Jean-Pierre Depétris

Considérations d'un profane sur le vivant


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III

NŒUDS

 

 

 

 

 

 

Le 18 mars

Locke a construit l'empirisme le plus radical de notre civilisation, mais je le vois hésiter quand même à en tirer toutes les conclusions ; cela donne quelques explications embrouillées en ce qui concerne l'identité et la conscience, dans la Livre I de L'Enquête, et en ce qui concerne la substance et l'espace, dans le Livre II. Il donne sur ces questions de très longs argumentaires qui ne mènent pas plus loin que leurs présupposés.

 

La pensée (thought) et les idées (ideas) sont les concepts centraux de la philosophie de Locke qui, plutôt que chercher « la vérité » comme les autres, cherche à comprendre (understand) les choses réelles (actual things), à découvrir comment on les comprend, fait une mécanique de l'entendement dans le but explicite de progresser dans l'art de la pénétration.

 

« The perception of ideas being (as I conceive) to the soul what motion is to the body : not its essence but one of its operation. » (II, I, 10.)

Cette idée qui me semble pourtant pertinente, introduit à mon goût une séparation trop définitive entre soul (âme) et body (corps).

 

*

 

Amusons-nous à tout ramener aux notions de « chose » et de « mouvement ». Il me semble que cela ne fraye pas très loin de l'articulation de Locke : choses et mouvements sont certainement les premières données que nous ayons des sens. Nous percevons avant tout des choses et des mouvements.

Or nous ne percevons le mouvement en le concevant avant tout comme mouvement de quelque « chose ». Si nulle chose ne bouge, il ne saurait y avoir de mouvement. Ainsi tout mouvement peut être ramené à l'action de quelque chose — action qu'elle produit ou subit. La chose paraît alors un principe premier, et antérieur au mouvement.

 

Mais nous pourrions nous amuser encore à renverser totalement cette topique, et considérer tout chose comme produit d'un mouvement.

Tu peux voir un tourbillon dans l'eau : ce tourbillon a bien une existence et une forme durable, bien distinctes des corps qui les composent et ne font que passer. Il est un mouvement régulier, et cette régularité lui donne une consistance bien particulière.

 

De même, si tu mets un ventilateur en marche, tu vas voir ses pales, auparavant bien distinctes, se fondre dans un cercle ondoyant. Tu peux dire que ce cercle est une « illusion » de ta perception et que les pales n'ont en rien changé de nature ni de forme depuis que tu les as mises en mouvement. Et pourtant ce n'est pas proprement une illusion, car ces pales qui étaient inoffensives ont acquis, en mouvement, une force qui pourrait te blesser s'il te prenait de corriger l'imperfection que tu te sens en droit d'attribuer à ta vue par le toucher de tes doigts.

 

Tu pourrais donc considérer toute « chose » comme un mouvement régulier, et tout « mouvement », perceptible immédiatement en tant que tel, comme un mouvement de mouvement : irrégularité d'un mouvement, changement d'un mouvement régulier, mouvements relatifs...

 

Ce que nous appelons « choses » seraient donc des mouvements relatifs, ayant une apparence suffisamment régulière, constante, durable et persistante ; et ce que nous appelons plus spécifiquement « mouvements » seraient des variations spécifiques de tels mouvements réguliers ou des relations qu'ils entretiennent entre eux.

C'est à dire que le rapport entre « chose » et « mouvement » serait essentiellement relatif ; se réduirait à une relation entre mouvements se distinguant les uns des autres par leurs consistances et leurs durées relatives.

 

*

 

Le 19 mars

Tente de considérer les choses ainsi : Je distingue les choses dans la mesure où je distingue des contrastes de mouvements.

C'est sans doute ce que nous commençons à faire dès que nous venons au monde, et notre esprit ne cesse d'opérer de telles distinctions dans les complexes et plus abstraites recherches que nous effectuons par la suite.

Aussi loin que soit allée la science dans l'analyse des phénomènes, elle n'a fait qu'affirmer cette distinction relative entre mouvements.

