Méthode raisonnée pour éditer en ligne

et pour écrire avec un ordinateur
Jean-Pierre Depétris

Travail en cours, le 16 octobre 2009


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Écrire et éditer

Aperçu

Essai de synthèse

Tout ceci, on doit bien le reconnaître, est un peu compliqué. C'est sans doute plus difficile que de passer son permis de conduire ; mais les erreurs ont des conséquences moins désastreuses et toujours rattrapables. (Combien de temps, à propos, est-il nécessaire en moyenne pour apprendre à conduire ?) C'est beaucoup moins difficile en tout cas que d'apprendre une langue naturelle.

Est-il toutefois nécessaire de se donner cette peine, quand trainent tant de moyen en ligne de faire un blog ou d'utiliser des programmes dits « sociaux », qui se prennent en main en quelques heures, si ce n'est quelques minutes ? Cette question se prête à deux sortes de réponses. La première consiste à montrer qu'il y aurait malgré tout sur la longue durée un gain de temps et d'efforts — on l'a déjà un peu vu précédemment —; la seconde à montrer comment ces méthodes accroissent notre puissance de travail, et la maîtrise sur la qualité et la pérennité de nos documents.

La communication facile

Les deux questions se tiennent. Si l'on est convaincu de n'avoir jamais rien d'autre à faire que diffuser des messages de quelques paragraphes tout au plus, et qui perdront tout intérêt très vite, de telles connaissances sont bien inutiles.

On aurait cependant intérêt à se méfier des commodités qu'offre l'internet, d'ajouter des commentaires à des commentaires, voire des collaborations à des collaborations. Ceci ne met pas en cause l'utilité de ces moyens. On peut organiser très vite des groupes de travail efficaces sur la plus grande échèle, mais l'auto-cannibalisme de l'écrit évoqué plus haut se manifeste alors avec une voracité hallucinante. Plus l'outil est efficace, plus il peut nous conduire vite à un abîme de néant.

Les outils ne sont pas en cause. Il n'est qu'à voir les différents Wikis de développement de logiciels, ou l'encyclopédie en ligne Wikipedia. Tous ces cites ne se réduisent justement pas à des conglomérats d'interventions. Ils sont structurés autour du programme qu'ils développent, de son manuel, de ses tutoriels. (Ceux-ci sont d'ailleurs le plus souvent proposés sur des sites semblable à celui que nous avons appris à réaliser.) Wikipedia ne repose pas non plus sur des interventions sans suite, mais sur le travail de spécialistes qui coopèrent, et qui doivent bien synthétiser leur savoir, qu'ils puisent et produisent à la fois, sur d'autres sites. Les articles renvoient d'ailleurs à des sites aboutis.

Il serait fallacieux de croire que si chacun apporte sa pierre, ça construira une cathédrale. Ça fera seulement un tas de pierres où les dernières enseveliront les premières. Il est cependant tout à fait exact sur le web que la pierre d'un édifice peut aussi être celle d'un autre. Mais ça ne dispense évidemment pas de construire ces édifices.

Parce que toute pierre peut servir à divers édifices, parce que la pierre prise à un édifice ne l'en prive pas, le net n'a pas besoin des structures hiérarchiques prénumériques. Il annule en réalité moins la hiérarchie qu'il ne les démultiplie. Pour cela, pour s'émanciper de la hiérarchisation prénumérique des tâches, les utilisateurs-producteurs doivent être le plus autonomes possible.

L'évolution du traitement numérique du texte

Observons comment depuis trente ans a évolué la façon de traiter numériquement le texte. Elle s'est d'abord scindée en deux.

— D'un côté, des chercheurs ont commencé à s'échanger de gros documents, soit avec le tout nouveau HTML, dans un style aussi spartiate que celui de la machine à écrire et du stencil ; soit sous forme de fichiers EPS prêts à l'impression, édités en TeX ou en LaTeX.

— De l'autre, elle a épousé la division des tâches de l'imprimerie et de l'édition : saisie du texte déjà écrit au kilomètre ; mise en forme avec du style (généralement avec Word, mais aussi CorelWord, StarOffice, ClarisWorks, avec leurs formats propriétaires) ; mise en page avec un logiciel de PAO (le plus souvent XPress, mais aussi RagTime, avec un nombre sans cesse croissant de filtres d'importation) ; relecture de l'auteur pour approuver son ouvrage ; flashage des pages pour en faire des plaques offset ; etc. On pourrait encore faire passer cela pour de la « rationalisation des tâches » à propos d'un gros tirage, mais c'était quand même une multiplication de travaux inutiles.

— L'évolution de l'édition en ligne rend maintenant l'affichage à l'écran du HTML aussi soigné que peut l'être l'imprimé : choix des polices, style, mise en page… Le même format PDF est devenu un format standard pour l'imprimerie comme pour l'édition en ligne de documents non modifiables. On dispose d'outils pour le marquer et l'annoter à l'écran, et même le rediffuser avec ou sans ses notes.

— L'édition sur papier tend à abandonner aux auteurs tout le travail de composition du texte. Les auteurs écrivent d'ailleurs tous maintenant avec des traitements de texte sophistiqués, qu'ils sachent s'en servir ou pas. De plus en plus quelques formats dominent. Le fichier (généralement envoyés en « .doc ») est mis en page dans un logiciel de PAO de manière si standard que si l'auteur ne sait pas se servir de son traitement de texte, ses erreurs de formatage demeurent (ignorance des espaces insécables par exemple), et s'il sait, la mise en page finale est inférieure à la sienne. L'ouvrage est finalement exporté au format PDF pour être imprimé.

Il découle de cela une double évidence :


Le fichier numérique est proprement et immédiatement ce qu'on écrit, non pas ce qu'on saisit après l'avoir écrit.

Bien sûr, on peut toujours utiliser la plume ou le crayon ; on l'utilise quoi qu'on fasse, mais on produit alors un brouillon, un premier jet. On écrit vraiment, on corrige, on travaille son style avec un traitement de texte. C'est avec lui encore qu'on structure son ouvrage, qu'on le réorganise, qu'on circule dans ses pages. Bien sûr, on les imprime et on les corrige aussi au crayon, mais c'est le fichier numérique qui sert de référence, où l'on y entre des notes et des marque-pages datés automatiquement.


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C'est notamment à partir de ce fichier numérique qu'on corrigera une épreuve d'imprimerie, qu'on préfèrera avoir numérisée aussi.


Le fichier numérique est aussi ce qui est imprimé. Il n'est pas un bouquin en librairie, ou une revue, un journal, qui ne soit (que) l'impression d'un fichier numérique.

Quelques autres conclusions

De cela, on déduit :

Que ce fichier est le véritable texte, dont toute impression, privée ou commerciale, est une copie.

Qu'il peut prendre tour à tour ou simultanément trois formes, trois états : celle d'un format exploitable dans un traitement de texte (XML, RTF ou assimilé), un autre où le texte devient aussi fluide qu'une eau qui épouse la forme du récipient (HTML et annexes), un troisième où le moindre détail ne doit plus être modifié (PDF).

Que le texte est immédiatement édité en même temps qu'écrit, et qu'on ne saurait pas ce que signifierait faire l'un sans l'autre.


