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Jean-Pierre Depetris

Comme un vol de migrateurs


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Annexe
Carnet trente-trois

Le 23 avril

Je ne sais pourquoi, des textes que je rejette continuent à me tourner en tête. Pourquoi je les rejette, je le sais bien, mais pas pourquoi ils s'accrochent à ma mémoire.

Bref, je répugne à mettre définitivement à la poubelle ces extraits de la première partie. J'ai envie de les éditer dans un carnet trente-trois annexe. Je trouve finalement que leur rencontre inattendue ne manque pas de saveur. Qu'en penses-tu ?


Texte retrouvé sur mon enfance

Je suis né dans ce que l’on peut nommer une « aristocratie ouvrière ». Aristocratie, non pas dans le sens privilégié, mais d’un groupe ayant conscience de ses capacités créatrices, de ses moyens de lutter, et des acquis de ses luttes. Il en reste en moi quelque chose. Il en reste même certainement plus en moi — et j’espère, quelques autres — que dans toute institution qui s’en voudrait héritière, ou des travaux d’archivistes. Ce n’est pas surprenant, car rarement des hommes ont été moins soucieux de laisser des traces. Ils l’étaient davantage du futur.

Un tel héritage pourrait être lourd, si seulement c’en était un. C’est tout le contraire d’un héritage, si ce n’est alors celui du monde réel, des forces naturelles, de l’univers… et c’est plutôt cela qui pourrait être lourd à porter pour un jeune homme : ce parti-pris de l’oubli, cette trop grande légèreté devant le monde.

Ceci peut paraître étrange à entendre aujourd’hui, où l’on parle volontiers de « culture » et même de « tradition » ouvrière. Non, mon père n’avait pas une « culture » ouvrière, même sous la forme d’une techno-culture. Il n'était pas non plus inculte. La culture, les cultures, n’étaient tout simplement pas les siennes. C’est, on le remarquera, un point de vue de philosophe, celui de nulle-part.

Mon père se levait à l’aube, et, le dimanche matin, il me faisait lever tôt. Je résistais pour rester dans mes draps chauds, mais il est toujours parvenu à ne pas me les faire regretter. Il me conduisait dans des musées, des expositions, parfois seulement sur les quais, des chantiers, des monuments, des ruines… Je ne sais comment il trouvait tous les dimanches tant de choses  à me montrer. Parfois, ce n’était rien de particulier, il allait au hasard où il n’avait jamais mis les pieds. Il y a toujours et partout des choses merveilleuses à voir.

Mon père s’adressait volontiers aux gens qu’il ne connaissait pas. Dans les années cinquante, tous les gens s’adressaient plus volontiers la parole qu’aujourd’hui. Au comptoir d’un café ou d’un marchand de journaux, on était aisément renseigné sur tout ce qui pouvait se passer d’intéressant dans les proches environs. Il y a toujours quelque chose : un cirque qui s’installe, des taureaux arrivant pour la corrida l’après-midi… et des gens qui ne demandent pas mieux que de tout montrer et expliquer à qui s’y intéresse, surtout s’il est accompagné d’un enfant.

Mon père n’était pas inculte, et il était même érudit, en partie par nécessité pour assumer ses obligations politiques et syndicales, mais surtout par goût. Il l’était moins que je le suis devenu, mais il avait comme moi une forte imagination à laquelle il savait lui aussi laisser le relais quand son savoir atteignait ses limites.

Ses enseignements étaient un peu déroutants pour un esprit enfantin. Il m’emmenait par exemple sur des ruines romaines. Il me faisait alors revivre l’antiquité comme si j’y étais, en s’appuyant sur un sens réel de l’observation, qu’il complétait d’indications sur la mythologie, les institutions, l’histoire… Dès que j’aurais pu me laisser entraîner à l’admiration de la culture latine, il m’en dévoilait les horreurs, les bassesses, l’esclavage, la corruption… et si j’allais trop en ce sens, il me renvoyait à sa grandeur, son sens du courage et de la vertu, son génie. Il était toujours ainsi. Il cultivait ce regard contrasté. Rien n’y échappait, même les musées des sciences, les chantiers modernes, tout était l’occasion de me montrer l’ingéniosité, l’héroïsme et le génie humain en contraste avec sa face obscure. Même l’URSS n’avait pas grâce à ses yeux, quoi qu’il ait toujours gardé pour Staline une forte estime.

Ce n’était pas facile à accepter pour moi, à l’âge où l’on attend plutôt que nous soient désignés nettement le bien et le mal, les gentils et les méchants. Pour lui, le seul mal était la faiblesse, l’ignorance, la soumission, dont il est bien dur de distinguer le coupable et la victime.

