Regard sur un demi-siècle passé
Jai fêté mes cinquante ans hier, 9 mars 2003, et je mesure combien le monde a changé depuis que je lobserve. Est-ce bien moi ou le monde, qui a changé ? Au regard des mutations que jobserve, cette distinction a bien peu de sens : par exemple, le besoin de convaincre sestompe au profit de celui dobtenir des données.
Il y a trente ans, nous étions à lapogée de la communication de masse : une chaîne de télévision unique déversait quotidiennement sur chaque foyer son discours unique. La société Philips avait touvé le slogan et le logo dune époque : « La voix de son maître ».
En ce temps-là, cesser dêtre un spectateur-auditeur-consommateur ne pouvait se concevoir quà occuper cette place centrale, doù lon aurait pu, à son tour, déverser un tel discours sur les autres. Il y avait une quantité de petites tribunes intermédiaires dont on pouvait rêver descalader la hiérarchie, même si le succès final restait peu crédible.
En ce temps-là, il naurait plus été possible pour Jules César de préférer être le premier dans un village gaulois que le second à Rome. Il ne pouvait quêtre le premier à Rome, ou dans son imaginaire.
Le monde a beaucoup changé depuis, mais la plus grande différence est encore que de telles remarques auraient paru alors sociologiques et psychologiques, alors quelles soulèvent aujourd'hui surtout des problèmes techniques. En cette époque, dobscurs techniciens sagitaient derrière le décor, plus insoupçonnables que réellement invisibles, et même eux semblaient ne voir que la scène et le public.
Les hommes passent toujours beaucoup de temps devant un écran, mais davantage devant celui de leur ordinateur et moins de leur télé. Et devant celui-ci, ils sont de plus en plus forcés de prendre la place de ces invisibles techniciens de lépoque précédente, doù le public et lhistrion central finissent par se confondre dans la même absence dintérêt.
La vision sociologique du siècle précédent tend bien sûr à minoriser le phénomène. De son point de vue, il est évidemment marginal. Il lest même dun point de vue économique, puisque une part considérable échappe à tout commerce.
La vision qui mintéresse le plus est encore la mienne : combien ma vie a changé en un demi-siècle. Je ne ressens plus le besoin de convaincre. Il na, je crois, jamais été profond en moi, mais ce besoin de modeler lautre métait comme impulsé par des causes externes. Il était non seulement porté par des rapports humains, mais surtout par les moyens techniques quils mettaient en uvre.
Sil se nourrissait aussi de pulsions plus profondes, celles de tous les primates de se distinguer dans le groupe et de dominer, celles-ci sont restées intactes en moi. Je suis aussi dominateur quà mon premier jour. Je le suis même plus quavant, nétant plus écrasé par le besoin insensé dêtre premier à Rome.
Il me suffit bien largement de gagner une partie déchecs ou de prouver de temps en temps ma compétence, mon ingéniosité ou ma subtilité. Je peux le faire avec dautant plus de décontraction et de fair-play, que je ne me sens, pas plus que les autres, destiné à finir mes jours dans le groupe où je me mesure. Si je suis battu, je suis bien moins blessé de lavoir été par un autre, de qui japprends et dont jadmire le talent, que par mes propres faiblesses. Cest si vrai que la rage de vaincre qui mhabite nest pas moindre lorsquelle est dirigée sur un simple programme à travers lequel je me mesure à moi-même.
Le SMIG culturel
Cette parole se répandant dun centre unique suppose des auditeurs prévenus. Elle suppose ce que jai envie dappeler un SMIG culturel. La généralisation de lenseignement gratuit et obligatoire a été le prélude à son apogée. Le discours de masse suppose des références communes pour cette masse, à ce point que le discours finit par se limiter lui-même à la seule diffusion de ce SMIG intellectuel. Il devient en somme plus important de savoir si lon se réfère aux Saintes Écritures quà lhistoire de France, que de savoir ce que ces références servent à dire.