Sur un traitement de texte, écrire et éditer sont bien évidemment une même chose. Produire un fichier PDF à partir de là peut se résumer à appuyer sur un bouton. Mais éditer en HTML n'est apparemment pas la même chose qu'écrire. C'est une suite d'opérations assez complexes. On peut s'interroger sur son utilité si notre texte est déjà dans un format portable comme l'ODT, ou exporté en PDF.

Trois états

Il n'est en réalité pas exclus que ces trois états n'en viennent pas à être réduits à deux seulement : un fichier éditable en XML et un fichier non-modifiable — un état daté — en PDF. C'est ainsi déjà que le site d'Open Office propose ses documentations en ligne.


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Le HTML, le langage du web, ne servirait plus alors qu'à gérer une vitrine, des rayonnages, à présenter les contenus. Déjà, d'ailleurs, les navigateurs affichent très bien le PDF. Ce procédé a encore cependant de grandes lacunes.

Pour le PDF, le fichier peut être assez lent à ouvrir en ligne. On ne le sent pas avec une connexion rapide pour soi tout seul, sinon le PDF devient vite mal-commode.

Quant au fichier XML, on doit le télécharger sur un disque dur pour l'ouvrir dans un traitement de texte, ce qui n'est pas réellement pratique pour le consulter. On préfèrerait qu'il soit possible de coller directement le XML dans une page HTML entre une paire de balises, comme on a fait avec notre contenu en HTML, et de le gérer comme n'importe quel objet, image, vidéo, script… Le HTML 5 en réserve peut-être la possibilité.

Pour autant, ces trois états du texte sont moins dépendants des trois sortes de formats que l'inverse. Ils sont inhérents à la nature de l'écrit.

Tout écrit doit aboutir à un « état » fini, un jour, voire à une heure précises, pour lequel on s'assure qu'il ne sera plus modifié. On peut évidemment toujours passer à des états successifs, en autant de versions, de rééditions. C'est à cela que répond le format PDF.

Il doit en même temps rester fluide et malléable sans qu'il se corrompe, et se couler dans n'importe quel contenant (navigateur, traitement de texte, PAO, écran, papier…). Le format HTML correspond bien à cet usage, il est relativement simple à manipuler et laxiste sur les fautes de code.

Il doit encore rester aisément modifiable et offrir toutes les possibilités de le retravailler avant de l'exporter dans les deux précédents formats. Pour cela, le format du traitement de texte demeure irremplaçable. Au mieux, le XML peut devenir une sorte d'espéranto entre les différents outils d'édition, mais c'est un langage complexe et plus rigoureux que le HTML, dont le code est plus dur à manipuler.

Souhaiter réduire le choix entre ces trois formats pour n'en garder que deux, sinon un, revient à en attendre des qualités totalement contradictoires.

Tant que nous demandons à un texte d'être à la fois infiniment modifiable et définitivement achevé, nous aurons besoin d'un état intermédiaire, d'un état où il demeure virtuellement les deux ; où l'on contrôle ses mutations ; un état transitoire en quelque sorte.


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Du point de vue de l'écriture

Cette partition qui prend la forme d'outils et de langages numériques distincts, aide en réalité à écrire, en nous permettant de penser ce qui autrement serait (était) impensable : la nature contradictoire du signe écrit.

Un texte n'est pas une abstraction. Dans son état présent, son actualisation, tout peut y avoir une importance significative : la taille de l'écran, de la fenêtre ou du papier, l'aisance à le manier et le naviguer, la taille des caractères, la police, le nombre de signe par ligne et de lignes par page, etc. Tout cela a une incidence sur la lecture, et plus encore sur l'écriture.

Certains textes deviennent illisibles s'ils sont trop découpés en de petites pages. Ils se lisent mieux en lignes serrées sur de grandes. La page, celle du livre ou d'un navigateur, a une incidence directe sur l'écrit. Elle est toutefois relative : quelques caractères de plus ou de moins dans une ligne, une ligne de plus ou de moins dans un page, ont une importance négligeable.

Cette importance dépend seulement du texte. Il est préférable que des vers ne soient pas coupés par des sauts-de-ligne, ni qu'ils paraissent collés à la marge gauche. Hors ce cas extrême, il peut être bon que la longueur des lignes épouse une respiration des phrases ; mais cela peut n'avoir aussi qu'une importance négligeable.

Il se trouve que de telles décisions sont maintenant entièrement entre les mains de l'auteur, du moins au bout de ses doigts, quand il écrit sur son traitement de texte ou quand il publie en ligne, tout autant qu'elles le sont avec la plume et du papier. Elles le sont devenues plus encore, puisque l'auteur peut à chaque instant tout changer. Il est le seul maître de ce à quoi il donne de l'importance ou non.

Lorsque nous avons importé le texte dans la page HTML, nous avons opté pour une largeur de ligne de 800 pixels, et pour une taille de caractères medium. Nous aurions pu donner des valeurs moins relatives : 10 centimètres de largeur, par exemple, pour un corps de 12 points.

Il appartient à l'auteur seul de décider des ratios de fluidité ou de l'immuabilité de ce qu'il édite, il lui appartient de les écrire aussi, comme il écrit les mots.

On doit bien alors comprendre qu'il s'agit d'abord d'exigences d'écriture, et très secondairement des qualités de lecture d'un texte publié. L'enjeu est celui de la plus grande commodité, et de l'efficacité de tout le procès d'écriture.

Écrire et publier

Le numérique, l'ordinateur personnel et l'internet ne réduisent pas ce procès d'écriture à une étape antérieure à la publication en ligne et qui la prépare — même en associant écriture et édition. Cette étape de la publication est au contraire intégrée dans le procès lui-même, puisqu'elle n'a aucune raison de l'interrompre. À tout moment, l'auteur peut partager son travail avec qui il le souhaite, de proches collaborateurs référencés, un cercle plus ou moins ouvert, quiconque. Il peut obtenir des avis, des corrections, des critiques, des données complémentaires. Même s'il repousse aussi tard qu'il le souhaite ce moment, il pourra toujours et à tout instant tenir compte des retours que suscite son travail, pour le modifier.

On dit que le web contient beaucoup de travaux en cours, en réalité, tous les travaux qu'on y trouve le sont virtuellement.

Pourquoi un site

Nous avons d'abord éludé la question du « pourquoi » pour lui préférer celle du « comment » éditer un site. Il n'y a bien sûr pas de réponse unique, à moins qu'elle ne soit la plus simple : « Pour partager des documents. » Autant s'en tenir à cette définition générique : « Partager des documents », qui est à la fois exacte, précise et ouverte.

On ne dirait certainement pas la même chose pour l'édition imprimée. Il s'agit pourtant bien souvent aussi de partage, mais il ne se joue pas aussi immédiatement (sans médiation), dans la relation de celui ou de ceux qui produisent un document imprimé, et ceux qui l'acquièrent et le lisent. Quand bien même s'agirait-il d'un bulletin interne, d'une publication de chercheurs destinée à leurs confrères, la séparation entre le moment de la production et celui de la réception, renvoie l'idée de partage à une figure de style.

