Il se demandait si,
Comme celles de la nature,
Les lois de la pensée
N’ont pas quelque correspondance
Avec celles des mathématiques.
Il s’interrogeait sur la transparence de l’eau,
Et les rêves de poissons monotones ;
Sur la transparence des codes hexadécimaux,
Et la pureté des sources.
Ses doutes étaient comme des fourchettes
Plantées dans des chairs fumantes et parfumées.
Il rêvait de poissons dansant
Dans des courants monotones,
De grands bancs de poissons nonchalants
Et glacés comme une aube de mars.
Il rêvait de planctons transparents
Cernés par la glace des pôles.
Il prenait les pôles pour axe de sa pensée,
S’inclinant avec les saisons
Comme un roseau pensant,
Comme des algues transparentes
Où vont des poissons rêveurs
Sous les yeux de pieuvres câlines.
Comme un pêcheur attentif
Qui emboîte ses cannes,
Il voulait lancer loin le fil de sa pensée,
Serrant à deux mains
Le moulinet d’un temps récursif,
Cherchant à s’éveiller
Sans sortir du sommeil,
Aveugle à l’obscurité
Que l’atmosphère masque,
Il se demandait si,
Comme celles des mathématiques,
Les lois de la pensée
N’ont pas quelque correspondance
Avec les propriétés mécaniques des matériaux.
Il s’interrogeait sur l’opacité
De ciels limpides,
Des yeux ronds de poissons somnambules,
Il s’interrogeait sur l’encre des pieuvres,
Sur les eaux boueuses des dégels.
Les unes après les autres !
© Jean-Pierre Depétris, hiver 2012 - 2013, hiver 2014
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