Le résultat est moins une pensée unique quune pensée définitivement bloquée à définir ses prémisses. Il sagit moins dune communication de masse que son blocage à la recherche de ses conditions.
Avant même de pouvoir communiquer, penser, échanger, expliquer, prouver, montrer
, on doit dabord sentendre sur des principes, des données, des paradigmes, une logique, une doctrine
communes.
Cette quête qui commence par le prêche dun clergé qui peut bien être laïque, finit par se diffuser dans la multiplication des canaux hertzien et des publications. Cette multiplication ne modifie finalement rien au sens unique : quelque chaîne que les spectateurs aient regardé, ils commenteront les mêmes actualités, en une dizaine de jours, ils auront vu passer les mêmes têtes, et en quelques années, ils auront suivi les mêmes séries télévisées.
Jusquau vingtième siècle, la parole publique a toujours été plus concentrée sur le petit groupe de ceux quon a si bien appelé « portes-parole ». Linternationale Situationniste a été particulièrement attentive à cet apogée de la fin du siècle avec sa théorie du spectacle, mais elle nen a pas vu, ni même pressenti la chute. G. E. Debord a conclu au contraire à un renforcement du spectacle à travers ses successives formes concentrée, diffuse et intégrée.
On devra bien reconnaître quà travers le filtre des sciences humaines son point de vue est fondé, mais jen conclurais plutôt que les sciences humaines sont lidéologie du spectacle. Cest un peu comme si lon disait que le monde arabo-islamique a atteint son apogée parce quil nest plus peuplé que de musulmans.
En trois mots, le spectacle nest plus quun spectacle. Il devient évident maintenant que, lorsquon se met à parler sérieusement, on commence par laisser de côté ce discours diffus et dominant, et, lorsquon sy réfère, cest comme nos grands-parents sentretenaient du temps quil fait pour avoir quelque chose à se dire.
Regard sur le long terme
Je sais bien ce quun esprit critique me renverrait : « Nest-il pas merveilleux davoir vécu précisément à cette époque où le monde change ? »
Oui, je suis bien émerveillé, mais, plus sérieusement, même si je pense que mes contemporains sous-estiment très largement les mutations actuelles, je ne limite pas à ce point mon propos dans le temps. Je vais le prouver immédiatement en remontant au Moyen-âge.
En ce temps-là, la principale activité des intellectuels consistait à commenter Aristote, Platon ou Galien, et à les concilier, selon le cas, avec le Coran ou la Bible. Plus vers lOrient, on ajoutait commentaires sur commentaires aux paroles de Gautama ou Confucius, Houeï Nêng bâtissait sur Bodhidharma, et Dogen sur Lin-Tsi.
On aurait tort den conclure quon radotait. Dogen, Avicenne ou Dun Scott ne furent certainement pas que des commentateurs. La richesse et loriginalité de leurs travaux nont rien perdu de leur fertilité, mais force est dadmettre quils les accomplirent en plaçant leurs pas à la suite de ceux leurs maîtres.
Le peuple avait lui-même des corpus plus sommaires : Bible, Coran et Adith, Upanishads, Sutras
Leurs volumes sont certainement impressionnants pour un nouveau venu, mais tout à fait assimilables dans le cours dune vie pour lesprit le plus fruste qui ne connaissait rien dautre. Quand un berger aurait rougi de ne pas reconnaître un verset dIsaïe, un lettré aurait verdi doublier un syllogisme des Topiques.
Au début de la Renaissance, Pic De la Mirandole 1 fut un des initiateurs dune nouvelle façon de
penser. Il se dit que si les grands savants musulmans, chrétiens et juifs, défendaient des points de vue
si irréconciliables, cest parce quils construisaient leurs pensées sur des
prémisses opposées qui nacceptaient pas de critique. Il rompit donc avec
lattitude stérile qui consistait à remettre en doute des prémisses posées
comme incontestables au profit dautres qui ne létaient pas moins. Il était plus
avantageux de se demander ce que tous ces savants voulaient dire effectivement à laide de
ces prémisses. Pic De la Mirandole maîtrisait le Latin, le Grec, lArabe et lHébreux, pour laider dans cette nouvelle approche quon a pu appeler Néo-platonicisme.