 

C'est le travail de mon esprit, mais c'est aussi bien le travail de mes sens. (Et en quoi le travail des sens est-il celui du corps ou de l'esprit ?) C'est en quoi Locke a raison de donner une place si importante aux sensations, mais il les considère sans doute comme de trop passives empreintes.

Il distingue ainsi deux opérations : sensation et réflexion, qu'il distingue encore une fois trop nettement, et ne voit pas comment elles agissent les unes sur les autres, comment la réflexion intervient à son tour sur la sensation, comment la sensation est bien plus active qu'il n'y paraît, et combien leur distinction est bien moins nette qu'elle ne le semble d'abord.

 

D'autre part, toute l'activité de nos sens peut être ramenée à des interactions mécaniques, sans que je ne puisse dire où et à quel moment quelqu'un ou quelque chose sente ou perçoive quoi que ce soit.

 

*

 

J'entends pas là que nous avons le plus grand mal à nous satisfaire d'une conception qui placerait d'un côté des contrastes de mouvements et de l'autre leurs sensations et la réflexion sur ces sensations : car de tous côtés je ne vois jamais que des contrastes de mouvements, et jamais je ne me vois voir.

 

Les opérations de notre esprit, et celles de nos sens, ne sont pas différentes de toutes celles que nous percevons par nos sens ou concevons par notre esprit. Nous sommes même capables d'utiliser des matériaux inanimés pour construire des appareils qui fonctionnent comme nos organes sensoriels, et calculent comme notre esprit, pour en prolonger les capacités.

 

— Le fait important est que je sois capable de soumettre la nécessité à ma volonté.

 

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Le 20 mars

La transformation de l'énergie : cinétique, potentielle, thermique.

Le rapport entre les deux premiers termes est élémentaire, et connu depuis très longtemps. L'énergie thermique relève aussi du mouvement, non du corps mais de ses molécules. Ce sont les deux premiers termes ici qui m'intéressent : cinétique et potentiel, et le concept d'énergie qui les recouvre.

Ce concept d'énergie ramène le poids, la masse au concept d'un « mouvement arrêté » ; d'un mouvement non actuel, mais virtuel. Nous pouvons, sans cela, concevoir un « équilibre de forces », mais l'équilibre de forces est comme l'addition à un nombre de sa valeur négative. Bref, la notion d'équilibre annihile celle de travail.

 

*

 

Ainsi je peux voir la montagne en face de moi comme une parfaite image du repos, mais je peux aussi bien commencer à concevoir sa masse, voir en face de moi un vertigineux écrasement. Je vois des éboulis par endroits, et plus bas, les maisons qui s'accrochent à la pente.

Je ne peux douter que la persistance de cette vision en face de moi soit l'effet d'une incommensurable confrontation de forces.

 

Je peux voir aussi le monde comme composé de choses tantôt immobiles ou tantôt en mouvement. Et l'immobilité me semble alors un simple repos, tandis que le mouvement me semble avoir besoin de causes, d'agents, de raisons...

 

Je peux encore voir le monde comme des mouvements qui se trouvent par endroits plus ou moins entravés par d'autres, au point de trouver des formes d'équilibre plus ou moins fugaces ou durables, qui ne me paraissent alors plus du tout en repos.

 

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Le 29 avril

Aberration

Le langage, en ce qu'il est un instrument qui accroît les capacités des sens, est aussi capable de provoquer des aberrations.

Jusqu'à quel point aller au-delà des capacités sensorielles n'est pas déjà une aberration ? (Jusqu'à quel point cette question n'en est pas déjà une ?)

Puis-je dire qu'en regardant à travers une lunette j'accrois mes capacités visuelles ? Car je continue à voir à l'aide de mes yeux à travers la lunette.

 

Aberration (2)

« Qu'est-ce que cela ? — Cela est une bitte d'amarrage. »

Maintenant que je sais que ce n'est pas, par exemple, un totem ou une mystérieuse excroissance métallique, je ne la verrai plus de la même façon.