Quand j'édite en ligne cette méthode que je suis encore en train d'écrire, quelle est mon intention ? Rendre service à qui peut en avoir besoin ? Dans ce cas, j'aurais repoussé ce moment le tard possible, quand j'aurai été sûr de n'avoir laissé aucune erreur, aucun oubli, quand j'aurai jugé que tout était parfait. Or ce n'est pas précisément mon intention. J'attends au contraire de la publication qu'elle m'aide à atteindre ce point.

Je peux commencer par interroger des correspondants mieux renseignés que moi sur certains points, et je leur enverrai des extraits par courriel. Rapidement, il sera préférable que l'ouvrage soit en ligne tout entier, en l'état, pour que j'envoie plutôt des liens dans mes courriels. Dans ce cas je peux toujours protéger mon édition par un mot-de-passe réservé à mes correspondants, ou seulement en interdire la recherche par les moteurs.

Me voilà donc déjà avec un site pour un texte qui se trouve dans un état bien inférieur à celui que j'aurais accepté pour une impression publique. Je pourrais pourtant le laisser aussi en libre accès, car quelqu'un que je ne connais pas peut me donner des retours utiles. Il suffira que je prévienne que ce travail est en cours.

L'indication « Version 0.n » y suffira. Le nombre « 0 » signifiera que cette version n'est pas finalisée (antérieurs à la version 1), et le nombre « n » sera celui de cette version d'évaluation.

Les outils collaboratifs

Pourquoi ne pas utiliser des outils collaboratifs ? Ces outils ne sont pas à négliger, ils savent se rendre utiles, mais ils ne le sont que pour faire ce pour quoi ils ont été programmés — et ce n'est certainement pas à écrire. Même sur un site collaboratif, et peut-être plus là qu'ailleurs, on a besoin de sites sur lesquels publier des documents et vers lesquels pointer des URLs, et plus encore d'adresses de courriel.

Dans la pratique, de tels outils servent d'abord des objectifs précis et circonscrits dans le temps. Quand leur vie se prolonge, ils tendent à devenir des capharnaüms, sauf à poursuivre une démarche plus ou moins encyclopédique comme Wikipedia. Plus ils durent, et plus le temps nécessaire à les administrer s'accroît.

On ne doit pas entretenir trop d'illusions sur leur caractère « collaboratif » qui laisserait entendre que tout le monde y tient une place égale. L'internet abolit moins les hiérarchies qu'il ne les multiplie. Il multiplie les chefs, au point que chacun devient le sien, le centre des réseaux qui convergent et partent de lui. Un wiki, comme n'importe quel site, n'échappe pas à cette règle. L'administrateur ne peut pas empêcher que les autres soient chefs ailleurs, mais sur son wiki, le chef, c'est lui.

Il n'est pas sérieusement question ici d'autorité et de censure, mais de la nécessité d'administrer. Plus le temps passe et plus le wiki croît, plus le rôle de l'admin devient important, et difficilement partageable, mais sans-doute les tâches peuvent être déléguées. D'ailleurs, les collaborateurs n'ont ni l'envie ni de bonnes raisons d'avoir tous les droits d'administration.


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Les outils collaboratifs et « sociaux », blog, wiki, forum, liste de diffusion… offrent des services dans la mesure où ils se situent comme modulations des deux pôles de l'internet : le site public et le courriel privé. Leur usage peut devenir problématique si l'on se prive de ces deux termes qui les encadrent.

Ces deux pôles sont d'ailleurs eux-mêmes modulables : en limitant plus ou moins l'accès au site (non-indexation, mot-de-passe…) ; en envoyant des courriels groupés (il n'est pas plus difficile d'envoyer en même temps des milliers de courriels qu'un seul, si l'on a préparé un dossier d'adresses). Nous avons déjà dans ces deux moyens de quoi permettre toute sorte de collaborations, et qui peuvent largement y suffire.

À quoi servent donc tous ces outils ? Ils peuvent permettre une adaptation plus fine à des objectifs poursuivis ; donner des moyens supplémentaires et plus commodes.

Ils peuvent aussi offrir un accès plus facile à ceux qui ne savent pas utiliser les outils de base : ceux qui ne savent pas faire un site, ou qui ne savent pas gérer sur le moyen et le long-terme une grande quantité de courriels. On devrait se garder alors de faire à partir de la seconde réponse un remède pire que le mal. S'il est justifié de ne pas faire de la technique un moyen de sélection, voire de censure, permettre de l'ignorer n'est certainement pas identique à en donner les clés.

L'usage

Le plus simple est le mieux

Il n'y a pas si longtemps, on trouvait sur n'importe quel CD des logiciels simples d'emploi pour créer un site, Netscape, alors le navigateur le plus utilisé, possédait un module à cet effet, Composer, et n'importe quelle revue expliquait en quelques pages illustrées comment s'en servir.

La principale difficulté était déjà la même qu'aujourd'hui : comment, pour éditer davantage qu'un petit contenu de base, passer d'un logiciel à l'autre, d'un format à l'autre ? Cette difficulté aurait plutôt diminué depuis, et le reste n'est pas devenu plus compliqué. Le code du HTML 4 n'est pas plus compliqué que celui du 3. Il serait même, lui aussi, devenu plus simple en s'étant déchargé de nombreuses fonctions sur les CSS.

Le HTML 4 et les CSS offrent plus de possibilités, mais ils n'en imposent aucune. Si l'on y tient, on peut continuer à éditer avec du HTML 4, et même bientôt du 5, d'une façon aussi spartiate qu'avec du HTML 2, et même 1. On a le droit d'ignorer les CSS, et de présenter un texte brut, comme dactylographié sur une vieille machine à écrire. Ce peut être un choix, et des plus justifiables.

D'ailleurs, plus une édition HTML est propre et minimale, plus il est facile, si en vient l'envie, de l'enrichir avec des feuilles de style ; si l'on veut, quand on veut. Rien ne contraint plus qu'hier de faire un site parfait, beau, richement paginé, si tant est que ces critères aillent ensemble. Le HTML est justement un format très peu exigent sur la perfection.

Le travail en cours

Comme on l'a vu, l'internet favorise la publication de travaux en cours. Mieux, sur le net, tout travail est virtuellement en cours. Même l'édition d'un auteur depuis longtemps disparu peut être enrichie de notes, de références nouvelles.

Le travail en cours doit être perpétuellement modifiable, de la simple correction de coquilles ou d'inexactitudes, jusqu'à des recompositions profondes. Ceci est donc très différent de l'exemple étudié plus haut d'un texte en principe complet, édité en une seule fois, et qui se prêterait facilement à une division des tâches. La même personne, l'auteur, doit pouvoir intervenir à tout moment et à tous les niveaux : sur son fichier de travail — dans un traitement de texte donc ; sur le fichier PDF — c'est simple, il suffit de l'exporter ; sur l'édition en ligne — qui est à l'évidence plus difficile à synchroniser.

L'idée fallacieuse de perfection

Inutile de s'illusionner, il n'y a pas de bonne solution universelle. En trouverait-on une que tous ceux qui veulent bien coopérer devraient l'adopter pour qu'elle le devienne réellement. Il est préférable d'abandonner définitivement l'idée de perfection, avec celle qu'il n'y ait qu'une seule méthode et une seule voie pour atteindre un but.