La principale critique vint de sa propre ville, Florence. On pourrait résumer les reproches de
Savonarole 2 ainsi : « La pensée ne vaut que si elle est intelligible à lignorant. »
Les riches marchands de Florence napprécièrent pas la défense des modestes par Savonarole, mais les riches en esprit réagirent très différemment, comme Pic, Ficin, Boticcelli, qui pressentirent quon avait mis le doigt sur leur faiblesse, plus quils ne surent vraiment la corriger. Cétait pourtant la clé de la révolution galiléenne, quelques décénies plus tard.
La critique efficace de laristotélicisme consistait à laisser tomber des masses du haut de la tour de Pise, offrant une vérification de laccélération parfaitement intelligible à lignorant.
Illusions dune culture commune
Est-il donc important de lire Pic De la Mirandole, Galilée et Savonarole ? Jaurais sans doute abouti à cette conclusion ils y a quelques décennies. Il me semble pourtant que lon peut parfaitement comprendre ce que je viens de dire en très peu de lignes, sans avoir jamais rien lu. Que vérifierait-on en revenant au texte ? Que mon interprétation est fautive ? Qui demande de me croire ?
La Renaissance Occidentale est un événement considérable dans lhistoire de lhumanité, mais comme le Motazilisme damascènes, ou lécole de Lin-tsi et son implantation au Japon sous le nom de Rinzai. Il faudrait connaître tout cela. Mais le peut-on ?
Que peut dont faire aujourd'hui le lettré, le sage, le savant, lintellectuel ? Alimenter les conversations de ceux qui nont rien à se dire, ou satisfaire à ses pulsions de domination ? Faire le malin ou faire lanimateur ? Je le précise tout de suite : il ny a nulle honte à faire cela, mais on peut ne pas sen contenter.
Faire autre chose pose alors des problèmes techniques. Comment éviter détayer ses énoncés sur de lérudition, ou économiser de perpétuels retours à des données intelligibles et observables par tous ? Le problème est dautant plus complexe quon ne peut se contenter dune simple technique dénonciation, comme on pourrait en enseigner dans une école de journalistes ou de pédagogues, ni opter unilatéralement pour le choix contraire dune posture intellectuelle en amont, bien quon ne puisse ignorer les deux.
Sans une Socialisation Minimale des Informations Garantie, le commerce intellectuel risque dêtre largement inflationniste.
Cest encore une observation que je peux faire sur un demi-siècle de vie écoulé. Certains disent que le niveau baisse, dautres quil monte. Moi, jai plutôt limpression que, toutes choses égales, mes contemporains sont plus instruits quil y a quelques dizaines dannées (notamment, la jeunesse que je croise me semble sensiblement mieux dégrossie que je ne létais), mais la quantité de connaissances partagées, elle, décroît.
Les chances, donc, pour que notre interlocuteur soit prévenu de ce que lon souhaite quil sache, décroissent, tandis quaugmentent celles pour quon ignore ce quil sait.
Alors il vaut mieux renoncer à sentendre sur un acquis commun. On ny gagnerait rien, si ce nest de voir le champ des prémisses communément admises se réduire comme une peau de chagrin. Plus grave encore que la pauvreté des échanges auxquels elles condamneraient, elle nourrirait en chacun la sensation morbide dêtre plus intelligent que les autres en comparant létendue de son savoir et de ses expériences face à linfime partie qui serait partagée par tous.
Les contradictions de lassimilation et de la spécialisation
Il y a dix-huit siècles entre la Mécanique dAristote et la formule galiléenne de laccélération. Cest long ! Cest bien trop long pour quil soit raisonnable dattendre que chacun refasse pour son compte le même chemin vers la connaissance. Nous avons tout intérêt dapprendre les uns des autres.