Mais je ne saurais dire si « savoir » ici est bien précisément un fait de langage : je pourrais voir des marins amarrer leur navire, et cela aurait pour moi le même effet.

Plutôt serait-ce un fait de langage que je puisse imaginer un totem ou une mystérieuse excroissance.

 

Imaginer

Le langage fait des images. Il dit : ceci est comparable à cela, ceci a un air de famille avec cela. Il fait des familles.

C'est un peu comme superposer des images ; et cette superposition ne peut manquer de produire d'étranges figures.

 

Penser que...

Dans des paroles, il est extrêmement rare qu'on ne comprenne rien. On reconnaît parfois dans des paroles ses propres expériences, ses propres perceptions. Mais dans le cas inverse, on comprend toujours quelque chose.

On dit alors de celui qu'on a entendu : « il pense que... », « il croit que... » Et parfois, pour des raisons diverses, il nous prend l'envie d'adopter ces pensées ou ces croyances.

 

Penser que... (2)

« Il croit qu'un Dieu a créé le monde. » Le problème avec ce genre d'assertion, c'est que rien ne nous dit ce que peut entendre par là celui dont nous parlons.

« Il pense que tout est matière. »

« Tout est matière » : quelle peut être la clé pour interpréter une telle assertion ? (La clé en musique : c'est comme si quelqu'un écrivait une note ailleurs que sur une portée — Il dessinerait un point, pas une note.)

 

Force

« Nous croyons que le monde est principalement constitué de forces. » Voilà ce que nous pourrions considérer être la [principale] croyance de notre civilisation.

Mais cela supposerait la compréhension claire du concept de « force ». Or, qui comprend le concept de « force » tel qu'il est apparu dans notre civilisation, disons à la Renaissance ? Seuls ceux qui ont une formation technico-scientifique le comprennent, ou plutôt savent l'employer.

Aussi, pourrais-je dire : « notre croyance n'est pas crue. »

Pourtant chacun accomplit quotidiennement les gestes qui supposent le plein-emploi de ce concept (par d'autres, du moins, si ce n'est par ceux-là même qui accomplissent ces gestes).

 

Force (2)

Cela veut-il dire que la force existe ? (ou les forces ?)

Et qu'est-ce que cela voudrait dire ?

 

Force (3)

« Le printemps qui revient me redonne des forces. » Voilà une proposition grammaticalement correcte. Cette proposition s'accorde-t-elle avec l'emploi du mot « force » chez Galilée, Newton ou Einstein ?

Certainement pas : dans le sens où l'idée ici n'est ni claire ni précise. Mais à part cela ? Pourrait-on dire qu'il s'agit d'une tout autre notion ?

Il me semble plutôt reconnaître la même, mais avec un halo autour.

 

Force (4)

Ce dont parle Newton a un air de famille avec ce que m'amène le printemps qui revient.

Est-ce vraiment un air de famille ou seulement un même nom ? S'agit-il d'une filiation génétique ou d'une simple adoption ?

Ce que les « philosophes » de la Renaissance ont conçu, pourquoi l'ont-ils appelé « force » ? Quelle différence cela aurait-il fait s'ils l'avaient appelé autrement ? (D'un mot qui ait donc un autre usage quotidien ?)

Car on a dit aussi très sérieusement que « la nature a horreur du vide ». Et « horreur » pourrait très bien ainsi prendre une valeur extrêmement précise.

À moins que ce terme n'interdise définitivement toute idée claire et précise. Et pourquoi pas « force » dans ce cas ?

 

Grammaire

Pourrait-on imaginer un monde, ou peut-être tout simplement une époque où l'emploi du mot « Dieu » ait la même rigueur, la même consistance, que celle, dans notre science, de « force ».

Cela ne me paraît pas inconcevable. Mais que signifierait dans ce cas rigueur ou consistance ?

— Cela signifierait-il que le terme obéirait à une grammaire bien précise qui exclurait les énoncés contradictoires ? (Luther disait que la théologie est la grammaire du mot « Dieu ».)