Contre la première impression qu'elles pourraient donner, les techniques numériques en découragent et en dispensent. Elles paraissent au départ exiger une rigueur méthodologique contraire à tout amateurisme, mais elles nous incitent très vite à nous arranger et à tricher. Pour cela cependant, pour que ça marche malgré tout, on doit quand même avoir quelques lumières sur ce qu'on fait.

Pourquoi l'informatique est-elle ainsi ? Pour une raison qui est au moins évidente si elle n'est pas la seule. Utiliser un programme est déjà programmer, comme on l'a vu, même si c'est sans le savoir, et plus encore régler des préférences et enregistrer des scripts. À partir de là, il y a peu pour corriger directement du code, au moins celui de scripts. Bref, il n'y a aucune limite bien étanche entre le producteur et l'utilisateur de programme.

On modifie les programmes selon la façon dont on travaille. On suggère des modifications aux développeurs, voire on en propose le code. Beaucoup de logiciels sont en source libre et peuvent être modifiés collégialement. Si jamais des options divergent, deux groupes peuvent partir chacun de leur côté.

Il est souvent préférable d'utiliser plusieurs petits programmes qui ne font qu'une chose, mais qui sont très paramétrables pour la faire exactement comme nous voulons, que de plus gros qui imposent leur méthodologie, et ne font rien à notre goût. Les meilleurs programmes ont souvent été écrits pas une seule personne pour répondre à ses propres exigences. Les exemples n'en manquent pas. Ils ne sont pas nécessairement écrits par les meilleurs programmeurs, mais par des gens qui ont une conception très ingénieuse des opérations qu'ils veulent exécuter.

L'édition en temps-réel

Il n'est donc pas de méthode bien définie pour publier en ligne un travail en cours en temps-réel. On devra dans tous les cas exporter passage après passage, puis réexporter le passage corrigé, et recommencer. Il est donc important de trouver des programmes qui font cela le mieux possible et qui épargnent de fastidieuses retouches.

L'entrainement qui ne manque pas d'en résulter permet à lui seul de procéder assez vite, mais pour cela il est au moins nécessaire de compartimenter au mieux : son modèle de page ; ses feuilles de style ; ses fichiers exportés. Il est plus simple alors de retoucher chacun séparément. Dans la pratique, ce travail continu est moins fastidieux que la publication finale d'un ouvrage complet.

Le nettoyage du code

L'idéal serait de pouvoir exporter un texte dans un HTML qui n'ait d'autres identifiants que des balises simples (H1, H2,… P, etc.) sans CLASS ni SPAN, et moins encore FONT, seulement quelques balises de formatages comme <i> (italique) ; <b> (gras) ; <small> (plus petit) ; <sup> (exposant)…

Pour cela, on ne devrait utiliser dans le traitement de texte que des styles biens définis : Corps de texte, Titre 1, Titre 2, etc. Malheureusement, les traitements de texte cherchent toujours plus à trop bien faire. Ils multiplient pour un rien les identifiants et les variations dans les feuilles de style internes. À l'évidence, les programmeurs répondent à des demandes : celles que la page en ligne ressemble le plus exactement possible à celle du traitement de texte, ce qui n'est pas futé.

Filtrer son texte d'un excédent de balises de style peut être une épreuve. Pour l'accomplir, les bons éditeurs de texte disposent d'outils puissants. Il est possible de rechercher et de remplacer des formules variables.

Un texte bien saisi ne devrait avoir besoin de rien d'autre qu'une balise <p> en début de chaque paragraphe. Pour effacer tous les autres contenus éventuels d'une telle balise, on utilise la formule « ([^<]*) ».

On recherche donc : « <p ([^<]*)> » et on le remplace par : « <p> ».


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On peut recommencer l'opération pour toutes les balises où elle est nécessaire. Si l'on doit les répéter à chaque exportation, il sera préférable d'enregistrer un script. Il suffira alors de le lancer à l'ouverture du fichier exporté en HTML, pour que toutes ces opérations soient effectuées en un seul clic.

Pendant qu'on y est, on peut même supprimer tout le haut et tout le bas de la page, du DDT, à la balise <BODY>, et de la balise </BODY> à </HTML>.

Dans ce cas, on recherche d'abord : « <! (.*) body ([^<]*)> », et on ne le remplace par rien ; puis : « </body> (.*) </html> ».


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On enregistre ces opérations dans le même script, et l'on n'a plus qu'à enregistrer ce qui reste de la page pour le coller tel quel dans la partie de celle où il doit prendre place. (Il est à noter que des éditeurs de texte permettent d'effectuer cette opération sur le contenu de dossiers entiers.)

La totalité de l'opération ne devrait alors pas prendre plus d'une minute lorsqu'on l'aura déjà exécutée deux ou trois fois.

Évaluer le plus simple

Comme on le voit, le numérique demande souvent des opérations mentales assez considérables, mais pour ne plus avoir ensuite à s'en soucier. Il appartient toujours à chacun d'évaluer si de tels efforts valent bien ceux qu'ils économisent.

Comme le précédent procédé évite justement d'y revenir par la suite, on va rapidement oublier comment s'y prendre. Qu'on soit débutant ou confirmé, cet effort restera toujours à peu près égal si l'on doit le refaire. On cherchera dans les aides et les manuels, et l'on s'estimera heureux si l'on parvient à préparer ses scripts en seulement une heure ou deux. Ils nous feront peut-être gagner dix minutes pour chaque utilisation. Cela n'en vaut pas la peine si l'on ne s'en sert que trois ou quatre fois. Peut-être vaut-il mieux abandonner l'idée de trop bien contrôler son code, et utiliser ses pages comme elles sont exportées. Il suffira d'exécuter l'opération contraire : coller le haut et le bas de la page modèle dans celle qui est exportée, et ne plus se soucier de rien.

Publier en temps-réel suppose au contraire la répétition fréquente de ces opérations. Dans ce cas, il devient avantageux de faire l'effort d'automatiser une procédure qui se traduira dans la durée par un moindre effort.

La collaboration

La qualité de nos écrits dépend pour l'essentiel de la collaboration. Les autres nous apportent des compléments, voient des faiblesses qui nous échappent, forcent à mieux expliquer, tirent des conclusions inattendues, débusquent des coquilles, des contre-vérités, des approximations, des déductions viciées, etc. Ces collaborations peuvent utiliser des canaux variés. Le plus simple est le courriel privé, bien suffisant la plupart du temps.

Le courriel

Le courrier électronique n’a rien à envier à celui sous enveloppe. Il est plus rapide, mais la poste n’est pas très lente non plus, et le temps mis à lire et à répondre est, lui, difficilement compressible. Il est surtout plus rapide pour composer, adresser, envoyer, répondre, trier, ranger, conserver, garder sous la main, rechercher, faire des envois multiples et quasiment gratuit ; aussi a-t-on tendance à en faire un usage intensif.

Il semble devenir inutile de faire en sorte que le courrier occupe le moins d’espace mémoire possible, avec l'accroissement des supports de stockage, mais rien n'est moins sûr. Comment réduire la taille de ses messages ? Les logiciels de courrier sont généralement réglés par défaut sur le HTML. Il suffit de changer cela dans les préférences. En texte brut, même une très longue lettre occupera rarement plus de 10 ko. Il n'en va pas seulement de l’espace pris sur le disque, du temps passé à relever son courrier ou de la possibilité de l'archiver sur des supports amovibles, mais surtout de sa lisibilité. Ce fut dès le début une forme de politesse, et elle demeure valable.

