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À BOLGOBOL



Jean-Pierre Depetris

Un journal de voyage en ligne

Préface pour l'édition imprimée

 


Automne 2008

 

Oui, Autour de Bolgobol est bien un journal de voyage en ligne, dont cette préface concerne la version imprimée. Il l'est plus encore que les deux précédents tomes de mes voyages, car il a été le premier, en 2005, à être accessible sans mot de passe.

Il n'est pas très facile d'écrire ainsi en temps réel sans savoir exactement où l'on va, même s'il est toujours possible à chaque instant d'apporter des corrections mineures. Il y a là quelque chose qui va à l'encontre des habitudes centenaires qu'avait nourries l'imprimerie.

Curieusement, alors même que le numérique s'était fait un formidable outil d'édition, permettant de réécrire, modifier et corriger à l'infini, l'internet, dans un mouvement tout contraire, incite à se lancer sans filet, et à retrouver dans l'écriture la spontanéité et l'immédiateté de la lettre manuscrite, quand ce n'est pas de la parole.


En réalité, ces deux aspects sont loin d'être inconciliables. Que serait un livre condamné à demeurer perpétuellement une ébauche à force d'être incessamment réécrit ? Mais sans ces puissantes ressources de la commande numérique, comment écrire en ligne sans perdre toute tenue dans le style, et toute cohérence dans la pensée ?

Le numérique et l'internet ne sont pas seulement des outils complémentaires, mais aussi les remèdes à leurs excès réciproques : la virtualité, celle du possible illimité, et l'actualité, la mise en acte ici et maintenant de la connexion. Car cette connexion est quand même celle d'hommes et de femmes réels, dans un monde déterminé par sa consistance spatiale et temporelle.

Si le livre réel est donc bien le livre numérique, en ligne et en source libre, quelle place revient-il au livre de papier ? La réponse surgit alors d'elle-même dans son évidente simplicité : sa place est sur mon étagère. Tant qu'il y aura des étagères, et qu'elles seront le meilleur moyen pour les garder à portée de main, avec leurs titres lisibles sur le dos, il y aura une place pour les livres imprimés.


Il demeure pourtant des questions pour rendre sur papier un livre numérique. J'ai beaucoup hésité pour savoir si je devais conserver les illustrations dans le corps du texte, comme elles le sont en ligne, ou les éditer à la fin, comme je l'ai fait pour les précédents livres. Je me sers beaucoup des images comme de ponctuations, je dirais presque des plages de repos au sein du texte, et la lecture sur papier n'a pas besoin de tels renforts. Sur la faible surface de la page imprimée, je crains plutôt que les images renforcent les descriptions qu'elles illustrent ou remplacent, au détriment des autres. Elles sont donc encore une fois utilisées comme un abrégé final, moins nombreuses qu'elles ne sont en ligne.

Les liens aussi posent un problème. Il est aisé d'un simple clic à l'écran d'ouvrir le passage d'un autre livre, et de revenir dans mes cahiers sur des épisodes précédents. La même indication imprimée sur du papier est beaucoup moins commode. Je me demande donc si mes renvois à des passages de tomes antérieurs dans le corps du texte gardent encore leur pertinence. Je les ai donc placés en notes, et je n'ai laissé que les adresses d'autres sites ou ceux de mes autres ouvrages en ligne.