— Ou bien cela signifierait-il que ce mot désigne quelque chose dont nous parviendrons à nous faire une idée claire, distincte et complète par la somme des expériences que nous en aurions ?

Je m'étonne et en même temps ne m'étonne pas que nulle époque ne soit jamais parvenue à un tel emploi du terme. Quelques mystiques en sont passés très près, mais il est manifeste qu'une idée à la fois claire, distincte et complète de Dieu est contradictoire avec tout ce que disent de Dieu les textes fondateurs. Un tel emploi du mot Dieu supposerait que tous les livres qui en parlent soient d'abord refermés.

(C'est un peu ce que tente Whitehead dans Procès et Réalité, mais en s'attachant à une « rationalité », théologienne ou pas (la non-contradiction grammaticale), et non à un « empirisme », mystique ou non.)

 

Complétude

L'idée que désigne le mot « Dieu » semble bien, par définition, ne devoir jamais être nette ni complète. Dans le cas contraire, il faudrait préciser qu'on emploie le mot dans une tout autre et toute nouvelle acception ; qu'il désigne « autre chose ».

Ici il serait intéressant de s'arrêter à la relation entre l'idée et la chose. L'idée plus ou moins claire ou complète rend-elle la chose plus ou moins claire ou complète ?

Plutôt une chose peut-elle être plus ou moins éclairée ou discernée complètement.

 

Complétude (2)

En quoi la clarté et la précision de la notion de « force » rend-elle la force plus claire et plus précise ?

Cela ne voudrait-il pas dire seulement qu'on progresse dans les « arts mécaniques » ?

Il serait remarquable qu'un progrès, disons technique, soit redevable d'un progrès disons grammatical.

Cela ne voudrait-il pas dire aussi que la clarté d'un concept n'est pas sans rapport avec savoir bien manier des outils ?

 

Netteté

Une lunette accroît-elle l'acuité de mes sens ?

Il y a là quelque chose de trompeur : une distinction trop nette entre sujet percevant et objet perçu.

Certes je vois mieux le phare Planier avec une lunette. Mais puis-je dire seulement « avec une lunette, je vois mieux » ? N'est-ce pas plutôt le phare qui est plus visible ? (Et en quoi la visibilité appartiendrait-elle plus strictement au phare ?)

 

Je peux dire aussi que j'entends mieux la musique en fermant les yeux. (Et c'est une proposition déjà plus intéressante.)

 

Percevoir

Est-ce qu'une vision, par exemple d'une chorégraphie, peut modifier ma perception de la musique ? — C'est évident. La musique de variété d'ailleurs use et abuse de ce procédé.

Je peux même observer que l'impression chorégraphique demeure agissante sur l'écoute après que le spectacle ait cessé.

 

Le 30 avril

Aberration (3)

En quoi toute modification de notre perception normale ne serait pas une aberration ? (&1)

Imagine la surprise de celui qui regarderait pour la première fois à travers une lunette.

Sans doute, pour se servir correctement d'une lunette, faut-il comprendre comment elle fonctionne, faut-il du moins comprendre qu'elle grossit, ou rapproche l'image. Celui qui regarderait pour la première fois un insecte avec une lunette pourrait être seulement effrayé.

 

*

 

Remarque liminaire

Quelles remarques semblables pourrait-on tirer à propos d'un enregistrement sonore ou, mieux, d'un livre ? Nous sommes tous habitués à écouter des enregistrements ou à consulter des ouvrages, mais il ne s'agit pas ici de la simple habitude d'un procédé général.

Je triais l'autre jour le courrier d'un vieil ami. Je ne sais comment, un poème écrit par une main d'enfant se trouvait au milieu ; et comme l'écriture, le papier et principalement la mise en page, ne différaient pas profondément de ceux de mon ami, je l'ai lu comme s'il était de lui. Très surpris qu'un texte aussi étrange ait pu être classé sans retenir jusque là mon attention, je fus dupe jusqu'aux dernières lignes où je me souvins des circonstances dans lesquelles des élèves dont j'avais visité l'école, m'avaient offert ce poème écrit collectivement.