Pièces-jointes et URL

Le HTML permet de conserver des styles, ou des différences de couleur. Il est utile, par exemple, pour indiquer par courriel des corrections apportées à un texte. Dans ce cas, il est préférable de l'envoyer en pièce jointe, ou, mieux, de le laisser sur son propre site et de n'envoyer que l'URL. Il est dans tous les cas mal venu d’envoyer un courrier en HTML à quelqu’un qu’on ne connaît pas ou sans qu’il l’ait sollicité, à plus forte raison s’il contient des images et des fonds de page.

Si on laisse sur son serveur plusieurs documents volumineux à télécharger, il est bon de les compresser. Le clic sur le courriel lancera le téléchargement qui, une fois fini, déclenchera automatiquement le logiciel de décompression, et le correspondant trouvera sur son bureau un fichier compressé « machin.zip », et un dossier décompressé : « dossier machin ». Il utilisera ce dossier quand et comme bon lui semble, et il pourra l'archiver indépendamment de son courrier.

Il est à éviter d’envoyer en pièces jointes des fichiers dans un format propriétaire, sauf, éventuellement, si l’on est sûr que son correspondant utilise exactement les mêmes outils.

La correspondance électronique reste de la correspondance

Le courrier informatique et sur papier n’ont rien à s’envier. L’usage aisé et intensif du premier, surtout pour les échanges en temps-réel, tend parfois à provoquer un relâchement de la langue. Parfois aussi, des problèmes de reconnaissance de caractères spéciaux donnent l’apparence d’un tel relâchement. Qu’on ne s’y laisse pourtant pas tromper. La langue relâchée et les tournures fautives ont le même effet sur un courriel que sous un pli cacheté, si ce n’est pire.

La grande quantité de courrier électronique demande surtout de la concision et la clarté, que facilitent d’ailleurs les moyens de correction à l’écran et les outils linguistiques. Il est vrai que dans une liste de discussion, je ne reprocherai pas à mon correspondant de ne pas avoir fait usage d’un correcteur grammatical s’il résout mon problème en trois minutes, mais, dans l’ensemble, la langue que je lis dans mes courriels n'a pas de raison d'être moins soutenue que celle de mon courrier sur papier.

Le courrier n’est pas une forme mineure et négligeable d’écriture, voire de littérature. Si une très grande part du courrier électronique doit finir à la poubelle, mais pas proportionnellement supérieure à celle du courrier sur papier, une part qualitativement plus importante est la matière première d’écritures ultérieures. Le courrier électronique trouve là sa réelle supériorité sur le papier : il prend moins d’espace en pouvant être stocké sur des supports amovibles, il est plus facile de le classer et beaucoup plus facile d’y retrouver ce que l’on cherche, et plus encore d’en reprendre des passages par simple copier-coller.

Comme nous recevons nos courriels en texte brut ou en HTML, il est indépendant de toute application, et dans une moindre mesure du système. Il est donc très facile à éditer. Pour cela, on doit au moins savoir où on le classe, notamment pour le sauvegarder. Il n’est pas toujours évident de trouver où sont exactement placés les fichiers qui s’ouvrent dans notre logiciel de courrier. On peut les trouver dans le dossier de l’application elle-même, dans les préférences du dossier système, ou encore à la racine de son disque dur. Il est utile de savoir qu’on peut remplacer ces dossiers par des alias si l’on souhaite les ranger dans des endroits plus accessibles, pour en faire des sauvegardes régulières, dans son dossier « courrier » par exemple.

La plupart des logiciels de courrier permettent de faire des filtres pour trier automatiquement sa correspondance dans des dossiers distincts, selon leur objet ou le nom de l’expéditeur.

Les envois multiples

Il est possible d'envoyer le même courriel à plusieurs personnes en même temps. C'est très commode pour travailler ensemble. Pour un groupe structuré qui collabore de façon continue, il est utile de créer un dossier dans son carnet d'adresse. On pourra envoyer un courrier au groupe entier en sélectionnant ce dossier ou en saisissant son nom.

Quand on fait des envois multiples, il est important de ne pas envoyer trainer n'importe où les adresses de ses correspondants. Même si nous sommes certains qu'aucun d'eux ne négociera ces adresses ou n'enverra du spam ; nous ne pouvons jamais savoir où ces adresses pourraient finir par se retrouver. Il est préférable de cacher les noms des destinataires, à plus forte raison s'ils n'ont pas de raison de se connaître.


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Souvent, « copie cachée » n'est pas écrit en toutes lettres, mais « CCI » (copie carbone invisible), à ne pas confondre avec « CC ».

Les outils de coopération

Liste de diffusion et forum

Le site demeure le meilleur moyen d'éditer et d'échanger en ligne, et le courriel, le meilleur moyen pour communiquer. Pour un travail collaboratif continu, il peut être avantageux de créer une liste de diffusion : chacun s'y inscrit indépendamment, et reçoit son courrier sans connaître, sauf le modérateur, les adresses de tous les abonnés.

Très proche de la liste de diffusion est le forum. Plutôt que de recevoir, lire et écrire du courrier, on lit et écrit directement en ligne sur les pages du forum. Comme une liste de diffusion, la lecture d'un forum peut être ouverte au public ou privée. Pour écrire dans une liste ou sur un forum, il est toujours nécessaire de s'inscrire.

Le principal avantage du forum est de permettre plusieurs rubriques correspondant a différents sujets de discussion.

Le blog

Le blog est un peu le site du pauvre. Il peut suffire de s'inscrire chez des fournisseurs qui offrent des blogs clé en main, tout prêts, dont on peut modifier plus ou moins légèrement l'apparence. Sinon on peut installer son propre blog n'importe où.

Un blog ne peut contenir que très peu de rubriques, ce qui le limite pour classer beaucoup de contenu. Il gère principalement l'ordre chronologique, ce qui en fait un bon outil d'information. Les articles se placent à la suite des autres, le dernier en haut de la page. C'est pratique pour diffuser les dernières nouvelles, mais pas pour conserver des documents sur la durée.

Il offre aussi la possibilité d'ajouter aisément des commentaires aux articles. Tout cela peut en faire un bon outil de collaboration, avec des droits d'administration partageables ou non. Chaque article peut être rendu public ou réservé à ceux qui sont référencés, ainsi que la possibilité d'y laisser des commentaires.

Le wiki

Le Wiki est une sorte d'intermédiaire entre le site et le blog. Il peut contenir un nombre illimité de pages hiérarchisées avec des liens internes. Il permet à chacun, s'il en a l'autorisation, d'éditer librement les pages existantes ou d'en créer de nouvelles. Le modèle du wiki est Wikipedia, qui donne la mesure de sa puissance.


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Le wiki est le moyen le plus simple de faire un site collaboratif. Sa présentation reste cependant très spartiate quoi qu'on y fasse.

Le système de gestion de contenu ou CMS

Il est très malcommode de gérer un site à plusieurs. Qu'il offre une image personnelle, anonyme ou institutionnelle, il est toujours entre les mains d'un webmestre. On peut avoir de bonnes raisons de ne pas s'en contenter.