Il m’est resté de mon enfance un fond de sévérité et d’exigence. Ce refus de tracer une ligne nette entre le bien et le mal, et surtout les bons et les mauvais, n’a rien de doux ni de laxiste. Elle n’offre pas au sens moral une quiétude à bon compte. Mon adolescence autour de 1968 a opportunément pondéré cette inquiétude, cette sorte de sur-tension. Mes cheveux en brosse ont poussé avec ma barbe, et ma brutalité occidentale s’est policée de raffinements orientaux. Ce n’était pas un changement, c’était un mûrissement.

Les idées se transmettent étrangement. On croit parfois qu’il est nécessaire pour cela de s’asseoir sur des bancs et d’écouter des maîtres qui en répètent d’autres, cumulant les contre-sens selon un bien connu processus de rumeur. La lecture est plus sûre, pour peu qu’on évite les écrits qui en commentent d’autres, et qu'on cherche ceux-là même qu’il n’est pas facile de trouver, et dont étrange est parfois la façon dont ils tombent entre nos mains.

Nécessaire, la lecture est cependant insuffisante, et elle peut aussi bien égarer que les cours. Les idées se diffusent davantage par capillarité. Elles se dissolvent dans les plus insignifiants aspects de la vie, d’où il n’est jamais impossible de les reconstituer.

Je me souviens de ce que m’avait dit un jour mon père à propos des gens qui travaillaient dans des chantier et de ceux qui travaillaient dans des bureaux — ce en quoi se divisait un peu pour lui l’humanité. « Quand ils se trompent, ils déchirent le papier et ils recommencent. » Ceci m’apparut comme une excellente définition du réel : l’irréversible. Elle impliquait une parfaite définition de la liberté : provoquer délibérément l’irréversible, plutôt que le subir.

Je ne manquais pas non plus d’en déduire que se donner la possibilité de raturer et déchirer des papiers était malgré tout un excellent moyen d’être maître de l’irréversible, et sans doute le seul. C’était aussi a contrario une excellente conception de l’aliénation : laisser à d’autres le soin de mettre les mains dans le moteur, ou leur laisser celui de raturer des papiers, ou, pis encore, les deux.

Les idées se dissolvent dans les aspects de la vie quotidienne, et notamment dans les objets. Les objets sont essentiellement des concrétions d’idées. On le perçoit quand on les bricole. Les outils sont les clés du royaume de l’esprit. Je ne peux pourtant pas dire que je sois manuel. Je casse plutôt. L’habileté manuelle demande une bonne dose d’intelligence, et surtout une excellente connaissance des spécifications techniques qui me manquent souvent et qui ne s’improvise pas. Je suis surtout intuitif. L’intuition n’est efficace qu’à prendre la direction d’une solide connaissance. On ne fait jamais l’économie de la pratique patiente. Les objets techniques m’intéressent surtout philosophiquement. Pas de langage sans les objets qu’ils désignent. Pas de mot « table », « couteau », « poulie »… sans que ces objets n’existent. Évidemment, ils changent et entraînent avec eux les significations. Langages, pensées, techniques sont en perpétuelles transitions.


printemps

?

Réflexion sur la culture

Je ne me reconnais plus, moi qui étais si enthousiasmé par les lettres, la peinture, les arts. Tout ceci m’ennuie monstrueusement aujourd’hui.

Je trouvais quelque chose dans le moindre recueil de vers à la mode, les croûtes d’un vernissage mondain, le plus maladroit spectacle m’enchantait. Aujourd’hui, c’est la nébulosité qui estompe les lointains, la voix d’une femme, les jeux de la lumière sur les rochers du rivage, les vents d’altitude qui taillent lentement les nuages, le regard attentif d’un chat dans la rue, sur la colline où le soleil pointe.

Je sais que c’est l’art qui a éduqué et affiné mes sens, et la technique et la science. Pourtant ses manifestations m’ennuient, comme si elles n’avaient plus rien à montrer.


feuilles

Le 28 juin

Visages floutés

En revenant à Marseille, je me heurte d'abord à mon passé. J'ai du mal à y accommoder mon regard, comme lorsqu'on ne sait pas très bien quel point fixer, et que le lointain et le proche se floutent.

Le passé me gêne pour y voir clair, mais j'en fais mon affaire. Il me semble déjà voir la ville bien mieux que je n'y parvenais avant, ou bien avant, dans ma petite enfance, quand si peu encore était venu remodeler mon regard. Et pourtant, quelque-chose toujours brouille ma vue ; quelque-chose qui n'a maintenant plus rien de subjectif.

C'est un peu comme si l'on superpose deux portraits en transparence. La ville n'a pas un visage, mais deux aux moins, superposés, et celui, imprécis, qui en résulte, est vague, étrange et, au fond, insaisissable. Je l'ai toujours eu sous les yeux, ce visage flouté, sans parvenir pourtant à distinguer les deux qui le composent.