Cest long, mais il suffit pourtant dune petite intuition de la raison et dune expérience aisée à mettre en uvre. On peut pendant très longtemps passer à côté dune telle découverte, mais une fois quon la faite, il est très facile de la communiquer et den tirer des conclusions. On verra même après coup que des savoirs préalables avaient contribué à la masquer. Il ny a pas eu dix-huit siècles de patients travaux pour aboutir à un résultat, mais plutôt de vaste constructions complexes et fallacieuses qui masquaient la solution.
Le problème ne se réduit donc pas seulement à ce que chacun nait pas à réinventer la roue, mais aussi que la roue ne lui soit pas donnée de telle sorte quelle empêche dimaginer la turbine.
Une très mauvaise façon de concevoir ces choses sest illustrée par la notion caricaturale dintégration telle quelle fut pensée il y a quelques années. Il paraissait alors convenu que la présence sur le territoire français dune forte proportion dimmigrés posait un problème dintégration. Sagissait-il pour eux dintégrer une culture française, au moins sous la forme dun smig culturel ? Dans ce cas, il aurait été avisé de sinterroger sur celui-ci, et pas seulement pour des immigrés. Il fut plutôt convenu que cétait les immigrés eux-mêmes qui devaient sy intégrer. Mais à quoi ?
On voit bien comment cette voie passive est lourde de sens. Je peux indéfiniment intégrer des connaissances, des expériences ou des postures ; mais sintégrer est exclusif. On aurait aussi bien pu parler dassimilation : quassimile-t-on, ou à quoi sassimile-t-on ? La transitivité ou non du verbe change son sens radicalement.
Les immigrés avaient certainement un problème dintégration, ou dassimilation, dune culture commune ; il était en définitive le même que celui des indigènes : limpossibilité de définir un smig culturel.
La question se pose ainsi : comment utiliser toutes les ressources de nos connaissances sans avoir besoin que notre interlocuteur les partage ? Ce qui se traduit dans lautre sens : comment comprendre le discours dun interlocuteur en ignorant les connaissances sur lequel il sétaye ? La question contient la réponse : Il suffit de savoir que notre interlocuteur ne dispose pas de toutes nos données, ni nous des siennes, et den tenir compte.
Un esprit scolastique du moyen-âge naurait pas cru que ce soit possible. Il aurait dabord jugé indispensable de « convertir » son interlocuteur. Il lui aurait demandé doublier ce quil savait pour acquérir une connaissance nouvelle, préalable à toute discussion.
Un esprit moderne eût été plus expéditif. Il aurait fait léconomie de tout savoir au profit de lobservation de la Nature et de lexercice de la Raison.
Une tête bien faite vaut mieux quune tête bien pleine, mais elle se remplit aussi vite, si ce nest plus, quune autre. Lesprit moderne débouche sur un problème : Quon parte du principe « ce que je sais est que je ne sais rien », ou « quimporte la table quand on fait table raze », ou quon expérimente tous les matins le doute cartésien, la méthode marche si bien quelle génère plus de savoir que lassimilation de données toutes prêtes. Si tous les hommes sur terre étaient réellement modernes, nous serions une communauté de savants spécialisés.
Spécialisation et connaissance
Comment des savants spécialisés peuvent-ils avoir dautres conversations que des échanges de spécialistes ou bien des échanges de politesses ?
La question se pose aussi bien pour moi au quotidien. Je suis à la croisée de plusieurs réseaux, et si je tenais dans lun le discours que je tiens dans lautre, jobtiendrais tout au plus un rappel à lordre pour men tenir au sujet. Jai moi-même de moins en moins envie de membarquer dans des questions que je maîtrise mal, ni dentraîner péniblement dans celles que je connais, ceux qui ne les maîtrisent pas mieux. Jai de moins en moins lesprit missionnaire et pédagogique, et je préfère donner des références et des pistes pour que mon interlocuteur les suive lui-même, plutôt que dexpliquer ce que je sais déjà et dont la discussion ne générera aucune connaissance nouvelle.