Des CMS (Content Management System) peuvent alors être très efficaces et permettre à tous les membres référencés d'éditer eux-mêmes leurs articles comme s'ils étaient sur leur propre site.


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On voit ci-dessus l'interface Spip d'édition d'un article.


Il existe des quantités de solutions pour créer un site collaboratif, parmi lesquelles se brouillent les distinctions bien nettes entre blog (textes à la suite dans un ordre inversement chronologique et possibilité de commentaires), wiki (où tout visiteur est virtuellement collaborateur) ou CMS (site collaboratif). Le code source lisible et les licences libres permettent une floraison de programmes et d'extensions tous plus ingénieux les uns que les autres. Le plus difficile est de savoir ce que l'on veut et d'y trouver les outils les mieux adaptés.

Il est cependant des difficultés plus subtiles. Il n'est d'abord pas évident qu'un texte consciencieusement écrit et publié suggère des réactions bien intéressantes à chaud. La facilité avec laquelle nous pouvons écrire un commentaire public nous le fait souvent juger consternant si nous le relisons plus tard. À l'inverse, une critique ou une réflexion bien pensées et bien écrites peuvent sans peine être publiées en ligne avec un lien sur le texte cible, ou transmises par un courriel qui est aussi bien publiable sur le site de celui qui le reçoit que de celui qui l'envoie.

Nous ne sommes pas toujours les meilleurs juges de ce que nous disons. Parfois nous n'en percevons ni la portée, ni la pertinences, ou encore ni les erreurs ni les limites. Elles nous sont le plus souvent révélées par des publications critiques ou des courriers privés, alors que des commentaires rapides les masquent au contraire.

Travailler à plusieurs sur un même site est utile, mais à la condition que chacun sache déjà tirer tout le parti de ses propres outils. Dans le cas contraire, on ne doit pas entretenir trop d'illusion pour faire de ces moyens des palliatifs aux insuffisances d'un collaborateur. La difficulté est alors que ces nouveaux moyens ne l'empêchent pas d'utiliser et de cultiver les siens propres.

Le dossier de travail

La meilleure façon de travailler ensemble peut être le partage du même fichier de travail, c'est-à-dire celui sur lequel on écrit avec son traitement de texte. Pour cela, on doit utiliser le même traitement de texte, ou bien en trouver qui soient très compatibles, et bien en gérer les formats.

Les fichiers Microsoft Office sont souvent utilisés ainsi, dans la mesure où, en dominant le marché, leurs formats peuvent faire figure de standard. Toutefois la suite Microsoft Office est chère, elle ne fonctionne pas sur tous les systèmes et son code n'est pas très limpide. Open Office est donc un meilleur candidat. Il est gratuit et s'installe partout. Personne n'a donc de raisons irréfutables de refuser de l'installer, sauf peut-être un espace disque un peu étroit. Open Office peut, de plus, rendre des services pour exporter en PDF et en HTML, même si l'on n'écrit pas avec.

Il est très pratique de travailler à plusieurs sur le même fichier ODT, notamment à préparer des épreuves pour la publication. Il permet de comparer des versions pour vérifier les dernières modifications, d'ajouter des notes personnalisées et de ménager des sections non modifiables.


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On peut légitimement avoir des réticences à trop généraliser un tel usage. Même si le programme est libre, ce n'est jamais une trop bonne idée de s'en rendre excessivement dépendant, ni d'en imposer l'utilisation à un collaborateur ; de lui interdire d'employer ses propres outils comme il l'entend, même pour un travail en commun. Il est toujours préférable, même pour une collaboration, de laisser chacun libre de suivre sa propre voie.

Le site

Comment ne pas rendre aisément accessible tout ce qu'on publie en ligne

Il est difficile d'utiliser pleinement les ressources de l'internet sans avoir son propre site, au moins sous la forme d'un espace de sauvegarde sans accès public. On trouve cependant peu d'hébergeurs qui les offrent gratuitement, contrairement aux sites publics. La différence entre la publication et la sauvegarde en ligne est de toute façon relative. La publication est dans tous les cas une forme de sauvegarde, et il est toujours possible de protéger certains dossiers. Si des fichiers ne sont pas indexés, et si aucun lien ne pointe sur eux, il y a bien peu de chances que jamais quelqu'un ne les ouvre.

La sauvegarde en ligne de données confidentielles est de toute façon peu recommandée, et ce qui n'est pas public à proprement parler, peut toujours être partagé.

Pourquoi ne pas rendre aisément accessible tout ce qu'on publie en ligne

L'intérêt de ne pas rendre trop accessible tout ce qu'on publie en ligne n'est presque jamais personnel, car, si l'on a des secrets, il vaut mieux les ranger ailleurs. L'intérêt est d'abord celui des autres internautes. Il est inutile de les attirer sur ses pages si l'on pense qu'elles ne sont pas assez abouties, si l'on n'est pas sûr de ce qu'on y dit, ou, plus généralement, si elles n'apportent rien au commun des mortels.

L'intérêt est aussi pour ses collaborateurs. Il est bien rare que des gens s'associent pour un projet sans avoir le souci qu'il ne soit pas éventé prématurément, que ce soit pour les pires ou les meilleures raisons. Même quand ce souci n'a aucune raison d'être, une certaine confidentialité favorise l'intimité.

Toutes ces raisons exceptées, il n'y a pas de raison de craindre les visites. Les retours sont généralement plus intéressants qu'on aurait pu l'espérer, et des rencontres peuvent avoir lieu qui auraient été impossibles autrement.

Comment rendre intelligemment son site visible

Il n'y a aucune raison de forcer la visibilité de son site à l'aide de tous les petits secrets techniques que l'on trouve partout. La plupart des moteurs de recherche, dont Google, font assez intelligemment leur travail. Il importe seulement d'optimiser les moyens de trouver chez soi ce qu'on peut y chercher — et certainement pas de faire perdre son temps au plus grand nombre.

Lorsqu'on fait une recherche en ligne, le premier critère de pertinence d'une page est la quantité de liens entrants et sortants sur le même sujet. Si nous cherchons, par exemple, des informations sur la boule provençale, le site le plus pertinent sera sans-doute celui qui aura le plus de liens entrants et sortants sur la boule provençale. Si les liens concernent aussi la cuisine provençale ou la boule lyonnaise, il le sera certainement moins, sauf peut-être si l'on s'intéresse à la Provence ou aux boules en général, mais dans ce cas, on n'aura pas fait une recherche sur la boule provençale. En somme, pour être bien référencé, il suffit de donner de bonnes références.

Sauf à louer des espaces publicitaires, on n'a pas de raison d'attirer sur ses pages plus de monde que nécessaire. Il y en a beaucoup plus à attirer spécifiquement ceux qui y trouveront satisfaction et pourront nous renvoyer des retours intéressants. C'est d'ailleurs vrai même dans le cas de location d'espaces publicitaires, qui seront toujours plus intéressants — pour l'offre comme pour la demande — s'ils sont très bien ciblés.


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Le moteur de recherche Kartoo, permet d'afficher sa recherche sous la forme d'une carte des liens, et donne une idée assez exacte des princpipes du référencement. Il est aussi possible de décocher les liens sponsorisés, pour obtenir une meilleure pertinence.

