donnant notre sensation de continuité et notre intégrité structurelle -- notre sens du « moi » -- en liant et renforçant l'activité du cerveau.

« L'imagination » semble avoir émergé du processus que nous appelons « esprit » en tant que sens des dimensions poétiques de la réalité latente -- c'est à dire, sens du merveilleux ; un sens du processus lui-même, et de la puissance de révélation qui sourd dans les relations établies entre ce qui apparemment n'en avait pas.

 

 

(1999)

 



Contested Boundaries: a series of selected explorations

 

first number "a collection of oddly shaped keys"

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publications catalog

 

 

 

 

1 An enactive cognition primer

2 Call it the search for the grand unified theory...

3 Authenticity and the spectacle

4 Sense of the imagination