Il y a en tout cela un mal et en même temps son remède. Le mal, cest létroite spécialisation et le cloisonnement. Le remède, cest la multispécialisation.
La multispécialisation nest pas la pluridisciplinarité qui laisse le problème entier. Chaque réseau, pris pour lui-même, est une cellule qui se coupe du monde pour se livrer à une tétracapilectomie sur un sujet particulier, mais chaque point du réseau est aussi le centre dun autre. (Voir Les nouvelles conditions de lécriture.)
Un type dorganisation humaine est en train dapparaître. Cette mutation est déjà très sensible à léchelle dune vie, seulement par la promotion du statut de spécialiste au détriment de celui de chef. « Chef », cela veut dire « tête ». Le modèle de lorganisation humaine est celui du corps humain. La tête commande tous les autres organes, et elle regroupe lessentiel de ceux qui perçoivent lenvironnement.
Dans un tel modèle, spécialisation est synonyme de subordination, et le commandement repose sur la généralisation. Au début du vingtième siècle encore, une élite doit posséder les connaissances les plus générales.
La véritable connaissance est générale, et pour cause, puisquelle consiste à identifier dans des phénomènes particuliers des principes généraux. Pourtant, dans le cours du vingtième siècle, la connaissance se spécialise, et la connaissance générale devient ce SMIG culturel inflationniste.
La connaissance devient spécialisation, le savant spécialiste, et la science même se fragmente en une poussière de spécialités qui nous feraient entrevoir, au terme du processus, un monde où chacun serait le spécialiste de sa propre discipline.
Une telle évolution est inconcevable avec le modèle dune tête centralisatrice et coordinatrice. Une telle connaissance est même contradictoire avec lidée traditionnelle de de la connaissance, qui suppose une généralisation des observations et des expériences. Par exemple, la théorie de la relativité est une généralisation de la théorie corpusculaire et de la théorie ondulatoire.
La spécialisation ne serait donc pas en opposition avec la généralisation, mais serait plutôt une spécialisation généralisatrice.
La théorie mathématique du chaos, par exemple, est une spécialisation issue de la généralisation de calculs sur la climatologie et sur la modélisation des variations du marché cotonnier. Une spécialité offre dailleurs des modèles généraux applicables par tous les spécialistes des toutes les disciplines.
Éléments pour une réforme
Les connaissances des individus saccroissent tandis que diminue la part qui en est commune, les connaissances se spécialisent, et chaque connaissance spécialisée tend à fournir des modèles universels, cest à dire applicables à toute autre connaissance.
On pourrait voir là une crise et en chercher des remèdes. Il est certainement plus avantageux dy voir un développement naturel et, somme toute, logique. Dans ce cas, on ne doit pas craindre den tirer, systématiquement et radicalement, toutes les inférences, les plus techniques et pratiques, comme les plus générales.
Tout ceci nous oblige à être attentif à des aspects formels. Nous devons savoir que celui à qui nous nous adressons sait des quantités de choses que nous ignorons, et quil en tirera vraisemblablement, à partir de nos énoncés, des inférences que nous ne saurions imaginer (et cela, même si nous ne nous adressons à aucune personne actuelle).
Dautre part, notre propre pensée repose sur des connaissances largement ignorées de notre interlocuteur, et que nous ne pouvons nous contenter dévoquer, et moins encore développer. Nous pouvons seulement, et devons savoir en faire les synthèses nécessaires, et nen pas cacher les références.
Il en ressortit une importance considérable de lignorance qui intervient dans la pensée et le langage au même titre que la connaissance. À toute connaissance réelle correspond une ignorance virtuelle, comme toute ignorance réelle induit une connaissance virtuelle.
1 G. Pico Della Mirandola, De la Dignité de lhomme,
traduit du Latin par Yves Hersant, Éditions de
lÉclat. <http://www.lyber-eclat.net/index.html>
2 Jerôme Savonarole, La Fonction de la poésie,
lÂge dHomme, 1989.
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