(http://www.kartoo.com/)

Les liens

On s’étonnera peut-être que je ne traite des liens que maintenant, alors qu’on y voit souvent l’essence du HTML. En fait, les liens ne sont pas propres au HTML, puisqu’ils fonctionnent sur des formats aussi variés que ceux des traitements de texte ou le PDF. Les liens ne posent pas de problèmes techniques, et presque tous les logiciels savent les générer de façon automatique. Je n’en parlerai donc ici que du point de vue de leur pertinence.

Qu’est-ce, fondamentalement, qu’un lien ?

Un lien est une référence. Si nous l’appelons ainsi, nous voyons que son principe est aussi ancien que l’écriture. Des références, cela peut être, dans un index, les numéros de pages et de lignes où l’on retrouve les occurrences des noms indexés. Ce peut-être les renvois à des notes en fin de page, de chapitre ou d’ouvrage. Ce peut être des références bibliographiques. Les liens HTML sont exactement l’équivalent de ces références pour des textes dont on serait bien incapable de définir de numéros de page ou de ligne, puisqu’ils n’en ont pas de fixes.

Le lien hypertexte permet d’afficher d’un simple clic le texte référencé. Cela exige d’être fait avec un certain discernement, avec au moins autant d’attention que pour le texte imprimé, si ce n’est plus.

i) Sachant qu’un lien va afficher immédiatement la page référencée, il importe que le lecteur puisse revenir sans peine au texte initial, surtout s’il s’agit d’un lien externe, et qu’il a continué à naviguer. Il nous arrive souvent, avec du papier, de garder plusieurs livres ouverts simultanément, car nous ne fermons pas notre livre pour aller chercher dans un autre. Il est donc préférable de faire s’ouvrir une page liée dans une nouvelle fenêtre. Il suffit pour cela de rajouter à la fin de la balise de lien : target="_blank".

Exemple : <A href="http://www.machin.org/" target="_blank">Machin</A>.

On peut ainsi ouvrir simultanément autant de fenêtres qu’on en veut.

ii) Il importe d’expliciter le lien lui-même. Si dans le corps d’un texte, je lis entre parenthèses (note 1), ou seulement (1), je me douterai qu’il s’agit d’une note interne. Si dans le même texte, il est fait allusion à un autre texte, si celui-ci est souligné, je suppose qu’un cliquant sur le lien, ce texte s’affichera, de préférence dans une autre fenêtre. Si je renvoie au site de l’auteur, il n’y aura pas d’ambiguïté, et moins encore si je l’écris en toutes lettres : http://jdepetris.free.fr/, ce qui sera tout particulièrement utile si le texte doit être imprimé.

Les liens ancrés avec ambiguïté font perdre du temps en surfant en vain. Voir à ce propos La synecdoque et le lien hypertexte de Bernard Lombard : http://www.synec-doc.be/doc/tropes.html.

Les liens et l’écriture

Les liens ne concernent pas seulement la lecture, mais surtout l’écriture, dans la mesure où un net découpage entre les deux serait pertinent. Surévalués pour le langage HTML, ils sont souvent négligés pour les autres états du texte, traitements de texte ou fichiers PDF, qui permettent toute sorte de liens internes ou externes. Les alias de fichiers ou de dossiers sont eux-mêmes des liens qui permettent d’ouvrir un même document sans qu’il soit nécessaire d’en multiplier les copies. L’abonnement est une technique comparable, elle aussi, au lien. Il permet que les corrections apportées à un document soient automatiquement reportées sur un autre. Une correction faite sur un programme de PAO sera ainsi reportée en temps-réel sur le traitement de texte, ou inversement.

Les liens et la sauvegarde

Il est essentiel de faire des sauvegardes, mais il est déconseillé de multiplier les copies d’un même document. Les sauvegardes doivent être faites sur un autre support que son disque dur pour qu’elles ne soient pas détruites en cas d’effacement de celui-ci. Il est préférable que celles-ci se trouvent même dans un autre lieu. Un site sur un serveur distant peut être une bonne solution pour la sauvegarde. Elle permet notamment d’avoir accès à son travail où que l’on se trouve à partir de n’importe quel ordinateur.

Mettre un document en ligne n’impose en rien de le rendre public. Si aucun lien n’y renvoie, personne n’y aura accès. On aura de plus cette possibilité d’en proposer la lecture à un correspondant en joignant son URL à un courrier.

Pour garantir qu’un document ne soit pas indexé par un moteur de recherche si l’on ne le souhaite pas, on peut, comme on l'a déjà vu, utiliser des métas tags.

<META name="robots" content="noindex"> (Interdit l’indexation)

<META name="robots" content="nofollow"> (Interdit de poursuivre les liens)

Ceci peut s’automatiser, en utilisant un modèle, par exemple. Compresser un fichier garantit aussi qu'il ne sera pas indexé. On peut encore protéger un dossier par un mot de passe. Si l'on n'a pas de grands secrets à cacher, ces procédés sont bien suffisants.

Il peut également être justifié de créer des sites miroirs. On emploiera alors des outils de synchronisation automatique.

Il est un peu moins avisé de dupliquer ou de rééditer sur plusieurs sites les mêmes documents, les siens ou ceux d'un tiers. Il est inutile d’éditer sur son site un document en libre accès sur un autre, ou seulement de le copier, quand un lien suffirait à l’ouvrir. Il ne pourrait plus alors être mis à jour. Il est impératif alors d'indiquer au moins l'adresse du document original.

Sur la propriété des auteurs

Les textes sont librement lisibles et peuvent être rapatriés sur le web ; ils n’en demeurent pas moins propriété des auteurs. Quand bien même les payerait-on, ou les achèterait-on sur papier qu’ils n’en deviendraient pas les nôtres. Pas plus qu’ailleurs, on ne doit donc omettre de citer les auteurs et les références de ses emprunts.

Beaucoup d’œuvres sont en « copyleft », c’est-à-dire qu’on peut les copier et les modifier librement, mais l’obligation demeure d’en citer les auteurs et de permettre l’accès direct à l’original.

La facilité avec laquelle on peut rechercher, importer ou copier sur le net ne menace pas réellement nos droits d’auteurs, si nous ne les mettons pas nous-mêmes en danger. Il suffit de ne pas laisser inconsidérément traîner des documents incomplets : des documents qui ne seraient reliés à rien, dépourvus de date ou de nom d’auteur. Tout document devrait contenir le nom de son auteur (ou ce qui en tient lieu, pseudonyme, login, logo) et au moins un lien sur une page d’accueil. Il devrait être daté (si ce n’est contenir un numéro de version et un copyright). Tout ceci peut, là encore être automatisé.

Rien n’est plus agaçant, quand on a importé un texte intéressant, ou qu’on l’a imprimé, de ne plus retrouver son origine, de ne pas pouvoir en exploiter une citation et la référencer, ou contacter son auteur. Ceci est vrai pour un document rendu public, mais aussi pour tout document qui pourrait le devenir accidentellement, ou même pour son usage privé.