Marseille est la ville la plus nord-américaine d'Europe. Cela, il est presque impossible de le reconnaître, à cause du second visage que l'on perçoit dessous en transparence, le visage baroque. C'est cependant une Amérique du Nord à laquelle il manque l'essentiel : les grands espaces : on y est serré, étriqué. Un État ramené à l'échelle d'un département.

Qu'y a-t-il de nord-américain ? Que tout ce qui est antérieur au dix-neuvième siècle a été systématiquement et délibérément détruit, balayé. C'est une ville résolument moderne, sans Histoire. Elle a poussé sur un nulle-part comme un champignon.

C'est aussi une ville vouée à l'automobile, mais, là encore, sans l'espace nécessaire. Il est impossible d'y vivre et d'y travailler autrement.

Je pense bien sûr à l'unité urbaine, pas à la seule municipalité, l'unité administrative ; je pense à l'unité qui englobe les alentours de l'Étang de Berre, et le port de Fos jusqu'à Port-Saint-Louis. C'est une seule et même cité, avec ses voies rapides, ses autoroutes, ses bretelles et ses passerelles, ses banlieues aux maisons individuelles, bien alignées et identiques sous leurs toits de tuiles, leurs petits jardins, les allées et les ronds-points, et puis les grandes barres des habitations collectives dont les lumières s'éclairent une-à-une après que le soleil du soir y ait flamboyé. C'est aussi ses immenses zones industrielles, avec les raffineries et leurs dédales de tuyaux, leurs flammes perpétuellement allumées.

Tout cela est né d'une destruction systématique, planifiée, de tout ce qui était avant. Avant, il n'y avait rien, seulement un « ancien temps » indifférencié, à l'américaine, et un peu mythifié.

Un ami étasunien s'était exclamé devant l'Abbaye de Saint-Victor : « C'est vieux ça, ça a au moins trois-cent ans ! » L'ancien temps lui-même n'est pas bien vieux ici. Il va de la destruction de l'ancienne ville, dont tous les quartiers ont été rasés ― le Centre-Bourse, le Vieux Port, les Carmes… il ne reste qu'un bout du panier en réhabilitation perpétuelle ― jusqu'à l'aménagement de la zone industrielle de Fos et à l'extension de l'aéroport de Marignane. L'explosion industrielle, démographique et urbaine a duré un siècle à peine, puis s'est arrêtée, figée. Elle avait bien rêvé un peu trop grand, et ses extensions démesurées laissent paradoxalement des espaces étriqués.

Bien sûr Marseille n'est pas la seule ville au monde qui a subi la révolution industrielle et connu une telle expansion, sauf que cela s'est fait contre tout ce qui était local, avec un formidable apport de population, tant des régions environnantes que des contrées les plus lointaines. D'ailleurs, même les indigènes furent des étrangers chez eux, qui devaient apprendre la langue française et s'adapter à un mode de vie qui leur venait du dehors.

Presque tous les monuments datent à Marseille du Second Empire, Notre-Dame-de-la-Garde évidemment, La Cathédrale de la Major dans le même style néo-bysantin, l'Église des Réformés, dans son pseudo-gothique post-romantique, le post-baroque Palais Longchamp, la très belle colonne de la Place Castellane, la très belle bourse du commerce, et j'en oublie.

La Vieille Charité de Pierre Puget, avec son dôme elliptique si singulier, n'a été restaurée qu'à la fin du siècle dernier. Je l'ai connue envahie d'herbes folles et de détritus ; on l'aurait certainement rasée si la bâtisse avait été moins robuste. On ne trouve aucune continuité avec un pays antérieur au Second Empire, et l'on sait, au moins par Alexandre Dumas, que la région était très hostile à l'Empire.

Elle l'était, mais aujourd'hui, on s'en fout, on vient tous d'ailleurs, ou d'un autre ici, et notre « ancien temps » est bien plus récent. « La Provence traditionnelle », réinventée de Mistral à Pagnol, est contemporaine de celle de « l'Ouest Sauvage ».

Je crains de te faire rire en disant cela, et encore parce que tu croiras en une plaisanterie incongrue : je suis troublé par une ressemblance entre Frédéric Mistral et Buffalo Bill.


L'est

Le 29 juin

Sur Frédéric Mistral et Buffalo Bill

Je savais bien que tu n'allais pas prendre au sérieux mon rapprochement entre Frédéric Mistral et William Cody. Tu sais, je donne peut-être l'impression de réfléchir beaucoup, mais en réalité, je vois, surtout, j'entends, je manipule, je flaire. Si tu regardes les portraits de Frédéric Mistral et William Cody c'est à peine si tu peux les reconnaître : même coiffure, même moustache, même barbiche, même silhouette, même attitude, même regard, même port de tête, même chapeau, même redingote, peut-être pas tout à fait du même âge, mais morts à la même époque… La moustache de Cody est juste un peu moins tombante, si l'on regarde mieux, et Mistral a plus le goût des foulards que des cravates.

