Citangol est le paradis des fleurs et des oiseaux...
...une masse imprécise et convulsive qui m'a fait penser à la façon dont Hokusai dessinait les vagues...
Griffonné sur mon carnet. Voile affalée pour deux ris.
Ils semblent rêver sur une musique silencieuse de Purcell... À moins que ce ne soit sur un air des Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos...
Je n'avais jamais vraiment apprécié la peinture de Gauguin avant de venir à Citangol.
J'y contemple la rade au moment où la lumière des lampes le dispute à celle du jour...
Le soleil se couche maintenant sur la rade. Il me paraît plus grand que d'habitude sur la mer immense.
... nous sommes familiarisés à des enchaînements qui nous sont devenus naturels, et avons du mal à identifier des suites de sons exotiques, même si elles sont finalement assez simples.
Espace essentiellement géométrique, mais palpitant toutefois, animé d'une sorte de respiration.
... se livrant à quelque méditation ; s'exerçant à aplanir les vagues des représentations pour les rendre aussi lisses que le miroir du lac.
... parcourues par endroits de fleurs superbes qui s'accrochent le long des troncs.
... et au gouvernail d'étambot qui réduisait sensiblement l'espace de manœvre.
Avec de grosses vagues qui vous submergent, contre la force desquelles vous devez lutter, vous passeriez des heures...
... ni des sonorités à la fois portées plus loin et comme égalisées par leurs échos assourdis ; ni non plus de l’aspect différent que prend le vol des grands oiseaux de mer dans les nuages.
Les images alchimistes ne sont finalement pas si figuratives, ni si allégoriques qu'elles se donnent au premier regard.
L'eau ne remuerait pas d'elle-même d'une telle façon...
Yama, par exemple, « montagne », s'écrit comme en japonais, mais se prononce « yadong ». (Panneau routier signalant le passage possible d'esprits des montagnes.)
...Le matériau brut à Citangol joue un rôle comparable...
... on se dit qu'un tel travail ne devait prendre que quelques minutes ; pas de quoi se donner une migraine, mais l'attention devait être intense.
« Les éditeurs en texte brut que tu utilises, simples mais complets, ne sont pas le plus mauvais choix », m’a quand même consolé Kalinda.
C'est un peu comme si les hautes vagues qui se jettent sur les rivages avaient des rêves de cimes...
... jamais l'audible et le visible ne fusionnent à un tel point d'incandescence... (Palais de l'Alhambra)
Ils devaient voir la mer comme nous voyons la terre, mais une terre profonde, mouvante...
Les lettres projettent de légères ombres, comme si elles flottaient un peu au-dessus du cercle et même de la feuille où elles paraissent pourtant gravées, cernée chacune d’une fine bordure noire.
Si cependant on regarde avec assez d’attention la subtilité des sentiments qu’expriment ces animaux, quoiqu’ils paraissent surjoués, on voit bien que l’effroi n’est pas totalement dépourvu de beauté, surtout sur une bande sonore de kabuki...
Ils deviennent un poème. Ils me rappellent un enseignement de Matsuo Bashō...
Un véritable banc nageait bientôt derrière moi. L'un arriva d'abord, puis deux ou trois...
La morphologie des cynocéphales et des espèces proches a plutôt évolué vers celle des canidés.
C'est une bonne idée que de s'y trouver au lever du jour...
Un ancêtre de l'ordinateur portable. (Style moghol du seizièmze siècle.)
La lune a fini par se retrouver à l’ouest, s’apprêtant à se coucher derrière les monts. Elle est encore dorée comme à son lever.
... ces premiers cuirassés à vapeurs qui n'avaient conservé aucune ressemblance avec des navires traditionnels...
C'est comme si ceux qui avaient dessiné ces figures imaginaient déjà que la baleine et le loup avaient un lointain ancêtre commun.
... les chefs sont la poussière de l'histoire que les grands mouvements ne manquent jamais de soulever.
Le philosophe et mystique persan Sohrawardi avait pourtant subtilement dédoublé les fonctions sensorielles, distinguant les cinq qui révèlent la chose-en-soi, des cinq qui la révèlent en moi.
J'observe qu'elle parle au passé.
L'eau, dit-on, n'a ni saveur ni odeur, mais elle les exalte toutes.
« Oui, l’inhumain », répond-il à Kalinda, « le monde, la nature, appelle-le comme tu voudras. »
On n'y changera rien, le monde réel existe.
J’imagine mal Djanzo revendiquer l’enseignement de Houeï-Nêng, le Eno des Japonais, tout en m’avouant qu’il tient l’arbre de Bodhi pour une pirouette...
© Jean-Pierre Depétris, avril 2016
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