Supposé écrit par mon ami, ce texte prenait une tout autre signification, il se chargeait d'une gravité dont je ne croyais pas cet ami capable et qui m'émut fort, jusqu'aux deux lignes finales, d'une incongruité achevée, qui firent cesser l'illusion. Le texte alors que je relus était entièrement différent.

Il s'agit là d'un cas extrême, mais qui met en jeu des processus de distorsion qui ne sont jamais entièrement absents d'une lecture.

 

Toute lecture fait surgir une sorte de personnage de l'auteur, d'œuvre, de pensée de l'auteur, dotés d'une étonnante densité. Cette impression, cette fiction, dépend pour une grande part de notre plus ou moins bonne connaissance de la personne qui a effectivement écrit ; et qu'il est fort rare que nous connaissions intimement.

Souvent la lecture nous donne l'illusion de la connaissance intime de ce fantôme.

(Tout ceci revient sur une question plusieurs fois effleurée par ailleurs.)

 

*

 

Le 6 mai

Ora : prier ; c'est bien ainsi qu'on traduit.

« Lege, labora, ora et relege », disaient les chymistes du Moyen-Âge.

« Lis, travaille, prie et relis ». Voilà qui devient bien sot lorsqu'on traduit ainsi. Il est vrai que « lire » avait une signification très forte pour les chymistes ; tout pour eux était matière à lecture : les astres, les métaux, les végétaux, lapis, simplis autant que verbis — signatura, signatura rerum ; signes des choses.

 

Si l'on comprend ainsi lege, la maxime en appelle plus à la méthode expérimentale qu'à l'étude des maîtres.

Lege, labora, relege. Que vient faire prier au milieu ? Et puis, que veut dire exactement prier ?

Ora, en Latin, ne veut pas dire prier, mais parler ; parler dans un sens très large : prononcer, énoncer.

 

« Lis, travaille, énonce, relis. »

Voilà qui sonne déjà autrement, car le « relis » final s'applique alors plus manifestement à sa propre énonciation, à son travail, qu'à la première lecture.

 

On peut continuer bien sûr à lire ainsi : « Lis [tes classiques], travaille, prie [Dieu de te venir en aide] et relis [encore tes classiques]. »

Quelle méthode ! C'est quand même l'exact contraire de la version précédente. (C'est de plus en plus cette version que semble faire sienne la science, ignorant seulement la prière et Dieu : « Lis, travaille, relis ».)

 

Mais pourquoi ora est-il venu à se traduire par « demander aide à Dieu » ? — Car c'est bien ainsi qu'on entend « prier » couramment.

« Prier » a-t-il toujours eu ce sens ? Sinon pourquoi le sens de ora a-t-il changé ?

Chercher l'étymologie de « prier ». (Precare, de predicare ?)

 

Ora a peut-être pris le sens de parler, d'énoncer à Dieu, à un Être Suprême.

Qu'est-ce que cela change d'énoncer pour un Être Suprême, omniscient, éternel et omnipotent ?

En attendant, l'énoncé scientifique ressemble bien à un tel énoncé. (Voir la phrase de Wittgenstein dans les Remarques mêlées.)

 

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Le 8 mai

Je lis peu en ce moment, pourtant plusieurs livres me tentent (« tentent » au sens fort). Je me méfie de la lecture : c'est un tonneau des Danaïdes. Et plus on lit, plus on rêve de pouvoir enfin atteindre le fond.

La lecture est un remède homéopathique : qui lit bien lit peu.

Et pourtant on a des écrits à lire impérativement ; trop, justement. On doit trouver des voies plus directes. Moi-même, dois-je attendre que quelqu'un ait lu tout ce que j'ai écrit pour espérer qu'il me comprenne ? Quelqu'un aurait-il tout lu, et bien lu, de moi, resterait que je n'ai sans aucun doute pas tout écrit.

 

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