Une telle ressemblance physique peut-elle aller sans autre point commun ? Il n'y aurait entre eux aucun autre rapport, penses-tu, que cette apparence d'ailleurs fort recherchée et quelque peu ostentatoire ? Cela ne t'étonne-t-il pas ? Comment ces deux hommes qui ne se connaissaient pas, et n'avaient aucun intérêt l'un pour l'autre, sont-ils venu à travailler leur apparence au point de devenir des sosies ?

Quel rapport y a-t-il entre Mireille et le West Show, car les deux eurent un franc succès sur un public quand même à peu près identique, quand le second s'établit là où est l'actuel Jardin Cantini, et qui fut longtemps appelé Le Pré de Buffalo Bill ?

Il y avait chez chacun une certaine volonté de rendre épique un « bon vieux temps », un temps figé et aboli dans un passé vague mais proche, amidonné, dont on pouvait contempler encore les survivants, et même le regretter sans risque. Cow-boys et farandoles provençales ont un parfum commun, un air de famille qui ne tient pas seulement aux chevaux et aux chapeaux.

Rassure-toi, je perçois très bien les qualités littéraires et les exigences de Mistral, et le caractère populaire et naïf du cirque de Cody. Je vois bien que l'un défend une langue, une littérature et une « race », comme on disait alors dans un sens très différent d'aujourd'hui (ou l'on dit « culture » justement), alors que l'autre offre le spectacle pittoresque et complaisant de ce qui fut en réalité un génocide. Ces deux extrêmes ne te semblent-elles pas se perdre dans une sorte de point médian, tandis qu'elles s'incarnent dans deux personnages jumeaux ? N'es-tu pas plus encore frappée par ces similitudes du fait que ces deux hommes n'aient pas cherché à se ressembler ?

Ils s'adressaient ici, je l'ai dit, à un même public qu'aux USA, une bourgeoisie urbaine qui avait depuis longtemps rompu avec ses racines, et des immigrés italiens ou d'ailleurs, qui rêvaient d'une nouvelle vie au sein d'une nation. Cette population, ici ou sur la côte est des USA, n'avait pas plus de rapports avec le Félibrige qu'avec la conquête de l'Ouest ; si ce n'est qu'une fois à Marseille, cette population pouvait encore s'embarquer pour plus loin, et de là, plus loin encore vers l'Ouest.


Mireille, en mourant d'une insolation à la fin du roman de Mistral, rappelle opportunément qu'ici le soleil pouvait tuer. Il le pourrait bien encore si l'on se retrouvait en plein après-midi d'été loin de tout, dans la Crau ou dans le massif des Calanques. Ce ne sont pas des lieux éloignés ni inaccessibles. On y ressent vite une angoissante suffocation. La chaleur brûle, l'air danse au-dessus du sol, scandé par le crissement des cigales. On sent qu'on ne survirait pas longtemps dans un tel environnement, pas plus qu'une longue journée de juillet.

On serait noyé de sueur si le vent brûlant, car il y en a toujours, ne séchait trop vite les parties de la peau qui ne sont pas protégées.

Même dans une maison ouverte au courant d'air d'une cour ombragée, la chaleur saisit avec une brutalité terrifiante. Les oiseaux ne chantent plus. Tout est écrasé, même les couleurs, et les arbres craquent. On les entend craquer, comme des bûches dans le feu. Les pierres sont si brûlantes que la main qui les heurte se retire en un réflexe. Dans ce climat, on a déchargé des navires à mains nues, on a découpé et soudé des tôles, construit les ponts de pierres des voies ferrées…

La vieille ville, les anciens lieux, s'étaient protégé de cela : rues étroites et tortueuses, jardins intérieurs, treilles ― pas de plans d'urbanisme venus d'ailleurs. Les nouveaux aménagements de la ville furent pensés à l'américaine, explicitement, en étudiant les expériences faites de l'autre côté de l'Atlantique.

Le West Show de Buffalo Bill vint deux fois à Marseille, dans les années 1890 et en 1905, où il resta presque un an. C'était l'époque où l'on détruisit le quartier derrière la bourse, l'un des plus anciens et des plus peuplés, et où l'on creusa le Canal du Rove, entre la rade et l'Étang de Berre.

C'était un peu les mêmes hommes qui arrivaient à Marseille, New-York ou Buenos-Aire, des gens qui ne pouvaient rêver que de mieux, prêts à épouser n'importe quel passé pour croire en l'avenir.

Moi, je sais qu'il n'y a pas de passé, ou du moins qu'il n'est du passé que ce qui demeure, comme ces horizontales de l'oligocène et ces verticales du crétacé qui font le paysage de Marseille. Le vrai nom du passé, c'est l'irréversible.


l'est sauvage


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