Conclusions provisoires

L'internet n'a pas vocation à prendre la suite des places de marché et des centres commerciaux. S'il offre toutes les facilités de commandes en ligne et de paiement sécurisé, il ne propose là rien de fondamentalement plus nouveau que l'achat par catalogue. Les marchandises devront bien finalement être livrées physiquement. Quant à la possibilité de vendre des produits spécifiquement numériques et indépendants de tout support, ce n'est pas dans son essence ni dans sa nature profonde, et son développement met plutôt les prémices d'un tel commerce en danger.


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Pour des quantités de raisons, il est impossible de donner un prix à un produit numérique. Et quand on veut en justifier un, on est obligé d'en chercher des raisons qui n'avaient jamais été évoquées avant. Quoiqu'on fasse, l'objet numérique ne s'intègre pas dans les coutumes marchandes qui remontent au néolithique.

Il apparaît tout à fait normal et conforme à d'antiques mœurs, de payer un CD, un livre, une calculette ou une règle à calcul, une machine à écrire, une consultation de voyance, un acte notarié, une place de cinéma, etc. Chacun perçoit au moins confusément, mais avec certitude, le coût de ce qu'il achète, et la part relative, souvent négligeable, qui revient à celui qui vend et aux différents acteurs. Rien de tel avec un document ou un programme numérique.

Chacun comprend, par exemple, que plus un livre est vendu, plus il rapporte à son éditeur et à son auteur ; mais chacun comprend aussi que les coûts, en l'occurrence d'impression et de distribution, grimpent aussi en proportion. La vente de documents ou de programmes numériques ne fait varier aucun coût. Bien des logiciels, d'ailleurs, quand ils ont atteint un seuil d'amortissement, sont offerts, et parfois même leur code, pour être librement modifié.

On va invoquer pour des produits numériques le prix légitime d'un travail, mais on ne l'avait jamais fait avant. C'est le prix de la richesse produite qui a, au contraire, toujours justifié celui du travail, et qui justifiait même qu'il s'agissait bien de travail, et non de passe-temps, de loisir. À partir de quoi justifierait-on et mesurerait-on le prix d'un travail ?

Il est à peu près impossible d'empêcher d'utiliser un produit numérique sans le payer. Même sans en craquer le code, il est toujours possible de faire circuler celui qui a été acheté. La seule chose qui soit vendable, serait l'assistance et la fourniture de mises-à-jour, si ce n'est qu'elles peuvent être assurées bien souvent par les utilisateurs eux-mêmes. Dans le numérique, en somme, comme dans les aspects les plus authentiques de la vie, il n'est rien de plus indécidable que qui donne et qui reçoit.

Prenons pour exemple le texte que je suis en ce moment-même en train d'écrire, et supposons-lui un lecteur qui n'ait rien d'autre à en faire que le lire. Autant dire qu'il n'a rien à en faire du tout, qu'il n'obtient en réalité rien de moi, et moi-même, pas davantage de sa lecture. Il n'y a tout simplement pas d'échange. S'il parvient au contraire à faire un usage intelligent de mon travail, sans qu'il n'ait rien à me donner, je finirai bien par en retirer quelque chose, au moins indirectement.

Il se peut aussi qu'il se donne la peine de me corriger, me compléter, m'apprendre des choses que j'ignore, ou encore, qu'il trouve chez moi les éléments d'un travail plus important et plus intéressant. Nous aurons de toute façon bien du mal lui et moi à faire la part de ce que chacun reçoit et donne. Même si nous correspondons, nous ne saurons jamais quand nous faisons naître chez l'autre une idée fertile et décisive, ou un haussement agacé d'épaule.


On néglige certainement trop que le numérique et l'internet sont avant tout des outils de travail, bien avant d'être des moyens de commerce, ou de loisir, et même de communication. On reconnaît au mieux un minimum d'importance à la production et à l'échange de documents, mais on néglige totalement la capacité de produire des énoncés subtils et développés ; l'importance de la réflexion et de la recherche plume en main — ou clavier sous les doigts — à l'aide d'une langue soutenue à la grammaire complexe. On déblaie souvent plus de terrain à l'aide de courriels et de pages web bien écrits et bien pensés, qu'à travers des rencontres de visu.

La personne ou le groupe de travail optent souvent d'abord pour laisser l'outil numérique, c'est-à-dire le plus puissant outil pour penser, à la charge de spécialistes. Cette attitude, naturelle au début, peut devenir assez vite stérile. Elle a d'ailleurs été rapidement dépassée par des groupes de travail efficaces. Les termes « intelligence artificielle » n'ont de sens que si on les comprend comme des prothèses destinées à accroître les capacités de ceux qui les utilisent. Le meilleur spécialiste ne peut savoir bien répondre aux questions qui ne sont pas les siennes, et attendre après lui revient à perdre les principaux avantages des outils numériques. Ces attitudes nourrissent et se nourrissent à leur tour d'une conception erronée du travail. Il appartient à l'homme de concevoir et de décider de ses procédures, et non de leur obéir, comme il appartient au berger de commander ses chiens. Le seul fait de ranger les outils pour l'écriture sous la rubrique « bureautique » dit tout de leur mécompréhension.


L'informatique implique certains efforts, un effort d'apprentissage toujours renouvelé d'abord, et aussi un effort d'entretien, de petite programmation, de sauvegarde, de mise-à-jour des programmes et des données. Ces opérations sont si variées, et parfois si rares, qu'on ne peut espérer se souvenir de tout sans être contraint perpétuellement de rechercher des informations. Ces efforts permanents sont assez lourds, et ils ne se justifient qu'à faire finalement gagner du temps et de l'attention en démultipliant la puissance de travail.

Tout cela ne peut fonctionner qu'avec une réelle autonomie personnelle. On peut toujours abandonner ces efforts et cette autonomie à de nombreuses offres de services en ligne ou non. Il se peut bien qu'on doive renoncer alors à la puissance de travail. À vrai dire, la question reste ouverte, mais comme questions techniques.

L'autonomie personnelle et le développement des techniques numériques ont parties-liées et se font réciproquement fins et moyens. Tout encourage et pousse chacun à constituer sa propre boîte à outils, à l'entretenir et la parfaire au fil des ans, à la personnaliser et l'adapter à se façon de travailler et même de penser. Il n'est profitable à personne de lui imposer le contraire ; s'adapter à des outils et des méthodes.

Cette personnalisation ne s'oppose évidemment pas à la coopération et au partage. Bien au contraire, c'est comme si l'on disait que cultiver son style s'oppose à communiquer. Bien sûr, cette personnalisation englobe les techniques de portabilité et d'ouverture.

Cela suppose une entreprise à longue-portée, peut-être moins un gros travail qu'une posture sur le long-terme. Or tout le monde ne peut épouser une telle attitude, soit parce qu'il faut bien commencer un jour, soit parce que tout le monde n'a pas un usage du numérique qui la rende nécessaire.

C'est un double problème inhérent aux techniques du numérique, comme à tout usage de signes d'ailleurs, et donc à toute activité humaine, que de permettre son acquisition sans que ce soit au prix de limiter la personnalisation et le perfectionnement des autres. À l'évidence, cette double contrainte ne peut être pensée en termes d'opposition et de recherche de compromis, mais au contraire de perspectives convergentes.



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© Jean-Pierre Depétris, octobre 2009
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