La vespa du plaisir allait sur des routes de sable
Dormant debout dans le crépuscule hivernal
Puis les toits de tuiles cédèrent le pas aux toits d’ardoises.
De lourdes légendes disaient des cieux cendrés
Et les tables étaient dressées dans les restaurants de banlieue.
C’était l’heure peinarde où les routiers vont boire
Le cœur plein du vide de l’esprit
Ces heures fraîches où les lézards se terrent entre les pierres
Ces heures creuses comme les moyeux d’une roue
Et le soleil penchait incroyablement sur l’horizon
Comme une moto dans un virage
Comme un violon
Il penchait tant qu’on pouvait croire qu’il ne se redresserait plus.
J’avais appris très jeune à me méfier du temps qui passe
Mais qui se garde bien de nous dépasser
Qui nous contourne plutôt
Et grogne comme un chien dans notre dos.
Elle avait les gestes d’une danseuse balinaise pour dérouler le temps
Mais maladroits pourtant
Et elle ne paraissait pas innocente dans les étincelles de pluie à la lueur du jour couchant.
© Jean-Pierre Depétris, hiver 2012 - 2013, hiver 2014
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